Plus vous travaillez, plus votre risque de dépression augmente
Des semaines de travail plus longues avec un travail stressant sont associées à un risque plus élevé de dépression.
Le travail, c'est la santé ? Pas forcément si l'on en croit les résultats d’une étude menée auprès de jeunes médecins...
Dépression : + 5,2 points pour ceux qui travaillent plus de 90 heures
Les chercheurs ont recruté 17 000 médecins en première année d’étude et ont observé, durant 11 années, l’effet du travail sur leur santé mentale. Différents facteurs de leur vie personnelle et professionnelle ont également été pris en compte.
Résultat : le nombre d’heures travaillées était intrinsèquement lié aux symptômes dépressifs :
- les médecins travaillant 40 à 45 heures par semaine avaient par exemple une augmentation des symptômes de dépression de 1,8 point ;
- et les personnes qui travaillaient plus de 90 heures - présentaient une augmentation de 5,2 points. Soit un changement trois fois plus importants que pour le premier groupe.
Pour les chercheurs, les résultats parlent d'eux-mêmes : le travail - et notamment le stress engendré par ces heures supplémentaires - affecte la santé mentale des jeunes médecins et contribue au développement de symptômes dépressifs, selon un modèle "dose-réponse".
Pour le Dr Philippe, "C’est surtout la fatigue causée par l’excès de travail qui précipite un individu vers la dépression. Le manque de repos et de temps personnel, dédié aux plaisirs, contribue également au développement de symptômes dépressifs".
Les jeunes médecins sont plus touchés par la dépression
Des résultats qui ne sont pas étonnants lorsque l’on sait que la dépression toucherait trois fois plus les jeunes médecins que le reste de la population, selon une étude publiée dans la revue médicale JAMA.
La charge de travail, le manque de reconnaissance, les nombreux stages aux urgences ou encore le peu de temps consacré à la vie privée font partie des nombreux facteurs en cause.
Par ailleurs, plus d’un médecin sur 10 se décrirait en "détresse psychologique" - parmi lesquels 2 à 4% auraient déjà eu des idées suicidaires - selon une étude réalisée en 2008 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).
Réduire le nombre d'heures de travail pour une meilleure santé mentale
Pour le principal auteur de l'étude, l'essentiel est de réduire le temps de travail.
"Cette analyse suggère que la réduction du nombre moyen d'heures de travail ferait une grande différence dans la mesure où les symptômes dépressifs des stagiaires augmentent avec le temps", révèle Amy Bohnert, auteur principal de l’étude.
De son côté, Yu Fang, MSE, co-auteur de l'étude et spécialiste de la recherche au Michigan Neuroscience Institute, note que si le nombre d'heures est important, les opportunités de formation dans les hôpitaux et les cliniques le sont tout autant.
"Il est important d'utiliser le temps passé au travail pour des opportunités d'apprentissage supervisé, et non pour des tâches de service clinique de faible valeur", conclut-elle.