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  • Lily Allen et son mari contrôlent mutuellement leurs portables. Transparence ou cyberviolence? L'avis d'un psy

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    Lecture 3 min.
    Louise Ballongue
    Louise Ballongue Rédactrice web
    en collaboration avec Amélie Boukhobza (Psychologue clinicienne)

    Lily Allen et son mari ont mis en place des règles surprenantes concernant l'utilisation de leurs téléphones portables : chacun contrôle les applications que l’autre peut télécharger sur son téléphone. Une démarche malsaine ? Nous avons posé la question à Amélie Boukhobza, psychologue.

    Dans une interview accordée au Sunday Times dimanche 26 mai, la chanteuse britannique Lily Allen a confié qu’elle et son mari étaient soumis à un "contrôle parental" sur leurs téléphones. Une façon de se protéger des effets nocifs des réseaux sociaux... mais aussi de contrôler les activités de l'autre.

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    "Je suis le parent de son téléphone"

    Pour avoir totalement accès aux données de l'autre, Lily Allen et son compagnon ont choisi d'utiliser... des mobiles de la marque Pinwheel. Ces téléphones ont la particularité d'être totalement soumis au contrôle parental, car ils ont été conçus pour des enfants.

    "Mon mari est le parent désigné, il contrôle donc ce que je peux avoir comme application sur mon téléphone. Et je suis le parent de son téléphone", a confié la chanteuse au journal britannique. Avant d'ajouter : "Le téléphone Pinwheel ne permet pas de naviguer sur internet ni d’accéder aux réseaux sociaux, mais on peut utiliser Uber et Spotify".

    Une maigre consolation à l'heure ou les téléphones regorgent de podcasts, séries, livres et autres applications en tout genre.

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    Mais pour la chanteuse, ce n'est pas un problème. C'est même plutôt une solution : avoir un téléphone soumis au contrôle parental lui permet de limiter son temps passé dessus.

    "Le côté créatif de mon cerveau a été détruit par les smartphones. J’ai l’impression que tout le monde ressent la même chose", a-t-elle abondé. "Je ne connais personne qui puisse dire que la qualité de sa vie est améliorée par la présence d’un smartphone. Je pense qu’il nous a détruit en tant qu’espèce. C’est horrible qu’ils soient conçus pour créer une telle dépendance. Certains d’entre nous ont une personnalité plus addictive que d’autres. C’est diabolique."

    Néanmoins, cette façon de faire prête à débat : ce contrôle peut rapidement se transformer en cyberviolence conjugale. En effet, surveiller et restreindre l'accès au téléphone de son partenaire empiète sur sa vie privée... et peut vite devenir une méthode de manipulation et de domination.

    Un comportement problématique

    Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne, avoue être troublée par une telle démarche.

    "Même si certains couples considèrent cette pratique comme une marque de transparence et de confiance, elle peut aussi être le signe de comportements potentiellement problématiques. Déjà définissons ce qu’on appelle la cyberviolence conjugale. Ça englobe toute forme de contrôle, d'intimidation, de surveillance ou de harcèlement exercée par le biais des technologies numériques. Du contrôle des communications à l'accès non autorisé aux comptes personnels, jusqu’à l'utilisation de technologies pour surveiller ou manipuler le partenaire. C’est grave, c’est très intrusif et violent !"

    Même si ce n'est pas le but avoué, un tel contrôle même mutuel est risqué selon notre experte.

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    "Dans le cas de Lily Allen et de son mari, le contrôle parental pour limiter l’hyper connectivité présente quelques dangers… celui d’être tenté de prendre un certain pouvoir sur l’autre, de vérifier tout ce qu’il fait (appels, messages, sites visités, activités etc.) et donc de le contrôler toujours plus", souligne notre experte, Amélie Boukhobza.

    De la jalousie à la volonté de contrôle

    Un rapport mené en 2017-2018 auprès de 302 femmes avait d'ailleurs montré que 9 femmes sur 10 victimes de violences conjugales subissaient également une forme de cybercontrôle de la part de leur partenaire ou de leur ex.

    Une attitude qui peut faire sourire au début, voire être perçue comme un signe d'amour (mon compagnon me protége, est "jaloux"...) sauf qu'elle se transforme vite en piège.

    Que l’accès au téléphone soit permis sans contrainte et sans pression, c'est une chose "cela peut être le signe d’un esprit de confiance et de transparence en effet", mais quand le partage d’accès "devient une exigence ou une condition imposée par l'un des partenaires, cela peut indiquer toute autre chose, davantage du côté du contrôle et de pouvoir déséquilibrée", prévient la psychologue.

    "Chacun a droit à une vie privée, même au sein d'une relation intime"

    La confiance ne doit pas être démontrée en renonçant à sa sphère privée, sous peine de voir la relation ne plus être équilibrée et épanouissante pour le couple.

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    "Les conséquences ? Privation de liberté et d’autonomie, alimentant des climats de méfiance et de contrôle excessif. N’oublions pas que chacun a droit à une certaine forme de vie privée, même au sein d'une relation intime. Le respect de cette sphère privée est crucial pour l'épanouissement personnel et la santé de la relation", conclut notre experte.

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    Sources
    • Entretien avec Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne
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