Crise au Royaume-Uni : 300 à 500 morts par semaine aux urgences… mais combien en France ?
Alors que le Royaume-Uni connaît une crise sociale majeure, plusieurs organisations de médecins alertent sur la surmortalité dans les services d’urgences, faute de prise en charge adéquate des patients. Quelle est la situation en France où la crise du système de santé perdure ?
Crise d’austérité, épidémies… Le National Health Service connaît une crise qui dure depuis plusieurs années. La situation est telle qu’une organisation représentant les médecins urgentistes est montée au créneau.
"Entre 300 et 500 morts par semaine"
Le Royal College of Emergency Medicine a ainsi estimé qu’en raison de la situation actuelle que connaît l’hôpital anglais, "entre 300 et 500 patients meurent chaque semaine en raison des carences dans les soins d’urgences, notamment les attentes interminables" qui durent en moyenne douze heures.
“There seems to be almost a battle of machismo and denial going on.”
— Times Radio (@TimesRadio) January 3, 2023
Dr Ian Higginson, VP of the Royal College of Emergency Medicine, asks NHS and political leaders if there’s “an acceptable number” of patients dying as a result of delays and crisis in the NHS.@RCEM_VP pic.twitter.com/3OXcc0bMvz
Si immédiatement, des responsables hospitaliers ont nuancé ces propos, le vice-président du Royal College of Emergency Medicine, Ian Higginson, a pris la parole sur la BBC pour appuyer cette position."Si vous êtes sur le terrain, vous savez que c'est un problème à long terme, ce n'est pas juste du court-terme" insiste-t-il.
Quelle est la situation en France ?
En France, l’hôpital public est également en crise. Conditions de travail dégradées, manque de personnel, revalorisations salariales quasi inexistantes… Le personnel tend à quitter l’institution publique. Cependant, les chiffres concernant une surmortalité sont plus difficiles à trouver.
Interrogé sur la question, le Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France (AMUF), estime que la même chose se passe en France. "La différence est qu’en France, l’hôpital public est moins bien organisé qu’en Angleterre, et qu’ils ont plus facilement accès à ces chiffres, que les politiques ne peuvent pas cacher. Mais ici aussi, il existe une surmortalité liée à la dégradation de l’hôpital public" martèle le médecin.
Pour Patrick Pelloux, médecin urgentiste et président de l’AMUF, les chiffres sont certainement comparables mais il n'existe pas de source officielle. "Mais c’est pareil chez nous c’est sûr ! Et si ce n’est pas encore le cas, ce sera la même chose pour nous. C’est quelque chose qu’on a déjà vu cet été avec 3000 morts, qu’on a attribués habilement à la canicule, mais qui sont en fait liés à un système qui se casse la figure" appuie encore le médecin.
"Une perte de chance par défaut de moyens"
"Ici, on appelle ça pudiquement une perte de chance par défaut de moyens" explique Christophe Prudhomme. "Mais c’est une réalité, des études l’ont prouvé. Il a par exemple été démontré que tous patients confondus, lorsqu’on hospitalise quelqu’un dans un autre service que celui où il devrait être, cela engendre une surmortalité de 9 %. Pour la réanimation c’est plus grave : on monte à 30 % de surmortalité" indique le médecin.
Il rappelle également qu’en ville, plus de 600 000 personnes touchées par une pathologie chronique n’ont pas de médecin traitant. "On n'en parle pas, mais ce sont aussi des patients qui sont moins bien suivi et qui verront leur état de santé se dégrader plus vite que la moyenne".