Mesures concrètes contre le harcèlement à l'école
Pour la première fois en France, le harcèlement à l'école va faire l'objet d'une politique nationale à partir de la rentrée 2011. En effet, suite à la remise du rapport de l'Unicef selon lequel un enfant sur 10 subirait des violences à l'école, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, a présenté ce lundi 2 mai, les principales mesures d'actions visant à prévenir et combattre le harcèlement à l'école. Au programme, création d'un site internet, numéro d'appel unique, guide à destination des équipes éducatives mais également des expérimentations de formation et de médiation dans des établissements volontaires.
Brimades, humiliations, violences physiques à l'école seraient le lot quotidien de près d'un enfant sur 10 d'après un rapport de l'Unicef, premier du genre en France. Avec pour les victimes, des conséquences plus ou importantes, tant aux plans psychologique que scolaire : décrochage scolaire, absentéisme, perte d'estime de soi, tendances dépressives ou suicidaires de long terme.
Jusqu'à présent et avant cette enquête, ce phénomène restait largement méconnu en France, où aucune politique officielle n'existait à ce sujet. “Si auparavant, nous avions l'excuse de l'ignorance, maintenant nous savons. Et ne pas agir serait une faute impardonnable“, a souligné Luc Chatel lors d'une allocution à l'occasion des assises nationales sur le harcèlement à l'école.
Alors pour lutter contre le “school bullying“, phènomène reconnu dans les pays anglo-saxons (Kate Middleton, épouse du Prince William, en a d'ailleurs été victime et soutient activement l'association Beatbullying, qui lutte contre le harcèlement moral et les violences physiques à l'école), le ministère vient de dévoiler son plan de prévention et de lutte contre le harcèlement à l'école axé autour de 4 thématiques :
- Connaître et faire reconnaitre le harcèlement par la communauté éducative
De l'aveu même du ministre, ce premier axe “relève de l'approche scientifique de ces phénomènes et de la diffusion d'information“. Ainsi, des enquêtes de victimation, comme celle menée en mars dernier par l'Unicef, seront menées tous les deux ans. Parallèlement à ces enquêtes, un guide rédigé par des pédopsychiatres sera transmis aux équipes éducatives.
- Faire de la prévention du harcèlement à l'Ecole l'affaire de tous
Pour sensibiliser parents et enfants, un site internet sera lancé à l'automne. Le phénomène du cyberbullying (harcèlement par mail, sms, forums, chats ou réseaux sociaux) est d'ailleurs reconnu par le ministère qui se déclare inquiété par le fait que le harcèlement poursuit les élèves jusque chez eux. Un numéro d'appel national va également être créé afin que les enfants puissent briser la loi du silence.
- Construire une politique globale sur la base du volontariat
Un appel à projet sera lancé pour sélectionner des programmes de prévention et de lutte contre le harcèlement à l'école, de la maternelle au lycée. Ce projet s'inspire d'expériences menées avec succès dans d'autres pays, en Finlande par exemple.
- Traiter les cas de harcèlements avérés
Les cas de harcèlement signalés ou repérés seront traités par les commissions éducatives mises en place dans le cadre de la réforme des procédures et sanctions disciplinaires. Par ailleurs, les élèves harceleurs pourront être soumis à des sanctions disciplinaires d'intérêt général.
Pour le ministre, cette politique innovante relève avant tout d'un “enjeu de civilisation“ et “un travail d'humanisation que nous allons mener (...) pour rapprocher les élèves“.
Emeline Dufour
Sources :
Communiqué de presse : Luc Chatel présente un plan de prévention et de lutte contre le harcèlement à l'École, lundi 2 mai 2011/ Luc CHATEL, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative : Allocution à l'occasion des assises nationales sur le harcèlement à l'École, lundi 2 mai 2011
A l'école des enfants heureux... ou presque , enquête réalisée par l'Observatoire international de la violence à l'ecole pour l'unicef France, mars 2011
Photo : DURAND FLORENCE/SIPA