Et si les jeux vidéo aidaient les enfants dyslexiques à progresser en lecture ?
À force de lire des rapports alarmants sur les effets des écrans sur les jeunes, beaucoup de parents paniquent quand ils voient leur progéniture devant une console de jeux. Pourtant, ce loisir comporte des aspects positifs. Une nouvelle étude affirme que les jeux vidéo peuvent être bénéfiques aux enfants qui risquent de devenir dyslexiques.
Pour rappel, la dyslexie est un trouble de l'apprentissage de la lecture. Il se manifeste par des difficultés à identifier les lettres, les syllabes et les mots. Les causes de la dyslexie sont encore mal connues, même si la communauté scientifique suspecte un problème dans la façon dont les informations visuelles sont transmises et analysées par le cerveau. Toutefois, on sait qu’un enfant dont l’un des parents souffre de dyslexie présente 80 fois plus de risques d’être atteint de ce trouble.
Le diagnostic de la dyslexie n’est définitivement posé qu’une fois que l’apprentissage de la lecture a commencé au cours préparatoire (CP). Mais il est possible de repérer plus tôt les enfants à risque. Forte de ce constat, une équipe de chercheurs franco-italiens a voulu déterminer si les jeux vidéo pouvaient faciliter le diagnostic de la dyslexie, et combler les déficits cognitifs associés à ce trouble.
Pour ce faire, les universitaires ont mené une expérience avec 20 enfants préscolaires, âgés de 5 à 6 ans, dont 79 ont été identifiés comme étant à risque de dyslexie. Ils les ont répartis en quatre groupes distincts. Les membres du premier ont dû jouer au jeu vidéo d'action "Space Invaders Extreme 2" pendant 45 minutes, quatre fois par semaine, pendant un mois et demi, et ceux du deuxième à une série de mini-jeux. Les enfants du troisième groupe assistaient, eux, à des séances de phonologie avec un orthophoniste, tandis que ceux du quatrième ne suivaient aucun traitement spécifique.
L’efficacité des différents protocoles expérimentaux sur les enfants a été évaluée au moyen de tests, qui mesurent la conscience phonologique, la mémoire de travail phonologique et les capacités de dénomination rapide. Il est apparu que les jeunes ayant joué à "Space Invaders Extreme 2" arrivaient mieux que les autres à décomposer les mots parlés en phonèmes. En d’autres termes, ils avaient une bien meilleure conscience phonologique que leurs petits camarades. Étonnamment, les chercheurs ont constaté que ce phénomène était encore visible six mois après la fin de l’expérience. Ils en ont donc conclu que les jeux vidéo d’action comme "Space Invaders Extreme 2" avaient un effet durable sur le développement phonologique des enfants.
Bien que cette étude ait des limites méthodologiques, elle ouvre la voie à de nouvelles méthodes d’intervention pour les enfants qui sont confrontés à des difficultés d’apprentissages, et qui risquent éventuellement de devenir dyslexiques. Certains jeux vidéo pourraient les aider à améliorer les compétences cognitives nécessaires à l'acquisition de la lecture. De quoi rassurer les parents.