Triangle de karpman : de quoi s'agit-il ?

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Méconnu du grand public, le triangle de Karpman est un jeu psychologique qui concerne pourtant une part importante de la population, sinon toute. Explications.

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Définition : Comment expliquer la théorie du triangle de Karpman ?

Le triangle de Karman, également appelé triangle dramatique, est issu du travail du psychiatre américain Stephen Karpman à la fin des années 60. Ce jeu psychologique met en avant les problèmes qui peuvent se poser au sein d’une relation. Ce scénario relationnel typique met en scène trois protagonistes : la victime, le persécuteur et le sauveur. Chacun est amené à endosser ces divers rôles de manière inconsciente au cours de sa vie, parfois même au cours d’une simple discussion. "Les relations toxiques sont incroyablement répandues au point que lorsqu’il y a une dispute, les répliques sont toujours les mêmes et le jeu du triangle est installé", remarque d’ailleurs Christel Petitcollin, thérapeute, conseillère et formatrice en communication, auteure de "Victime, bourreau ou sauveur", paru aux éditions Jouvence.

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Victime, bourreau ou sauveur : Quels sont leurs comportements dans le cadre du triangle relationnel de Karpman ?

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Le triangle dramatique peut s'apparenter à une pièce de théâtre. Dans ce triangle, les trois personnes jouent un rôle avec des caractéristiques bien définies.

  • La victime : C’est la personne centrale dans le schéma du triangle car c’est par son intermédiaire que le sauveur et le persécuteur entrent en relation. Ce personnage se montre "plaintif, malheureux. Il cherche à faire pitié et dit qu’il est accablé par le sort. Et surtout, il se déresponsabilise complètement", décrit Christel Petitcollin.
  • Le persécuteur ou bourreau : Il attaque et tient des propos dévalorisants et ses mots peuvent être blessants envers la victime. Il peut avoir des pulsions agressives. Ses actions et paroles ont des effets négatifs et nuisent au bien-être de son interlocuteur. "Frustré, il évacue sur autrui son mal être. Il se montre condescendant et critique envers sa cible", ajoute la thérapeute.
  • Le sauveur : Il s’agit parfois d’une ancienne victime qui, touchée par ce que vit la victime, souhaite l’aider. "C’est un Saint Bernard qui veut sauver tout le monde. Le sauver veut sortir les poissons de l’eau pour les aider à respirer !", lance Christel Petitcollin. Ainsi, il intervient pour porter secours à la victime, même si celle-ci ne le lui demande pas. parmi ses phrases favorites on retrouve : "je suis très pris mais je vais t'aider". A long terme, il peut toutefois ressentir de la rancune envers la personne à qui il porte toujours secours.
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Malgré les apparences, ces trois profils se satisfont de leur rôle, de la situation et ne souhaitent pas vraiment qu’une issue positive soit trouvée. Chacun fait semblant. "Ils sentent bien que ça sonne faux, que c'est exagéré, mais tout cela reste très peu conscient, jusqu'à ce qu'on découvre cette notion de jeu psychologique où tout s'éclaire", ajoute Christel Petitcollin. La victime reste volontairement dans son rôle, le persécuteur n’attaque pas trop fortement la victime et le sauveur ne la secourt pas définitivement.

Quelles sont les causes et explications de ce triangle dramatique ?

Selon la psychothérapeute, ce triangle se nourrit de souvenirs d’enfance et d’immaturité. Chacun endosse un rôle éclaté et perverti de la relation parentale. "Chaque personne rejoue des scènes douloureuses de son enfance car elle n’a pas réussi à sortir de ce schéma. Dès que les personnes trouvent une meilleure manière d’interagir, elles sortent de ce triangle. Elles n’ont juste pas appris à avoir des relations saines", ajoute l’auteure.

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Dès lors, il est possible de retrouver un triangle dramatique au sein de la famille, dans un couple ou même au travail.

Bénéfices secondaires : C'est quoi l'effet psychologique du triangle de Karpman dans la famille, le couple, au travail ?

Adopter l’un des trois rôles du triangle de Karpman dans une relation, qu’elle soit familiale, professionnelle ou amicale, permet aussi indirectement d’en tirer des avantages, des bénéfices propres. C’est la raison pour laquelle chacun entretient ce triangle.

  • L’intérêt d’être une victime : Elle attire l’attention sur elle, n’a pas à répondre de ses actes, elle est prise en charge par le sauveur sans avoir à fournir d’effort. C’est une place appréciée des personnes rencontrant un manque affectif et qui peuvent alors susciter de la compassion et de l’empathie. La victime ignore quels sont ses besoins et comment les combler. En se plaignant, elle espère qu’un tiers pourra l’aider dans cette quête. Ce rôle de personne à qui l’on veut du mal la dégage de tout soupçon ou responsabilité. Si elle ne trouve pas de persécuteur, elle désigne un facteur externe dont elle peut se plaindre (impôts, tâches ménagères, État…).
  • L’intérêt d’être un bourreau : Il y a également des bénéfices secondaires à être le bourreau car ce rôle permet d’évacuer ses frustrations. Si une personne n’a pas le poste qu’elle espère, en se montrant dédaigneux, en critiquant la victime, elle peut se redonner de la valeur, se sentir meilleure. Cela lui donne une illusion de puissance.
  • L’intérêt d’être un sauveur : La victime ne peut rien sans lui, il est donc son protecteur, son super-héros. Il a également une forme d’emprise, de contrôle, de pouvoir sur elle puisqu’elle est dépendante de lui. Cette position offre donc une bonne image de soi et auprès des autres. Ça nourrit l’ego. C’est une manière de ne pas prêter attention à ses propres besoins qui, eux, ne sont pas comblés. Tout comme la victime et le persécuteur, le sauveur se complaît dans cette situation car il aime son rôle valorisant et souhaite donc que la situation se poursuivre.
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"Le bénéfice principal du triangle de Karpman est d’éviter une trop grande intimité dans la relation, d’éviter d’être vraiment soi pour ne pas se montrer vulnérable. On préfère rentrer dans ce triangle pour ne pas se révéler complètement", glisse Christel Petitcollin.

Comment savoir si on est dans le triangle de Karpman ?

"Le triangle de Karpman est très répandu, on est tous à un moment donné dans ce triangle. Ce qui nous manque pour nous en apercevoir, c’est du recul", estime Christel Petitcollin. Pour savoir si on est dans ce triangle, elle incite à se demander : "est-ce que j’ai le pouvoir de rendre l’autre heureux ?" Si la réponse est oui, alors on est dans un triangle. "On n’a pas pouvoir de rendre une personne heureuse si elle ne le veut pas, sinon c’est qu’on se considère comme un sauveur", affirme-t-elle.

Ainsi, le triangle peut facilement s’installer au détour d’une conversation si une personne (le bourreau) lance par exemple à une autre "Tu n’as pas un peu grossi toi ?" Bouleversée, celle-ci peut alors chercher à se justifier et le jeu s’enclenche.

Bien dans son corps, bien dans sa tête !

Comment éviter d'entrer dans le triangle dramatique de Karpman et comment faire pour en sortir ?

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Il revient à chacun de prendre ses responsabilités pour éviter d’entrer dans le triangle de Karpman et de redistribuer plus équitablement les rôles. Christel Petitcollin encourager chacun à se demander quelle est sa part de responsabilité dans ce triangle. Il n’y a pas un seul responsable. "On est seulement responsable de ce sur quoi on a le pouvoir d’agir", ajoute-t-elle. Cette prise de conscience est un premier pas. Si le bourreau lance une critique ou une pique, libre à la victime d’interrompre l’échange : "excuse-moi, on s’emballe. On en reparle plus tard". Le bourreau peut aussi prendre du recul sur ses propos ou son attitude et dire : "Désolé, pour ce que je t’ai dit. Je n’aurais pas dû". Il s’agit d’être le plus adulte possible et de fuir la situation dès qu’elle active le triangle. Toutefois, "il n’est pas possible de sortir à 100% de ce triangle dramatique car toute la société est basée sur ce modèle. Mais plus on y parvient et plus on trouve la paix intérieure", assure Christel Petitcollin.

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Sources

Entretien avec Christel Petitcollin, thérapeute, conseillère et formatrice en communication et auteure.

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