"Un dimanche à la campagne" : Carole Gaessler veuve à 25 ans. Notre psy nous éclaire sur le deuil précoce
À l'âge de 25 ans, Carole Gaessler a perdu son compagnon. Comment fait-on pour survivre à un deuil précoce, en particulier lorsque l'on perd l'amour de sa vie ? Nous avons posé la question à Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne.
Ce dimanche 19 mai, France 2 diffusait un numéro inédit d'Un dimanche à la campagne, émission à succès présentée par Frédéric Lopez. Ce week-end, l'animateur recevait la journaliste Carole Gaessler. L'occasion pour l'animatrice de revenir sur un événement douloureux : la perte brutale de son premier amour, Laurent.
"Votre vie devient fragile, tout s'arrête"
C'est durant une soirée ordinaire, à laquelle rien ne laissait présager un tel drame, que Carole Gaessler a perdu l'homme de sa vie. Alors qu'elle attendait que Laurent la rejoigne dans un hôtel, l'animatrice s'est inquiétée de le voir tarder sans recevoir de nouvelles.
Elle décide alors de contacter le service d'information des autoroutes. Un monsieur lui répond, troublé, et l'invite à joindre les pompiers.
"Là, on m'annonce qu'il est mort sur le coup. Un camion qui arrivait en face a fait une embardée, a pris une barrière de sécurité et Laurent s’est encastré dans le camion", confie la journaliste sur le plateau.
Dès lors sa vie bascule. "Votre vie devient fragile, tout s'arrête. Pendant un an, je n'ai quasiment plus vu mes parents". Et pour cause : pour surmonter son deuil, Carole Gaessler décide de se rapprocher de ses beaux-parents.
"J'étais tout le temps chez eux, ils ont été vraiment des gens exceptionnels qui m’ont considérée comme leur fille. Ils ont été super", a-t-elle révélé. Et de préciser : "Je pleure parce que, à un moment, j’ai décidé que je ne pouvais pas continuer à les voir, c’était trop, c’était compliqué pour moi".
Depuis ce drame, Carole Gaessler a refait sa vie avec Franck, chef d'entreprise breton.
Deuil précoce : quel impact sur l'adulte d'aujourd'hui et de demain ?
Le deuil précoce d’autant plus quand les circonstances sont tragiques, est extrêmement difficile, rappelle notre experte, Amélie Boukhobza.
"Il impose une transition brutale dans l'identité et les rôles de vie de la personne, et peut influencer profondément sa personnalité et sa perspective sur le monde", explique-t-elle, avant de poursuivre : "Perdre son compagnon brutalement (ou pas d’ailleurs), n’est pas sans conséquence sur la vie. C’est comme si d’un coup, tout tombait à l’eau. Les plans d'avenir, les attentes de vie commune et les objectifs partagés se trouvent soudainement remis en question ou annulés. Cela va évidemment entraîner une réévaluation des priorités de vie et souvent un sentiment d'isolement social", confie-t-elle.
Ce deuil est encore plus exacerbé, lorsque des enfants sont déjà nés.
"On peut par exemple ne plus avoir envie de voir les personnes que l'on fréquentait auparavant en couple, comme pour ne pas se confronter encore plus à la perte. Ou pour ne pas être obligé d’en parler davantage", détaille la spécialiste.
Le deuil transforme
Bien entendu, perdre son partenaire amoureux impacte son soi profond et donc sa personnalité.
"C’est à dire que la personne veuve peut devenir plus réservée, prudente ou méfiante envers de nouvelles relations. Elle peut aussi devenir plus résiliente et empathique, du fait d’avoir expérimenté profondément la perte et la douleur", confie Amélie Boukhobza.
Après un tel événement, la manière d'aborder la vie change également.
"Le deuil peut donner lieu à une nouvelle appréciation de la vie, une urgence à vivre pleinement ou un recentrage sur ce qui est perçu comme essentiel. D'un autre côté, il peut aussi entraîner une anxiété accrue, un repli sur soi ou une peur de nouvelles pertes voire la prise de conscience de la possibilité de sa propre mort", conclut l'experte.