Les kystes ovariens sont fréquents mais mal connus faute d'observations suffisantes. La plupart ne sont pas douloureux et découverts au cours d'un examen échographique de routine. Leur surveillance permet de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une tumeur cancéreuse.
Chaque année, 45 000 femmes sont hospitalisées pour un kyste de l'ovaire et 32 000 sont opérées selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Entre 15 à 30 % des kystes sont traités après la ménopause.
Définition du kyste de l'ovaire
Qu'est-ce que c'est ?
Un kyste est une petite grosseur contenant du liquide et peut se développer au niveau de l'ovaire. Le kyste ovarien est causé par un dérèglement hormonal. Le plus souvent bénin, il est nécessaire de surveiller son évolution car sa présence reste anormale. En cas de complications, une intervention chirurgicale devra être envisagée.
Quelle différence entre un fibrome (ou myome) et un kyste ovarien ?
Le kyste de l'ovaire ne doit pas être confondu avec le fibrome utérin. Le fibrome utérin est une tumeur bénigne qui se développe au niveau du myomètre, qui est le muscle de l'utérus. Le fibrome se nomme aussi fibromyome ou myomes de l'utérus.
Les différents types de kystes ovariens : quelle cause ?
Tous les kystes ne présentent pas de symptômes. Ils peuvent être découverts à l'occasion d'un examen gynécologique de routine. Les kystes peuvent être de deux natures.
Kystes ovariens fonctionnels
Dans 90% des cas, il s'agit de kystes fonctionnels. Ils sont dus à une stimulation ovarienne excessive au cours du cycle menstruel. On en distingue deux types :
- le kyste ovarien folliculaire provient de l'évolution inhabituelle d'un follicule;
- le kyste ovarien lutéal correspond quant à lui à une augmentation du volume du corps jaune.
Ils peuvent apparaître tout au long de la vie, avec cependant une prédominance entre la puberté et la ménopause.
Ces kystes fonctionnels sont a priori bénins : un lien éventuel avec le cancer de l'ovaire n'a jamais été démontré. Ils peuvent régresser spontanément (dans 90% des cas) ou sous l'effet d'un traitement médical. S'ils apparaissent au début de la grossesse, "il est recommandé de ne pas y toucher pendant le 1er trimestre" précise le Dr François Goffinet, gynécologue-obstétricien à la Maternité de Port Royal à Paris.
Kystes ovariens organiques
Les kystes organiques touchent pratiquement 12 personnes pour 100 000 en France. Ils se caractérisent par des végétations internes, un diamètre supérieur à 6 cm, une partie solide et une paroi épaisse. Ces critères permettent d'évaluer leur évolution (bénigne ou maligne). Le dépistage est important : s'il s'agit d'un kyste malin, la précocité du diagnostic influe directement sur les chances de guérison. Il existe 4 types de kystes organiques :
- les kyste séreux, contenant uniquement du liquide fluide et ayant une paroi fine;
- les kystes mucoïdes ou mucineux, à la paroi plus épaisse, renfermant un liquide plus dense et composés de plusieurs cavités;
- les kystes dermoïdes pouvant contenir de la graisse et des parties calcifiées, leur structure cellulaire est semblable à celle de la peau;
- les kystes endométriosiques ayant une paroi épaisse parcourue de vaisseaux sanguins. Remplis de liquide et de sang, ils sont liés à l'endométriose.
Les kystes ovariens organiques ne régressent pas. Ils sont en général enlevés afin d'éviter tout risque de complication (torsion de l'ovaire, hémorragie du kyste).
Quels sont les symptômes des kystes de l'ovaire (pesanteur pelvienne, saignements en dehors des règles...) ?
La plupart du temps indolores, ils peuvent alerter également en cas de douleurs :
- douleurs pelviennes
- des saignements
- une envie fréquente d'uriner et de faibles quantités d'urine émises ou pollakiurie.
La patiente peut cependant ressentir une impression de pesanteur pelvienne, des tiraillements dans le petit bassin, des anomalies des règles (saignements en dehors de celles-ci par exemple), des troubles urinaires (envie fréquente d'uriner avec émission de petites quantités d'urine), ou encore des troubles digestifs (constipation). Dans certains cas, des problèmes de fertilité peuvent apparaître.
Diagnostic du kyste ovarien : échographie et Doppler jouent la complémentarité
Les examens d'imagerie permettent de diagnostiquer le kyste de l'ovaire.
L'échographie, qui permet de découvrir les kystes ovariens asymptomatiques, peut être réalisée par voie abdominale ou par voie endovaginale. Elle va donner des informations sur le kyste comme sa taille, sa localisation, l'épaisseur de sa paroi, la quantité de liquide contenue... Cette technique présente des avantages, par exemple, elle ne nécessite pas que les patientes aient la vessie pleine. Mais si l'échographie est utile, le risque de "faux négatifs", lorsque le kyste est bien présent mais non détecté, existe.
Un Doppler complétera alors le diagnostic en permettant d'étudier le flux et les vaisseaux sanguins à l'intérieur du kyste. Sa nature exacte sera confirmée par un examen microscopique détaillé.
Si le kyste présente des risques d'être malin, un dosage sanguin de certains marqueurs tumoraux pourra alors être prescrit. Dans certaines situations, comme lorsque le kyste est volumineux ou qu'une endométriose est suspectée, une IRM peut être réalisée.
Un frottis utérin (prélèvement des cellules au niveau du col de l'utérus) est proposée par le médecin dans certaines situations, dans le cadre du dépistage du cancer du col de l'utérus.
Traitement : comment se soigne un kyste à l'ovaire ?
Surveillance médicale, abstinence thérapeutique, quelle pilule contre le kyste ovarien ?
En cas de kyste ovarien sans complication, aucun traitement n'est nécessaire. En revanche, un suivi médical et par imagerie est indispensable pour s'assurer de la disparition et de la non-évolution du kyste, qui disparaît spontanément parfois sous deux à trois mois.
D'après la littérature scientifique, aucune pilule contraceptive n'a montré plus d'effets bénéfiques que d'autres sur le kyste ovarien. Le type de contraception à choisir est à discuter avec le médecin traitant ou le gynécologue.
Opération des kystes ovariens
En dehors des interventions d'urgence liées à des symptômes douloureux ou des complications (torsion ou abcès), la cœlioscopie est "la méthode de prédilection". Cette technique chirurgicale permet d'observer l'intérieur de la cavité abdominopelvienne et d'intervenir sur les organes. Elle ne nécessite que de toutes petites incisions. La période de convalescence est ensuite plus courte.
La chirurgie est réservée aux kystes organiques ou aux kystes fonctionnels douloureux et/ou volumineux. L'ablation de l'ovaire seul (ovariectomie) ou avec la trompe (annexectomie) s'impose dans le cas d'une tumeur où la seule ablation du kyste (kystectomie) ne peut suffire. Elle se pratique sous anesthésie générale. Mais le Dr François Goffinet se veut rassurant : "Jusqu'à preuve du contraire, une opération d'un kyste n'a aucune incidence sur la capacité à avoir des enfants par la suite". Dans la mesure du possible et en prenant en considération les risques de récidives, l'intervention des chirurgiens tend au contraire à préserver la fonction ovarienne chez les femmes non ménopausées.
Les complications possibles : est-ce grave d'avoir un kyste ovarien ?
Saignements dans le kyste : douleurs vives d'apparition brutale
Ils sont caractérisés par des douleurs pelviennes très vives et soudaines. Une intervention chirurgicale en urgence est obligatoire. Une coelioscopie est réalisée pour stopper les saignements.
Rupture hémorragique
Les douleurs apparaissent de façon brutale et intense puis se calment. En cas d'hémorragie du kyste, le liquide contenu dans la coque de l'ovaire se répand dans la cavité péritonéale. Le protocole sera le même que pour les saignements, une intervention chirurgicale par coelioscopie.