Lupus : puis-je avoir un enfant ?
Atteinte de lupus, vous craignez les conséquences de la maladie sur une éventuelle grossesse… Pourtant, en planifiant cet événement et avec une prise en charge adaptée, il est possible de donner la vie sereinement.
Maladie chronique, le lupus érythémateux systémique touche principalement les femmes. Le système immunitaire présente des anomalies et se retourne contre les cellules de l'organisme, causant des symptômes divers : éruption cutanée, arthrite, atteinte des reins, anémie...
Lupus : des contre-indications rares à la grossesse
Pendant longtemps, les médecins contre-indiquaient à leurs patientes touchées par cette affection de concevoir un enfant. "Depuis les années 80, la consigne a changé", relève le professeur Nathalie Costedoat-Chalumeau, spécialiste du sujet. "Les contre-indications définitives sont rares et concernent une minorité de femmes, lorsqu’elles présentent une hypertension artérielle pulmonaire ou une insuffisance rénale chronique. Et encore, ce n’est pas systématique !". Il est toutefois recommandé de différer le projet d’enfant, si l’activité du lupus n’est pas contrôlée.
Vous prévoyez une grossesse ? Parlez-en d'abord à votre médecin qui pourra vous adresser à un centre de référence, faire le point sur votre santé et vous conseiller. Certains traitements sont déconseillés aux femmes enceintes : il vous faudra alors envisager d'en changer.
Lupus et fertilité : gare à l’Endoxan
Après avoir reçu le feu vert d'un spécialiste, votre lupus ne consistera pas un obstacle à la conception d'un enfant. La maladie n’affecte pas la fertilité.
Seul le cyclophosphamide (Endoxan), médicament utilisé dans des cas sévères, peut donner lieu à une insuffisance ovarienne précoce, quand il est utilisé à fortes doses. Mais il est de moins en moins prescrit aux femmes en âge de procréer.
Lupus :un suivi-prénatal plus attentif
Durant ces neuf mois, vous serez surveillée de près, par l’obstétricien et votre médecin. Votre grossesse restera considérée comme "à risque".
Selon Nathalie Costedoat-Chalumeau, "le lupus seul ne cause pas de fausse-couche. Mais, lorsque la maladie s’associe à un syndrome des antiphospholipides, qui peut entraîner des thromboses, ce risque augmente. Tout comme celui de mort fœtale ou de pré-éclampsie. Dans ce cas, nous prescrivons de l’aspirine ou un anticoagulant". Certaines femmes découvrent justement ce syndrome en rencontrant des problèmes lors d’une grossesse.
En ce qui concerne les symptômes du lupus, ils ne s’aggravent pas – ou peu – lorsqu’on attend un enfant, si ce projet a été préparé en amont avec un spécialiste, dans une période propice. Les femmes avec un lupus actif, notamment dans les six mois précédent la grossesse ont plus de risque de poussée de la maladie.
Lupus après la naissance : pas de transmission héréditaire et un allaitement possible
Rassurez-vous : cette affection auto-immune ne se transmet généralement pas au fœtus.
Le "lupus néonatal" est une complication très rare qui peut survenir lorsque la mère est porteuse de l’anticorps anti-SSA, associé à la maladie. "Comme tous les anticorps, il passe chez le bébé. Il cause, dans moins de 1 % des cas, un problème sur le circuit électrique du cœur du fœtus et une prise en charge très spécifique est alors nécessaire", poursuit Nathalie Costedoat-Chalumeau. Une atteinte cutanée transitoire apparaît parfois et disparaît ensuite sans séquelles.
Enfin, si vous désirez allaiter, sachez que le lupus ne constitue pas une contre-indication. Cependant, il faudra peut-être adapter votre traitement, car certains médicaments ne sont pas compatibles avec ce choix.