Connaissez-vous la différence entre météo et climat ?
La tentation d’interpréter ces montées de mercure comme une manifestation flagrante du réchauffement climatique est grande. Si dans les faits, le raisonnement tient la route, attention toutefois à ne pas confondre les notions de climat et de météorologie.
Plus de trente degrés sur l’ensemble de l’Hexagone et un thermomètre au-delà de 35 degrés Celsius dans la capitale. En plus d’être la journée la plus chaude au niveau planétaire, ce lundi 12 août marque le pic d’intensité de l’épisode caniculaire qui frappe la France depuis ce week-end. Une illustration du réchauffement climatique ? Sans aucun doute. Sauf que le terme “réchauffement” n’est pas forcément le plus approprié. Il est en effet plus précis de parler de dérèglement climatique. La façade atlantique connaît par exemple des chutes drastiques de température, notamment à Biarritz où le mercure est passé de 40°C dimanche à 22°C ce lundi, alors que la majorité du pays est confrontée à une hausse des températures.
Cette tendance à confondre réchauffement climatique et dérèglement climatique reste fréquente et s’explique par un autre amalgame répandu : celui entre “météo” et “climat”. S’il est vrai que le premier permet de prendre la température et de constater les changements atmosphériques à un instant T, le deuxième désigne au stricto sensu les tendances météorologiques, observées sur plusieurs décennies, et plus précisément sur une période de trente ans minimum.
Autrement dit, il est erroné de se faire une idée de l’avancement du dérèglement climatique uniquement en mettant le nez dehors pour vérifier quel temps il fait. Même en temps de canicule, affirmer que la terre se réchauffe seulement parce que le thermomètre grimpe de façon spectaculaire pendant trois jours constitue un raccourci. En revanche, il est correct d’arguer que le dérèglement climatique entraîne l’amplification et la fréquence accrue des canicules et des vagues de chaleur. Ce lien de cause à effet correspond à ce que les chercheurs appellent "la science de l'attribution", en plein essor depuis les années 2000.
Une question d'échelle et de temporalité
Depuis cette période, des études déterminent dans quelle mesure les hausses de température ou la survenue d’événements climatiques extrêmes (vague de chaleur, inondation, séisme, feux de forêt, etc) sont susceptibles de s’amplifier à cause du dérèglement climatique provoqué par l’activité humaine. En janvier 2024, des chercheurs américains du MIT ont par exemple mis au point un outil pour prédire la fréquence des super-ouragans. Selon leurs prévisions, des inondations similaires à celles survenues lors de l'ouragan Sandy pourraient se produire environ tous les trente ans d'ici à la fin du siècle.
En résumé, la différence majeure qui existe entre météo et climat s'explique par les notions d'échelle et de temporalité. La météo se base sur des conditions atmosphériques quotidiennes et éphémères, tandis que le climat désigne des tendances météorologiques pérennes sur une période à long terme. Une métaphore couramment utilisée pour expliquer simplement cette nuance est celle de la garde-robe : si la météo nous permet de savoir pour quelle tenue vestimentaire opter le jour-même, le climat lui nous donne des indications sur le type d'habits dans lequel il faut investir lorsque l'on vit dans une région spécifique ou si l'on part plusieurs semaines explorer une autre contrée !
Comme le résume l'ingénieur consultant en énergie climat Jean-Marc Jancovici sur son site internet : "Une autre grande différence entre climat et météo est que le climat n’est pas uniquement déterminé par ce qui se passe dans l’atmosphère (...). En effet, le fonctionnement de la machine climatique est conditionné par énormément d’éléments". En mentionnant les éléments, le fondateur du think tank écologique "The Shift Project" fait référence à de nombreux structures géologiques et écosystèmes qui façonnent le climat tels que les volcans, les océans, les glaces polaires, la végétation, etc.