Mucoviscidose : une molécule issue d’un champignon comestible comme futur traitement ?
Une nouvelle piste thérapeutique vient d’être mise au jour par des chercheurs français contre la mucoviscidose. Un principe actif contenu dans un champignon comestible pourrait avoir un intérêt thérapeutique. Les précisions de Fabrice Lejeune, chercheur Inserm au sein de l’Institut OncoLille, qui a dirigé ces travaux.
Touchant environ 6000 personnes en France, la mucoviscidose est une pathologie causée par la mutation d’un gène, appelé CFTR. Dans la mucoviscidose, la mutation est une non-sens, c’est-à-dire qu’elle introduit un "codon stop" au niveau du gène muté. Cela entraîne l’arrêt prématuré de la synthèse de la protéine correspondante. Ce gène code donc pour une protéine dysfonctionnelle et les symptômes de la maladie apparaissent. La mucoviscidose est une pathologie qui affecte les voies digestives et respiratoires des malades, qui ont une espérance de vie estimée entre 40 et 50 ans.
Un principe actif issu d’un champignon
Dans le cadre de cette étude, le Dr Fabrice Lejeune et son équipe ont travaillé sur un principe actif, la 2,6-diaminopurine (DAP), contenu dans le champignon Lepista flaccida. Cette molécule a été testée chez la souris et présente la capacité de changer un acide aminé dans la chaîne de fabrication de la protéine et de modifier le "codon stop" UGA. "Nous avons donc constaté que le changement d’un acide aminé au sein du ribosome était possible" confirme le chercheur, qui a dirigé ces travaux. "La protéine continue donc d’être produite et deux cas de figure apparaissent : soit le bon acide aminé a été ajouté et on retrouve la protéine sauvage, soit c’est un autre acide aminé mais la protéine, avec un seul acide aminé différent, fonctionne quand même".
Une amélioration des symptômes
Sur le plan clinique, cela se traduit chez l’animal par une amélioration des symptômes. En effet, le traitement à la DAP a permis de restaurer l’expression du gène CFTR dans les poumons et les intestins ainsi que la fonction de cette protéine chez la souris. "Nous avons testé la fonctionnalité du canal CFTR par une technique de patch clamp et effectivement il fonctionne chez la souris" confirme le chercheur. Les scientifiques ont également démontré que la DAP peut être donnée oralement et qu’elle se distribue efficacement dans tout son organisme, pendant environ deux heures.
Vers des essais cliniques chez l’homme ?
Les résultats de ce travail sont encourageants. Mais la perspective d’une molécule thérapeutique efficace chez les patients n’est pas encore pour tout de suite. "Tout d’abord, le principe actif est contenu en très faible quantité dans le champignon. Ensuite, il faut le formuler, c’est à dire lui ajouter des excipients afin de l’améliorer et le mettre au point en tant que médicament. Enfin, il faut passer une série de tests de toxicité, qui pourront estimer si la molécule n’est pas dangereuse pour l’homme" détaille le Dr Lejeune.
Pour ces deux étapes, les scientifiques sont à la recherche de fonds, car elles se chiffrent en millions d'euros. Pour cela, ils ont créé une start-up, Genvade Therapeutics, en 2021. "Nous sommes aussi très soutenus par l’association Vaincre la Mucoviscidose" ajoute le chercheur, qui espère que la molécule, si elle voit le jour en tant que traitement, pourra s’adapter à d’autres pathologie génétiques, comme la myopathie de Duchenne ou le syndrome de Rett.