Covid : enfin un traitement efficace contre la perte d'odorat !
C'est un traitement d'espoir pour tous les patients atteints de Covid long : une injection permettrait de corriger les altérations de l'odorat résultant d'une infection au coronavirus.
L'anosmie, la parosmie et la fantosmie, vous connaissez ? Il s'agit des fameuses altérations de l'odorat, qui peuvent notamment survenir après une infection au coronavirus. Si ces changements d'odeur ne sont pas les pires symptômes des formes de Covid long, ils n'en sont pas moins dérangeants et peuvent durer dans le temps. Bonne nouvelle cependant : des scientifiques semblent enfin avoir découvert un traitement contre ces problèmes d'odorat... Explications.
Un anesthésique injecté dans le cou
Le traitement utilisé par les chercheurs n'est, en réalité, pas nouveau.
Fréquemment utilisé pour traiter les maux de tête, le syndrome de Ménière ou encore le syndrome douloureux régional complexe (une douleur neuropathique chronique qui se caractérise par une sensation continue de brûlure ou de douleur, ndlr), l'injection d'un anesthésique dans un groupe de nerfs situés d'un côté du cou permet de stimuler le système nerveux autonome (ganglion stellaire).
Or, si le ciblage de ce bloc ganglionnaire stellaire a déjà fait ses preuves dans ces indications, il semblerait aussi efficace pour restaurer l'odorat des patients atteints d'un Covid long.
Pour vérifier cette hypothèse, les scientifiques ont injecté le fameux anesthésique dans le ganglion stellaire d’un côté du cou de 54 patients diagnostiqués "avec une parosmie post-covid résistante aux thérapies pharmaceutiques et topiques".
L’injection comprenait également une petite dose de stéroïdes, qui, pouvait aider à soulager une potentielle inflammation nerveuse causée par le coronavirus.
Résultat ? Parmi les candidats suivis (37 au total), 22 patients ont signalé une amélioration de leur odorat une semaine après l’injection. Parmi eux, 18 candidats ont présenté une amélioration significative un mois après l'injection. À trois mois, une amélioration moyenne de 49 % des symptômes a été constatée parmi les 22 patients.
26 patients ont également bénéficié d'une seconde injection de l’autre côté du cou six semaines plus tard et ont présenté, à nouveau, une amélioration des symptômes.
Dans l’ensemble, l'essai a donc été une réussite.
"Le patient initial a eu un résultat extrêmement positif, presque immédiatement, avec une amélioration continue, jusqu'à la disparition des symptômes au bout de quatre semaines", remarque le Dr Adam C. Zoga, professeur de radiologie musculo-squelettique au sein de l'institut Jefferson Health. "Nous avons été surpris par certains résultats, notamment une réduction proche de 100 % de la fantosmie chez certains patients, tout au long de l'essai."
Aucune complication ou événement indésirable n’a, par ailleurs, été signalé.
Une piste intéressante... qui comporte quelques limites
Pour le Dr Gérald Kierzek, cette approche thérapeutique constitue une piste intéressante pour les malades.
"Si l’on ne connaît pas encore le mécanisme exact qui se cache derrière l’anosmie, on sait néanmoins qu’il s’agit d’un problème d’ordre neurologique, provenant soit des récepteurs, soit de la zone cérébrale, soit de la zone entre les deux. Cette piste thérapeutique, déjà très utilisée en anesthésie, est, de fait, intéressante car elle répond à l’hypothèse neurologique. Le traitement joue sur le système nerveux autonome et c’est lui qui serait en cause dans les pertes d'odorat persistantes".
L'étude comporte malgré tout quelques limites : les résultats sont basés sur un échantillon très restreint et n’ont pas encore été soumis au processus habituel d’évaluation.
Certains patients traités - qui n'ont pas répondu à la première injection controlatérale - n'ont pas non plus été sensibles à la deuxième injection.
Les auteurs de l'étude souhaitent, de fait, mener une "étude plus approfondie".