Le "TOC du couple", quand les doutes sentimentaux deviennent une obsession
Les troubles obsessionnels compulsifs, les TOC ne se limitent pas qu'aux comportements liés à l'hygiène ou à l'ordre. Il existe aussi le TOC du couple. Rythmé par des remises en question sentimentales et des pensées anxiogènes, ce trouble méconnu peut causer une grande souffrance chez la personne qui en est atteinte.
Vous êtes-vous déjà demandé si votre partenaire était vraiment fait pour vous ? Si vous êtes assez amoureux ? Si l’absence de manque signifie que votre relation n'a pas d'avenir ? Ces questions, bien que banales au premier abord, peuvent devenir répétitives et envahissantes. Elles génèrent alors une angoisse extrême, transformant votre vie de couple en un véritable enfer. Si vous vous reconnaissez dans cette situation, vous pourriez souffrir du "TOC du couple"
Le TOC du couple, ou "Relationship Obsessive Compulsive Disorder" (ROCD) en anglais, est un trouble obsessionnel compulsif spécifique. Contrairement aux simples doutes normaux dans une relation, le TOC du couple se manifeste par des pensées intrusives et obsessionnelles, causant une anxiété profonde et un mal-être. Ces pensées persistent et nécessitent un effort considérable pour s'en débarrasser, perturbant ainsi le quotidien de ceux qui en souffrent. Mais comment faire la différence entre de simples doutes et un TOC ?
Plus que de simples doutes
Claire Petin, psychologue clinicienne et thérapeute de couple, sollicitée par Psychologies explique : "Nous pouvons tous être traversés par des pensées intrusives, avoir des sentiments qui fluctuent lorsque nous sommes en couple, cela n’a rien d’anormal". Mais pour ceux atteints de TOC du couple, ces pensées intrusives atteignent un autre niveau. "Elles occupent le devant de notre scène psychique et sont vécues comme insupportables, causant une très forte anxiété et déclenchant ainsi le mécanisme de compulsion dans une tentative de ‘neutraliser’ ces obsessions", ajoute-t-elle.
Les personnes souffrant de TOC du couple peuvent passer beaucoup de temps à ruminer, ce qui ancre le trouble en elles et le rend chronique. Elles cherchent souvent à se rassurer auprès de leur conjoint ou en consultant des forums et des articles en ligne, mais sans succès. Cette quête incessante de réponses instantanées peut être comparée à une addiction, éloignant progressivement la personne de ses sentiments réels.
Rodolphe Hurlot, psychopraticien, souligne dans Femme Actuelle que les femmes sont particulièrement touchées par ce TOC. Ce trouble peut être génétique, lié à un traumatisme, à une éducation stricte, à un parcours scolaire compliqué, ou à un manque d'estime de soi. Les personnes intolérantes au doute ou celles qui idéalisent le couple sont aussi plus susceptibles de développer ce trouble.
Quelles solutions ?
Si l’un des conjoints souffre de TOC du couple, cela peut épuiser mentalement les deux partenaires et mener à la rupture. Concrètement, le partenaire va constamment chercher à rassurer l'autre. Il va répondre à ses inquiétudes, ce qui crée un cercle vicieux. De plus, ce mécanisme obsessionnel impacte la confiance et l'estime de soi, étant donné que l'on se remet souvent en question. Ce TOC peut entraîner sur le long terme de la dépression, de l'hypervigilance, mais aussi des crises de panique, etc.
Pour traiter le TOC du couple, il est crucial de consulter un spécialiste. Claire Petin recommande aux personnes atteintes du trouble un psychologue formé en thérapie cognitive et comportementale (TCC). Environ six mois de thérapie, combinant TCC et thérapie d'acceptation et d'engagement, permettraient d'y remédier. Cette approche thérapeutique aide la personne à comprendre ses obsessions et à apprendre à les gérer, réduisant ainsi l’impact du TOC sur sa vie amoureuse. Dans certains cas, il est également envisageable d’entamer un traitement médicamenteux en parallèle de la thérapie.
Néanmoins, la rémission peut être un long processus, d'où la nécessité d'être patient avec soi-même. "Il faut faire preuve de patience et de persévérance", avertit Claire Petin. Elle ajoute : "D’autant plus que certains symptômes qui semblaient avoir disparu peuvent temporairement resurgir". Vous pouvez également en faire part à vos proches, afin d'avoir un accompagnement dans ce processus.