Enseigner la santé environnementale dans les facs de médecine : un enjeu crucial

AFP/Relaxnews Agence de Presse

Plus de cours relatifs à la santé climatique sur les bancs des facs de médecine : c'est l'objet des revendications de tout un groupe d'étudiants, dont la voix a été relayée dans un article publié début août dans la revue Nature Medicine. Baptisé "Students for Environmental Action in Medicine", le groupe est composé d'élèves en médecine à la Harvard Medical School (États-Unis). Ces derniers exigent une réforme du programme d'études et suggèrent des moyens de la mettre en œuvre. En 2022, un programme pilote d'enseignement a été mis en place au sein de l'école de médecine de la prestigieuse fac, pour aborder la santé pulmonaire et cardiaque sous l'angle de la crise climatique, par exemple en étudiant les problèmes cardio-respiratoires liés aux changements de température et à la pollution de l'air.

Un essai qui a porté ses fruits et abouti à une collaboration de longue haleine entre les étudiants et le corps enseignant, qui discutent et élaborent ensemble des programmes pour mieux intégrer le sujet des changements climatiques aux cursus universitaires. L'idée est de faire de l'écologie une thématique transverse en incluant la question de la santé environnementale dans chaque cours, afin de ne pas ajouter une charge supplémentaire aux programmes d'enseignement (déjà très riches) des études de médecine.

250 000 décès supplémentaires par an entre 2030 et 2050

Mais il n'y a pas qu'à Harvard que cette question est discutée. Comme le mentionne l'article paru dans Nature Medicine, 55% des 150 écoles de médecine et hôpitaux universitaires interrogés chaque année aux États-Unis ont inclus le changement climatique dans un cours obligatoire ou facultatif en 2022. En France, l'idée fait aussi son chemin. Depuis la rentrée 2023, un module obligatoire de six heures sur la "santé environnementale" est déployé dans une trentaine d'universités de médecine. Adressé aux étudiants en deuxième ou troisième année de médecine, le programme vise à former les étudiants sur les conséquences sanitaires de la dégradation de la planète, ainsi que sur l'impact de notre système de santé sur l'environnement.

Depuis ces dernières décennies, les preuves que les phénomènes climatiques extrêmes (incendies de forêt, inondations, sécheresses, vagues de chaleur, tempêtes, ouragans, etc) ont des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale se multiplient dans la littérature scientifique. Une récente étude a par exemple démontré comment la fumée inhalée lors de feux de forêt peut accroître le risque de démence. Selon des estimations de l'Organisation mondiale de la santé, près de 250 000 décès supplémentaires par an entre 2030 et 2050, pourraient être imputés uniquement à la dénutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur.