Covid-19 : quel est le profil des personnes hospitalisées pour une forme grave ?
Après deux ans de pandémie, il est désormais possible de tirer un profil de patients ayant fait une forme grave de la maladie. C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et publiée par l’Insee.
Cette étude "couvre la période de mars 2020 à novembre 2021, soit les quatre premières vagues de l’épidémie de Covid-19 et s’appuie sur les données de plus de 67 millions d’individus résidant en France métropolitaine, dont 382 000 ont été hospitalisés avec Covid-19" explique l’Insee dans son compte-rendu.
Portrait robot : un homme originaire d’Afrique, de plus de 60 ans et de condition modeste
Selon les résultats de cette étude, si l’on devait dresser le portrait-robot de l’individu type étant plus à risque de forme grave de Covid-19, on retrouverait un homme originaire d’Afrique, aussi bien Maghreb qu’ Afrique sub-saharienne, de plus de 60 ans et de condition modeste.
Si l’âge et le sexe sont des facteurs de risques connus, cette étude conforte cette idée en montrant que les plus de 60 ans représentaient 72 % des personnes hospitalisées, contre 27 % pour l’ensemble de la population. Les hommes étaient aussi plus à risque, en particulier après 60 ans, car 52 % des individus hospitalisés de plus de 60 ans étaient des hommes
Les conditions de vie pointées du doigt dans l’étude
Fait nouveau démontré dans cette étude : la condition socio-économique des individus est montrée comme étant un facteur aggravant de la maladie. En effet, les chiffres recensés montrent que "33% des individus hospitalisés et âgés de 50 à 74 ans résident dans un logement dont la surface par personne est inférieure à 30 m2".
Le risque d’hospitalisation augmente à mesure que la surface habitée diminue, surface appartenant plus souvent au parc social. Le lien avec le Covid-19 ? Il réside dans "le risque accru d’exposition au virus dans des espaces confinés où les contacts sont plus fréquents et les gestes barrières plus difficiles à mettre en place" explique l’Insee.
Un niveau de vie plus modeste
Autre fait marquant dans ce travail : le niveau de vie des personnes touchées par une forme grave du Covid-19. Sans surprise, ce sont les personnes qui ont un niveau de vie inférieur "de 6 %" à la moyenne de la population qui sont davantage touchées. Et pour cause : lorsque le niveau de vie baisse, les comorbidités sont plus fréquentes et le risque d’exposition au virus est plus important, notamment de part les conditions de travail de ces personnes.
En effet souligne l’Insee, "il est possible que la distribution inégale des comorbidités selon le niveau de vie soit particulièrement manifeste chez les plus jeunes, dont la santé peut être dégradée du fait de conditions de vie ou de travail défavorables". Enfin, le rôle de la vaccination est remarqué dans la quatrième vague de Covid : la vaccination par âge explique une diffusion différente du virus et ce dernier a affecté davantage de personnes modestes, qui étaient de fait également moins fréquemment vaccinées.
"Une triple peine" décrite par le Dr Kierzek
Pour le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo, cette étude dépeint une "triple peine" pour cette catégorie particulière de la population. "Cette étude démontre qu’en plus d’être victimes de facteurs de risques comme l’âge ou d’autres comorbidités, comme l’obésité ou le diabète, ces personnes sont en plus les moins socialement favorisées. Elles vivent davantage dans des appartements plus petits, avec un niveau de vie moins élevé… Et en plus, souvent dans des zones où il y a une moins bonne couverture médicale. Or on le sait bien, le retard à la prise en charge et au diagnostic influence énormément la suite des événements. Et cela vaut pour beaucoup de pathologies et pas seulement pour le Covid-19" dénonce le médecin.
Qui sont les patients hospitalisés pour #COVID19 ? La #Drees et l'@InseeFr publient une étude importante et inédite sur les 4 premières vagues d'épidémie via l'appariement de données d’hospitalisation (SI-VIC) et socio-économiques (Fidéli). Thread (1/6) https://t.co/P2gZa4zrpl pic.twitter.com/jBZU1vqmNT
— Fabrice Lenglart (@FabriceLenglart) March 17, 2022