Cancer de l'endomètre : quel est ce nouveau traitement autorisé en Europe ?
L'Union européenne a donné son feu vert pour la commercialisation du Jemperli, un nouveau traitement pour les femmes atteintes d’un cancer de l’endomètre avancé. Comment est-il administré ? Quid de son efficacité ? Le point sur ce médicament, avec le Dr Odile Bagot, gynécologue.
C’est le traitement de l'espoir pour de nombreuses patientes. Développé par le géant britannique GSK, le Jemperli (dostarlimab) est disponible en France depuis octobre, dans le cadre d'une procédure dite d'accès précoce. Il vient de recevoir le feu vert européen pour être commercialisé.
Un médicament déjà disponible en France
Le 31 octobre, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé avoir approuvé un nouveau traitement contre le cancer de l’endomètre, qui touche généralement les femmes après la ménopause. La commercialisation du médicament Jemperli sur le marché Français faisait suite à la "décision d’autorisation d’accès précoce (AAP) octroyée le 27 septembre par le Collège de la Haute Autorité de santé (HAS) pour une durée de 12 mois", précise l’ANSM. Si le traitement avait été approuvé avant même que l’autorité du médicament de l’Union européenne ne se soit prononcée ; il répond néanmoins à certaines conditions.
Ainsi, seules les patientes majeures atteintes d’un cancer de l’endomètre avancé nouvellement diagnostiqué ou récidivant et candidates à un traitement systémique, pouvaient en bénéficier, selon l'ANSM. Elles doivent, en parallèle, suivre une chimiothérapie à base de sels de platine. Seuls les spécialistes en oncologie et les médecins compétents en cancérologie pourront par ailleurs prescrire le traitement.
L'autorisation de l'Agence européenne du médicament autorise sa commercialisation avec la même indication : en association avec le carboplatine et le paclitaxel (chimiothérapie) chez des femmes souffrant d'une forme avancée de ce type de cancer, nouvellement diagnostiqué ou récidivant.
Une immunothérapie pour certaines cancers de l'endomètre avancés
Le dostarlimab administré par voie intraveineuse est un anticorps monoclonal expérimental anti-PD-1 (programmed cell death- 1). Ce composé d'immunothérapie a obtenu des résultats importants sur le plan clinique chez des femmes atteintes de certains cancers de l’endomètre récidivants ou avancés. Il s'agit des cancers de l'endomètre dans lequel les cellules cancéreuses présentent des anomalies génétiques (appelées déficience du système de réparation des mésappariements des bases et une forte instabilité des microsatellites - dMMR/MSI-H) qui les empêchent de corriger les erreurs qui se produisent lors de la division cellulaire.
Les résultats des études témoignent d'une réduction de 72 % et 36 % du risque de progression de la maladie ou de décès observé dans la population dMMR/MSI-H et la population globale de patients, respectivement.
Un effet positif du traitement sur la "survie sans progression" du cancer
Pour l’ANSM, la commercialisation de ce médicament représente un réel espoir pour les toutes les malades : le traitement améliorerait en effet le taux de "survie sans progression" du cancer, c’est-à-dire la durée pendant laquelle la patiente ne subit pas d’aggravation de sa maladie.
Un effet positif, mais pas miraculeux, selon le Dr Bagot.
"Si cette thérapie ciblée, qui appartient à une classe thérapeutique en plein essor ces dernières années, améliore les chances de guérison et de survie, elle n’est pas pour autant "magique". Si l’on prend ce médicament, cela ne signifie que l’on va être guérie", rappelle l’experte.
Malgré tout, à l’instar de la France, certains pays sont déjà convaincus de son efficacité. C’est le cas des Etats-Unis, qui ont approuvé ce médicament dès la fin de l’été.
Le cancer de l'endomètre se développe dans la paroi interne de l'utérus, ou endomètre. On compte près de 10 000 cas par an en France. Même s'il est d'assez bon pronostic par rapport à d'autres cancers féminins, il reste à l'origine de près de 2000 décès par an.