Cannabis thérapeutique : vers la mise en place d’une filière française de production
Alors qu'une expérimentation du cannabis thérapeutique est en cours en France, un comité scientifique vient d’être mis en place par l’agence de sécurité du médicament pour la création d’une filière française de culture de cette plante et d’élaboration de traitements.
Alors que le cannabis thérapeutique est expérimenté actuellement sur 3000 patients en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient de mettre en place un comité scientifique chargé de définir les règles applicables à cette culture en France et aux éventuels traitements qui pourront être élaborés à partir de cette plante. En effet, à l’heure actuelle, le cannabis thérapeutique utilisé par les patients en France est importé depuis plusieurs pays (Canada, Australie ou encore Portugal).
Un comité réuni pour quatre mois
Composé de représentants des ministères de la Santé, de l'Agriculture, de l'Economie et de l'Intérieur, de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et du conseil de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), ce comité a quatre mois pour réfléchir "aux spécifications de la chaîne de production, de la plante au médicament".
Il a notamment pour objectif de préciser quelles plantes pourront être cultivées et de définir la teneur de ces dernières en molécules spécifiques au cannabis à savoir le tétrahydrocannabinol (THC) qui lui donne ses effets psychotropes, et en cannabidiol (CBD), sans effet stupéfiant.
Cannabis thérapeutique réservé aux malades graves
Le comité scientifique prévoit également d’étudier les normes de traçabilité de ces plantes et des médicaments qui en découleront, leurs critères de qualité pharmaceutiques mais aussi les contrôles qui seront mis en place sur les sites de culture.
Rappelons enfin que les médicaments à base de cannabis thérapeutique seront réservés aux patients présentant des pathologies graves, comme certaines formes d’épilepsie, des douleurs neuropathiques, des effets secondaires de chimiothérapie, de sclérose en plaques ou encore en soins palliatifs, en seulement en cas d’échec des traitements existants.
La France est en retard sur la question
Interrogé sur le cannabis thérapeutique, le Dr Joachim Mullner, médecin psychiatre à l’Hôtel-Dieu à Paris, explique que la France "connaît un retard important sur la question de la légalisation de cette substance. "Alors que de nombreux autres pays ont légalisé l’usage du cannabis, sans explosion des consommations, comme en Hollande ou au Portugal. En France, on privilégie un système judiciaire répressif qui coûte plus cher qu’un réseau de soins où les consommateurs seraient encadrés dans leur usage. La France est en retard dans ce domaine, tout comme sur son utilisation sur le plan thérapeutique" déplore le médecin. "En psychiatrie, le CDB est utilisé à visée anxiolytique, mais il n’est pas directement prescrit en tant que tel. Cependant, on peut discuter avec certains patients de l’intérêt de sa consommation" précise-t-il.