Gérer son incertitude avec l'hippocampe ?
Vous connaissez certainement l'hippocampe, ce petit animal marin ressemblant à un cheval. Mais quel rapport avec vos réactions en situation incertaine ? Aucun, bien sûr. Par contre ce terme désigne également une zone du cerveau dont une équipe lyonnaise vient de démontrer le rôle essentiel dans la gestion de l'incertitude.
Le rôle primordial de l'hippocampe dans la mémorisation et l'apprentissage est connu depuis longtemps. Mais il pourrait également servir à générer des signaux d'alerte dans une situation à l'issue indéterminée, selon les travaux très récents de Giovanna Vanni-Mercier et ses collègues du Centre de neuroscience cognitive (CNRS/Université Lyon 1). Pour cela, les chercheurs ont enregistré chez des patients l'activité de leur hippocampe pendant qu'ils apprenaient à estimer les probabilités de gains de différentes machines à sous virtuelles. Résultat : lorsque le troisième rouleau de la machine à sous s'est arrêté, révélant si l'essai avait été gagnant ou pas, l'hippocampe émet un signal transitoire dont l'amplitude est plus forte si l'incertitude du gain est importante.
Selon les auteurs, ce signal pourrait diriger l'attention de la personne vers la conséquence de l'événement à l'origine de l'incertitude. Une fois cette circonstance levée, l'hippocampe “tirerait des leçons“ de la justesse ou non de la réaction, afin d'enclencher à l'avenir un comportement plus ajusté au degré d'incertitude.
Ces travaux confirment le rôle essentiel de l'hippocampe sur la prise de décision rationnelle dans un contexte incertain. Une étape essentielle pour mieux comprendre la manière dont le cerveau extrait et traite les informations, fait face aux doutes et prend ses décisions.
Jean-Philippe Rivière Sources : - “L'hippocampe joue un rôle primordial dans la perception de l'incertitude“, communiqué de presse du CNRS, 22 avril 2009, accessible en ligne - The hippocampus codes the uncertainty of cue-outcomes association: an intracranial electrophysiological study in humans. G. Vanni-Mercier, F. Mauguière, J. Isnard, J-C. Dreher. Journal of Neuroscience, 22 avril 2009, étude accessible en ligne