Schizophrène meurtrier à Grenoble : un cas isolé
Un schizophrène “échappé“ d'un hôpital psychiatrique a tué un passant à coups de couteau mercredi à Grenoble. Il a été placé en garde à vue. Un fait divers qui risque de stigmatiser encore plus les victimes de cette terrible maladie mentale. D'autant que Nicolas Sarkozy a réuni ses ministres afin de prendre toutes les mesures nécessaires “pour que ce drame ne se reproduise plus“.
Le schizophrène, un homme de 56 ans, était interné à l'hôpital de Saint-Egrève (Isère). Il avait déjà des antécédents d'attaques similaires. Il avait ainsi poignardé un SDF en 1989, et il avait récidivé sur un patient en 1995, après justement s'être échappé d'un hôpital. Enfin, il avait encore poignardé un pensionnaire d'une maison de retraite en 2006. Cette fois, c'est un étudiant de 25 ans qui a été blessé mortellement dans une rue de Grenoble.
Toutefois, les médecins et le directeur de l'hôpital ont souligné que le patient ne présentait aucun signe de dangerosité et que rien ne laissait présager son geste. Il bénéficiait d'ailleurs d'autorisations de sortie ponctuelles. Des experts mandatés par le Parquet doivent déterminer s'il peut toutefois être jugé responsable de ses actes.
Néanmoins, Nicolas Sarkozy a vivement réagi et compte prendre des mesures pour éviter que ce genre de drame se reproduise. Une précipitation qui a interpelé le député de Paris Jean-Marie Le Guen : “Je rappelle à Nicolas Sarkozy qu'une politique de santé mentale ne se décide pas sur un coup de tête (...) Je le conjure de ne pas stigmatiser les malades, de ne pas instrumentaliser la médecine et de faire de la politique de santé une des priorités de santé publique de notre pays“.
Rappelons que les schizophrènes ne sont pas tous des meurtriers potentiels, loin s'en faut. Comme le soulignaient dans une interview à Doctissimo les Drs David Gourion et Anne Gut-Fayand, psychiatres à l'hôpital Sainte-Anne (Paris) : “La grande majorité ne sont pas dangereux. La proportion de ceux qui présentent des troubles du comportement aigus est réduite. De plus, ce type de problème apparaît en général chez les patients qui ont arrêté leur traitement, ou ceux qui ont consommé des toxiques (drogues ou alcool). Les schizophrènes sont plus souvent victimes qu'auteurs de violences, ils sont surtout très fragiles“. En effet, les chiffres sont sans appel : les schizophrènes sont essentiellement dangereux pour eux-mêmes, puisqu'un sur six se suicide.
Il est clair qu'il ne faut pas prendre de mesures dans la précipitation après ce fait divers. Le risque est de stigmatiser et de priver de liberté des personnes qui n'ont qu'un seul tort : celui de souffrir d'une maladie mentale. Sources :
Communiqué de la Présidence de la République, novembre 2008
Communiqué du cabinet de Jean-marie Le Guen, novembre 2008