Le venin psychédélique d'un crapaud pourrait aider à traiter la dépression
Selon des chercheurs américains, le venin modifié du crapaud Colorado River Toad pourrait aider à traiter la dépression et l'anxiété. Mais de plus amples recherches sont nécessaires avant que ce composé psychédélique entre dans la prise en charge des troubles psychiatriques.
Un psychédélique modifié trouvé dans le venin d'un crapaud venimeux pourrait être une option de traitement efficace contre la dépression et l'anxiété, selon une nouvelle étude publiée cette semaine dans la revue Nature .
Le big bang de la recherche sur les psychédéliques
Les recherches scientifiques se multiplient concernant le potentiel des psychédéliques dans le traitement de maladies mentales comme la dépression, l'anxiété et les troubles addictifs liés à l'usage de substances psychoactives.
Comment expliquer une telle efficacité ? On pense que ces substances interagissent avec les récepteurs de la sérotonine. La majorité des recherches sur les psychédéliques se sont concentrées sur un récepteur de sérotonine appelé 5-HT 2A, avec moins d'efforts axés sur l'étude du rôle d'un autre récepteur de sérotonine, 5-HT 1A. Mais c’est à ce récepteur particulier que se sont intéressés des chercheurs de l’université de Columbia Dalibor Sames et de la Icahn School of Medicine du Mont Sinaï à New York.
Le venin de crapaud à base d’un filtre anti-dépression ?
Mais une équipe américaine s’est focalisé sur le mécanisme par lequel l'hallucinogène 5-MeO-DMT (trouvé dans le venin du crapaud du fleuve Colorado et associé à des expériences psychédéliques intenses) interagit avec le 5-HT 1A . Après avoir examiné la structure du récepteur de la sérotonine de manière très détaillée et modifié des sites spécifiques du composé, ils ont mis au point une variante hautement sélective du 5-MeO-DMT pour la 5-HT 1A , dont l'efficacité a ensuite été testée chez la souris.
Résultat : Lors de tests, il a été constaté que le composé produisait une activité antidépressive similaire à celle de la kétamine. Un effet obtenu sans les effets hallucinogènes du composé. "Nous sommes ravis d'avoir identifié un composé qui a des effets thérapeutiques très puissants tout en évitant le "récepteur psychédélique" 5HT 2A"", a déclaré le Dr David Lankri, chercheur au laboratoire du professeur de chimie de Columbia Dalibor Sames.
Demain, de nouveaux traitements contre les troubles psy ?
Ces découvertes ouvrent la voie pour le développement de nouveaux médicaments soignant les troubles neuropsychiatriques. Des recherches supplémentaires sont cependant nécessaires pour évaluer si ces résultats pourraient s’appliquer aux humains. "Nous espérons que les enseignements de notre étude et les recherches en cours dans nos laboratoires se révéleront utiles dans le développement de la prochaine génération de médicaments d'inspiration psychédélique", a déclaré le Pr Dalibor Sames, co-auteur de l’étude.
Au-delà de la recherche récréative liée à l’usage des composés psychédéliques souvent dangereuse (on se rappelle notamment que le service américain des parcs nationaux avait dû exhorté les visiteurs à ne pas lécher la peau du crapaud du désert de Sonora, connu pour son venin psychédélique), les études portant sur ces composés se multiplient, qu’il s’agisse de la psilocybine issue des champignons hallucinogènes, du NN-dyméthyltriptamine (DMT), un puissant psychédélique tiré de l'Ayahuasca, une plante amazonienne largement utilisée par les sociétés tribales du bassin amazonien, etc.