Le traitement chirurgical de la hernie discale
Principale cause de la sciatique, la hernie discale peut être opérée dans certains indications. Cette chirurgie suscite de nombreuses questions. Quand faut-il opérer ? Quelles sont les suites de l’opération ? Le point avec deux chirurgiens spécialistes du rachis, le Dr Manuel Delhaye et le Dr Sébastien Charosky.
Les causes de la hernie discale
Parmi les douleurs du dos, la souffrance liée à une hernie discale est très fréquente. Ce disque intervertébral (sorte de coussinet entre deux vertèbres) s’abîme et présente une excroissance, souvent postérieure, entrant en conflit avec des racines nerveuses. Dans la grande majorité des cas, une hernie discale concerne les dernières vertèbres lombaires (L5-S1) et entraîne fréquemment une compression du nerf sciatique (douleur dans l’arrière de la cuisse), voire une cruralgie (douleur dans l’avant de la cuisse).
Si ce phénomène touche principalement les personnes jeunes (35 ans, en moyenne), les causes de la hernie discales sont encore mal connues pour le corps médical. "Cela peut faire suite à un effort mal maîtrisé mais dans la plupart des cas, nous ne connaissons pas vraiment les causes", souligne le Dr Manuel Delhaye, chirurgien au Centre francilien du dos.
Dans 80 % des cas, la douleur de sciatique s’améliore très nettement en moins d’un mois alors que la hernie discale est toujours présente. "Il s’agit d’une évolution spontanée qui permet à la majeure partie des patients de ne pas être opérés", explique le Dr Manuel Delhaye.
Si les douleurs persistent, il est conseillé de faire le point avec un rhumatologue après 4 à 6 semaines de douleurs persistantes et de décider alors de la conduite à tenir. "Seuls 5 à 10 % des cas nécessitent une intervention chirurgicale", poursuit le chirurgien, le reste des cas pouvant être traités par une rééducation du rachis.
Hernie discale : quand faut-il se faire opérer ?
L’intervention chirurgicale est conseillée dans deux cas de figure :
- Lorsque la douleur est difficilement supportable et ne diminue pas malgré les médicaments pris pendant le traitement (antalgiques, corticoïdes, anti-inflammatoires, morphine…) ou malgré les infiltrations, et les séances de rééducation ;
- Lorsque des atteintes neurologiques apparaissent : douleur, voire paralysie d’un membre inférieur ou d’un sphincter, déficit sensitif, etc.
Comment se déroule une opération de hernie discale ?
L’intervention chirurgicale se déroule sous anesthésie générale et dure entre 30 et 45 minutes. La personne est hospitalisée de 24 à 72 heures.
"On va accéder au canal lombaire et passer entre deux vertèbres pour exciser la hernie. Il s’agit d’une intervention qui laisse une petite cicatrice de 3 à 5 cm", explique le Dr Sébastien Charosky.
Dans "90 % des cas", l’intervention donne de "bons résultats". Dans certains cas rares, il arrive qu’une hernie réapparaisse quelques années plus tard au même endroit. Il est alors possible de procéder à une nouvelle intervention chirurgicale. "Ensuite, si la hernie revient une nouvelle fois, on peut alors envisager une arthrodèse, c’est-à-dire une fixation de deux vertèbres entre elles", ajoute le Dr Charosky. Cette technique ne doit être envisagée qu’en dernier recours, l’arthrodèse provoquant des immobilisations souvent néfastes pour la colonne.
Hernie discale : les suites du traitement chirurgical
Après l’intervention, la personne est en principe capable se lever et d’effectuer des mouvements simples. Pendant les trois semaines qui suivent l’intervention, il est conseillé de limiter les activités : pas de séances de kinésithérapie ni de sport, le temps que la cicatrisation se fasse.
Au bout d’un mois, après une nouvelle consultation médicale, le travail de renforcement musculaire peut commencer. C’est aussi le moment d’apprendre les gestes efficaces pour protéger le dos s’ils n’ont pas déjà été communiqués. La reprise du travail peut être envisagée un mois en moyenne après l’intervention chirurgicale pour les travailleurs sédentaires et deux mois pour les personnes ayant un travail physique.
Si la personne souffrait avant l’intervention de lombalgies qui n’étaient pas liées à la hernie, il est possible que des douleurs résiduelles persistent. "Il est important de prévenir les patients qu’ils peuvent conserver cette douleur", souligne le Dr Sébastien Charosky. En dehors de ce cas de figure, l’intervention ne laisse pas de séquelle particulière.
Les complications possibles de la chirurgie
L’opération d’une hernie discale fait parfois peur et de nombreuses personnes refusent de se faire opérer. Rappelons que cette opération, comme toute intervention chirurgicale comporte des risques et des complications possibles même si celles-ci sont rares (hématome, difficultés pour uriner, lésion d’un nerf, infection…), voire exceptionnelles (paralysie partielle des membres inférieurs…). Décider de se faire opérer n’est pas un acte anodin.
Si vous êtes concerné par une hernie discale, consultez un rhumatologue et un chirurgien. "Des études montrent que la résorption de la hernie est identique à cinq ans après ou sans chirurgie. Il ne s’agit donc pas de se faire opérer à tout prix. Mais uniquement quand la douleur est intolérable, il est temps de penser à l’intervention", conclut le Dr Sébastien Charosky.