Pour ou contre le ticket psy
L'entreprise mise sur le divan et lance les tickets psy pour les salariés stressés. Objectif : offrir des séances de psychothérapie pour un mieux-être au travail. Le point sur les plus et les moins d'une initiative aux débuts contestés.
Au même titre qu'un ticket restaurant ou encore un chèque-vacances, le ticket psy élargit le champ des services que propose l'entreprise à ses salariés. Pas toujours en forme, comme en témoigne certains chiffres. “L'absentéisme pour cause de fatigue, de stress, ou de déprime, peut s'élever entre 8 à 10 %“ signale Serge Ginger psychothérapeute et secrétaire général de la Fédération Française de Psychothérapie et de Psychanalyse (www.ff2p.com).
Le ticket psy en pratique La démarche est simple : le ticket psy lancé en automne 2008 permet aux salariés qui souffrent temporairement de problèmes tant personnels que professionnels d'en faire la demande et de profiter de séances de psychothérapie. Il suffit pour se les procurer de se rendre auprès du médecin du travail, et de se faire prescrire des séances, distribuées sous forme de coupons. Ils peuvent couvrir 5 à 10 consultations maximum, auprès d'un praticien expérimenté, agrée par “a.s.p Entreprise“ dont 80 % de psychologues, 18 % de psychothérapeutes et 2 % de psychiatre. Pris en charge totalement par l'entreprise, la séance bénéficie évidemment de la clause de confidentialité... Au-delà de l'abonnement, c'est au salarié de décider s'il compte la poursuivre...
Ticket psy : une opportunité pour certains “L'initiative comporte des points positifs à plus d'un titre“ précise Serge Ginger. C'est une opportunité pour ceux qui hésiteraient à entreprendre une psychothérapie réputée longue et onéreuse. On peut observer des améliorations, même au bout de 10 séances, et ce n'est pas négligeable. Poursuivre bien sûr est fortement conseillé, à vos frais cette fois-ci. Le ticket psy met le pied à l'étrier en quelque sorte. Par ailleurs, le fait qu'elle soit réglée par l'entreprise n'influe pas sur le motif. Le salarié n'est pas tenu de soulever uniquement des problèmes professionnels, comme une forte dose de stress, ou un chef d'équipe manipulateur, par exemple. Il est clairement précisé, que le patient est tout à fait libre d'utiliser cette occasion d'investigation, comme il le souhaite. Les psychothérapeutes étant, bien entendu, sous le sceau du secret professionnel, vous êtes assuré que votre séance reste confidentielle. Quant à la question de l'argent, vecteur de guérison en thérapie, Serge Ginger revient sur la question, au risque de faire grincer des dents certains : “Les différentes recherches françaises et américaines ne confirment pas l'importance souvent soulignée par les psychanalystes de payer soi-même sa thérapie, lorsque cette dernière est prise en charge, les résultats sont sensiblement comparables“.
Rester vigilant Certains effets pervers sont tout de même à craindre. “Il ne faudrait pas que les tickets psy dédouanent l'entreprise de ses devoirs envers les salariés“ prévient Serge Ginger. Sous-entendu, l'existence des tickets psy ne doit freiner en rien une action syndicale collective pour l'amélioration des conditions du travail. Donner les moyens aux salariés de mieux gérer leur stress, n'est pas un alibi pour cesser d'en réduire les causes, tant psychologiques que physiques. Dialogue et management tenant compte de l'humain sont préconisés. Autre point à soulever : il peut y avoir une pression de résultat car on se sent redevable de l'entreprise... Il est clair que la psychothérapie n'a pas pour objectif principal l'amélioration du rendement professionnel, mais bien un mieux-être général englobant la vie professionnelle et personnelle... Qu'on se le dise : Vous n'êtes pas tenu de donner satisfaction à votre patron et d'afficher un optimisme à tout crin parce que vous utilisez les tickets psy. Catherine Maillard Renseignements : 01 44 43 06 06 et www.ff2p.com
Un livre pour en savoir plus : Psychothérapie : 100 réponses pour en finir avec des idées reçues.
De Serge Ginger
Editions Dunod 2006
273 pages
Prix : 19,50