No-sleep challenge : attention, la privation de sommeil met gravement votre santé en danger
Lutter pour ne pas dormir. C'est la nouvelle idée saugrenue des internautes qui cherchent à repousser leurs limites. Mais est-ce une tendance à suivre ? Pas vraiment, nous explique le Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo.
Sur Youtube, les vidéos "No-sleep challenge" pullulent. Pour tenter de se "dépasser", faire des like ou tout simplement observer comment son corps réagit, des hommes et des femmes se privent de sommeil durant des heures, voire des jours. Mais quel est le risque d'une telle pratique ? Nous avons posé la question au Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo.
11 jours sans fermer l'oeil
Un août 2024, un jeune youtubeur américain âgé de 19 ans, Norme, avait déjà tenté de battre le record de la plus longue période passée sans dormir, fixée à 453 heures (soit quasi dix-neuf jours).
Il avait diffusé en direct son "No-sleep challenge", chez lui à Melbourne, sous les yeux ébahis des téléspectateurs (il avait d'ailleurs sombré dans un microsommeil à plusieurs reprises au cours de l'épreuve, mais des assistants étaient venus le réveiller).
Au bout de 250 heures, les internautes commençaient à s'inquiéter fortement pour sa santé, mais le jeune homme avait retorqué que "personne n’est jamais mort en essayant" ledit challenge.
Norme s'était finalement laissé tomber dans les bras de Morphée après 11 jours sans fermer l'œil (265 heures).
"Je suis stupéfaite que quelqu'un puisse volontairement se soumettre à une telle épreuve, car ce n'est certainement pas recommandé d'un point de vue santé", avait déploré le Dr Vanessa Cropley de l'Université de Melbourne. "Cette pratique comporte de nombreux risques inhérents, il est donc assez inquiétant que quelqu'un puisse réellement faire cela, juste pour une expérience".
Après son "exploit", le youtubeur, épuisé, avait d'ailleurs dormi pendant 38 heures.
Un challenge extrêmement dangeureux, selon le Dr Gérald Kierzek.
"On résiste mieux et plus longtemps à la privation totale de nourriture que de sommeil. Dormir est un besoin vital", rappelle-t-il.
Que se passe t-il en cas de privation de sommeil ?
La privation de sommeil "affecte la santé physique et mentale et ne peut être maintenue que pendant une durée limitée", affirme le directeur médical de Doctissimo.
Ainsi, le "No-sleep challenge" entraînerait :
- Des troubles cognitifs importants (baisse de la vigilance, de la concentration et de la mémoire) ;
- Des hallucinations et une paranoïa possibles après 48h sans sommeil ;
- Des microsommeils involontaires après 24h d'éveil ;
- Un risque élevé de défaillance physique et mentale grave au-delà de 3-4 jours ;
- Une altération des fonctions immunitaires ;
- Une augmentation du stress et des hormones de stress ;
- Des troubles de l'humeur (irritabilité, anxiété) ;
- Un risque accru d'accidents.
Des désagréments au bout de combien de temps ?
Les effets néfastes apparaissent dès 24h sans sommeil.
"Des troubles cognitifs graves surviennent après 72h d'éveil et au-delà de 3-4 jours, le risque de défaillance grave augmente considérablement", prévient le Dr Gérald Kierzek.
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Peut-on en mourir ?
Une privation de sommeil extrême et prolongée peut entraîner une défaillance généralisée des organes vitaux, alerte le médecin.
"Le corps ne peut plus fonctionner correctement sans les périodes de récupération et de régénération que procure le sommeil. Mais le corps humain finit par s'endormir involontairement avant d'atteindre un point critique. Les décès directement attribuables à une privation totale de sommeil sont extrêmement rares en dehors de conditions expérimentales ou de pathologies spécifiques comme l'insomnie fatale familiale", conclut le directeur médical de Doctissimo.