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  • Maladie Alzheimer : un médicament issu d'une mutation islandaise pourrait guérir et protéger le cerveau

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    David Bême
    David Bême Rédacteur en chef

    Une molécule "pseudo-prion" protège le cerveau de la maladie d'Alzheimer chez la souris

    Une mutation protectrice d'Alzheimer découverte dans la population islandaise va-elle bouleverser la prise en charge de cette maladie neurodégénérative ? Des résultats prometteurs chez la souris témoignent d'un effet curatif et préventif en une seule injection.

    La maladie d’Alzheimer se manifeste d’abord par des pertes de mémoires, suivies au cours des années par des troubles cognitifs plus généraux et handicapants. Environ 900 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer aujourd’hui en France. Elles devraient être 1,3 million en 2020, compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie.

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    Deux protéines à l'origine de la maladie d'Alzheimer

    L’hypothèse la plus partagée aujourd’hui sur l’origine de cette maladie neurodégénérative est que le cerveau des patients présentent deux types de lésions : les dépôts amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. Chacune de ces lésions est associée à une protéine : le peptide ß‑amyloïde pour les dépôts amyloïdes, et la protéine tau phosphorylée pour les dégénérescences neurofibrillaires.

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    L’accumulation de ces deux protéines est à l’origine de lésions qui altèrent les neurones et leurs synapses, entraînant à terme l’incapacité de créer de nouveaux souvenirs. Aujourd’hui, les traitements restent très limités, malgré l’arrivée récente de médicaments sur le marché.

    Une protéine protectrice découverte dans le cerveau des Islandais

    Face à cette maladie, les recherches sont nombreuses et une étude conduite sur un modèle animal mérite qu’on s’y attarde. Pour tenter d’enrayer ces processus, les scientifiques ont injecté pour la première fois dans le cerveau de souris modèle de la maladie une protéine amyloïde-β mutée (mutation islandaise). Découverte il u a une dizaine d'années, cette protéine appelée amyloïde-βice, très rare, a été découverte chez certaines personnes originaires d’Islande qui présentent un vieillissement cognitif amélioré et ne développent jamais de maladie d'Alzheimer.

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    La thérapie par les pseudo-prions Aβice réduit les lésions toxiques de la maladie d'Alzheimer, protège les cellules du cerveau de la maladie et permet de protéger la mémoire.

    Et les résultats ont été très surprenants : les chercheurs ont constaté un retour des synapses à leur état normal et une absence des pertes de mémoire caractéristiques de la maladie. L’administration de cette protéine modifiée protègerait ainsi le cerveau des souris étudiées de l’ensemble des dysfonctionnements liés à la maladie. Plus encore, les scientifiques ont montré qu’une seule administration est nécessaire pour enclencher cette protection qui agit pendant plusieurs mois.

    Vers une nouvelle classe de médicaments protecteurs

    Ces résultats vont à l’encontre de l’hypothèse scientifique aujourd’hui majoritaire qui s’accordait sur le fait que l'administration de protéines amyloïde-β ne pouvaient qu’amplifier la pathologie, car elles se comportent comme des protéines "pseudo-prion" (une protéine capable de changer de forme et de passer d’une forme normale à une forme anormale nocive pour le cerveau et capable de propager cette anormalité aux cellules alentours – c’est le cas pour des maladies neurodégénératives comme la maladie de la vache folle ou la maladie de Creutzfeldt-Jakob).

    Cette étude est donc la première fois qui montre, chez la souris, que des protéines amyloïde-β "pseudo-prion" peuvent protéger le cerveau des atteintes caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. Ce résultat pourrait ainsi être le point de départ d’une nouvelle catégorie de thérapies préventives pour traiter les personnes atteintes de maladies neurodégénératives à des stades précoces et bloquer l’évolution de la pathologie, grâce à l’injection de prions protecteurs.


    Sources
    • Célestine M, Jacquier-Sarlin M, Borel E, Petit F, Lante F, Bousset L, Hérard AS, Buisson A, Dhenain M. Transmissible long-term neuroprotective and pro-cognitive effects of 1-42 beta-amyloid with A2T icelandic mutation in an Alzheimer's disease mouse model. Mol Psychiatry. 2024 Jun 14. doi: 10.1038/s41380-024-02611-8. Epub ahead of print. PMID: 38871852.
    • Communiqué du CNRS - 14 juin 2024
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