Thérapie des schémas : principes, efficacité et outils pratiques

Julie Giorgetta Journaliste santé / parentalité

Définition : qu’est-ce que la thérapie des schémas cognitifs ou schémathérapie ?

La thérapie des schémas, aussi appelée schémathérapie, est une approche thérapeutique développée par le psychologue américain Jeffrey Young dans les années 1990. Cette approche psychothérapeutique est dite intégrative, ce qui signifie qu’elle regroupe différentes pratiques comme la thérapie comportementale et cognitive (TCC), la gestalt-thérapie, la théorie de l’attachement, l’approche humaniste et l’approche psychodynamique. 

La thérapie des schémas vise à identifier les schémas précoces inadaptés (ou styles d'adaptation) que l’on a intégrés durant l’enfance à partir de nos figures parentales, d’identifier leur origine et de les remplacer par d’autres (restructuration cognitive), plus rationnels. Ces schémas sont des manières de penser, des croyances profondément enracinées, qui résultent de la non-satisfaction de nos besoins affectifs fondamentaux et qui sont responsables de difficultés de fonctionnement au quotidien. Par exemple, une personne qui a l’impression d’être rejetée par les autres va avoir tendance à se replier sur elle-même, ce qui va renforcer ses scénarios de vie.

A qui s’adresse-t-elle ? (Trouble anxieux, personnalité borderline...?)

Lorsqu’elle a émergé dans les années 1990, la thérapie des schémas était destinée aux personnes qui présentaient un trouble de la personnalité. Désormais, elle peut être proposée en cas de souffrance globale liée à un contexte qui n’a pas permis de se développer de manière harmonieuse. "Cette psychothérapie peut notamment correspondre à des personnes qui ont un traumatisme infantile non résolu, sans forcément avoir un trouble de la personnalité, ainsi que celles qui souffrent d'anxiété généralisée, de troubles du comportement alimentaire sévère, ou qui ont tout simplement besoin de comprendre comment le mental fonctionne", indique Mélanie Fouré, psychologue à Chartres, praticienne en thérapie des schémas. 

Quels sont ses bienfaits ?

"La thérapie des schémas vise essentiellement à retrouver une harmonie dans les relations interpersonnelles, dans sa façon de gérer ses émotions, et de mieux les comprendre. Elle permet d’opérer des changements dans la manière de se percevoir, de percevoir les autres, et de réaliser que le mental est conditionné de toutes nos expériences précoces, informe la psychologue. Ainsi, le mental n’agit plus de manière automatisée, on choisit ses pensées. Résultat, on redevient acteur de sa vie en fonction des valeurs qui font sens pour nous". 

L’être humain se développe dans un certain contexte et enregistre les attitudes des personnes de son entourage comme des empreintes émotionnelles. Quand tout va bien, l’enfant se développe de façon harmonieuse. "En revanche, quand il y a eu un contexte de négligence ou de maltraitance, le mental ou le corps ont été marqués de manière traumatique. Par conséquent, on n’est pas bien dans sa vie, dans ses choix, sa manière d’être. On a l’impression de ne pas être à sa place à cause de ces schémas qui ont été précocement inadaptés dans l’enfance", continue-t-elle. 

Thérapie des schémas : comment se déroule une séance ?

La thérapie des schémas se déroule en plusieurs étapes. Dans un premier temps, le psychologue propose au patient de faire une analyse fonctionnelle de toute son histoire de vie (évaluation psychopathologique) et de prendre conscience de ce qui pose problème dans son quotidien. Ensuite, on détermine ce qui a permis de renforcer les comportements actuels. "Ce travail permet au patient de conscientiser ses schémas précocement inadaptés, de commencer à s’auto-observer, de prendre du recul, d’acquérir une flexibilité psychique et de réduire l’automatisme des pensées", développe la spécialiste. La thérapie comprend aussi une dimension psycho-éducative. Le psychologue va expliquer à son patient la notion de schéma, et lui poser toute une série de questions permettant de développer l’insight, c’est-à-dire la prise de conscience de son mode de fonctionnement interne. "Pour certaines personnes, cette étape peut suffire. D’autres ont envie d’entamer un processus de changement pour éviter que ces schémas se répètent de manière spontanée", note Mélanie Fouré. Des techniques comme l'EMDR pourront alors être proposées au patient pour l’aider à faire face à cette situation qui a été stressante et renforcer sa capacité de résilience. En parallèle, il est primordial de continuer l’auto-observation des pensées et de travailler sur les pensées alternatives, notamment grâce à l’élaboration d’un carnet de thérapie. 

Qui consulter pour modifier ses schémas précoces inadaptés ? (Psychiatre, psychologue, formation en TCC)

Il est nécessaire de consulter un psychologue ou un psychiatre formé à la thérapie des schémas. L’Institut français de thérapie des schémas recense les thérapeutes par ville. 

Combien de séances sont nécessaires ?

Le nombre de séances varie selon la personne et les difficultés rencontrées. En moyenne, il est recommandé de suivre 24 mois de psychothérapie à raison d’une séance par semaine voire tous les 15 jours. Lorsque la psychothérapie touche à sa fin, il est préférable d’espacer progressivement les séances afin que le patient réalise qu’il peut retrouver son autonomie. Parfois, un point s’impose 6 mois à 1 an après la psychothérapie pour se rendre compte du chemin parcouru.