Maladies d'origine génétique, les syndromes myasthéniques congénitaux touchent une personne sur 250 000 seulement. Ils se manifestent souvent dès la naissance par une faiblesse musculaire qui est particulière car fluctuante et majorée par l'effort. Des traitements efficaces sont disponibles.
Syndromes myasthéniques congénitaux : à ne pas confondre avec…
En dépit de leur nom, les syndromes myasthéniques congénitaux ne doivent pas être confondus avec deux autres maladies rares, le syndrome myasthénique de Lambert Eaton et la myasthénie auto-immune. Elles sont liées à un dérèglement du système de défense de l’organisme (immunitaire).
Les syndromes myasthéniques congénitaux n’ont pas une origine immunitaire mais génétique : des anomalies (mutation) d’un gène entrainent le déficit ou la formation anormale d’une protéine, ce qui provoque des perturbations du fonctionnement de la jonction neuromusculaire.
Cette jonction, aussi appelée synapse neuromusculaire, estla zone de communication entre le nerf (qui commande le mouvement) et le muscle (qui agit).
Une classification de plus en plus fine La première description d’un syndrome myasthénique congénital ne date que de 1982. Depuis, les médecins en ont identifié différentes formes. Elles sont aujourd’hui classées en plusieurs sous-groupes, en fonction notamment de la localisation de l’atteinte au niveau de la jonction neuromusculaire. Il existe ainsi des syndromes myasthéniques congénitaux :
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Des symptômes musculaires
En cas de syndrome myasthénique congénital, la transmission du signal de contraction (influx nerveux) délivré par le nerf au muscle est altérée. Cette altération se manifeste par une faiblesse musculaire, présente dès la naissance ou les premiers mois de vie dans la majorité des cas, d’où l’adjectif "congénital". Néanmoins, les premiers symptômes peuvent aussi apparaitre plus tard dans l’enfance, voire à l’âge adulte.
L’intensité de la faiblesse musculaire est variable selon les personnes, le type de syndrome myasthénique congénital en cause et l’âge auquel il a commencé à se manifester. Elle peut être généralisée à tout le corps, ou localisée à certains groupes de muscles seulement, souvent ceux de la tête et du cou, parfois ceux des membres ou encore les muscles respiratoires.
D’autres membres de la famille peuvent présenter les mêmes symptômes (les anomalies génétiques se transmettent d’une génération à l’autre), mais ce n’est pas toujours le cas. Une personne peut être la seule de sa famille à être atteinte d’un syndrome myasthénique congénital. On parle alors de cas "sporadique".
Les manifestations du syndrome myasthénique congénital Selon son type et son âge de survenue, un syndrome myasthénique congénital peut se manifester par :
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Les symptômes fluctuent souvent dans la journée (maximaux le soir) et d’un jour à l’autre. Ils tendent à s’aggraver à l’effort, mais aussi en cas de stress intense ou de fièvre. En revanche, ils ne s’aggravent généralement pas au fil des années. Ils peuvent même s’améliorer, voire disparaître ultérieurement de façon spontanée ou sous l’effet du traitement, pour certaines formes du nourrisson.
Un diagnostic parfois retardé de plusieurs années
En raison de leur rareté, les syndromes myasthéniques congénitaux sont peu ou mal connus des médecins non spécialisés dans les maladies neuromusculaires. Le diagnostic est donc parfois évoqué de façon tardive.
La localisation de la faiblesse musculaire, son caractère fluctuant, son aggravation par l’exercice et son caractère éventuellement familial sont autant d’éléments évocateurs d’un syndrome myasthénique congénital. L’examen clinique et l’enregistrement de l’activité électrique des muscles (électromyogramme) apportent des arguments supplémentaires en faveur du diagnostic. Pour le confirmer, il faut réaliser des tests génétiques à la recherche de mutations dans un gène connu pour donner un syndrome myasthénique congénital.
Près de 30 de ces gènes ont été identifiés depuis 1995. Il en reste encore à découvrir, puisque le test génétique n’est positif que pour 50 à 60 % des personnes atteintes d’un syndrome myasthénique congénital. Pour les autres, le médecin peut proposer un prélèvement (biopsie) de muscle pour analyser les synapses neuromusculaires.
Il peut également proposer un test thérapeutique, c’est-à-dire l’essai d’un ou de plusieurs médicaments efficaces dans certains syndromes myasthéniques congénitaux. Un tel test exige une prescription et un suivi par un spécialiste. En effet, un même médicament peut améliorer un sous-groupe donné de syndromes myasthéniques congénitaux, mais aggraver les autres.
Plusieurs médicaments disponibles contre les syndromes myasthéniques congénitaux
Ces traitements agissent, non pas sur la cause génétique de la maladie, mais sur ses conséquences : la perturbation du fonctionnement de la jonction neuromusculaire et la faiblesse musculaire qui en résulte. Le médecin peut prescrire un ou plusieurs des médicaments suivants :
- Un anticholinestérasique ;
- L’éphédrine ;
- Le salbutamol ;
- La 3,4-diaminopyridine ;
- La quinidine ;
- La fluoxétine.
Chacun d’entre eux est indiqué dans un ou plusieurs types de syndrome myasthénique congénital. Le choix du ou des médicaments se fait donc en fonction de ce type et de l’importance des manifestations de la maladie. Ils peuvent entrainer une amélioration très importante des symptômes, mêmes lorsqu’ils sont sévères.
Des mesures complémentaires
D’autres modalités de traitement, non médicamenteuses, s’avèrent souvent nécessaires pour prévenir ou réduire les complications éventuelles de la maladie.
La kinésithérapie permet par exemple d’entretenir la musculature et de limiter le risque de rétraction musculaire. Des séances d’orthoptie (rééducation des yeux) et/ou d’orthophonie (pour les difficultés à s’alimenter et les modifications de la voix) peuvent également être indiquées. Une atteinte des muscles respiratoires rend nécessaire des séances de kinésithérapie respiratoire, voire une assistance à la ventilation.
Attention à l’automédication !
Certains médicaments courants, utilisés pour traiter d’autres maladies, sont formellement contre-indiqués lorsque l’on a un syndrome myasthénique congénital. C’est le cas des antibiotiques de la famille des fluoroquinolones et des benzodiazépines. D’autres médicaments sont à utiliser avec précaution, comme les bêtabloquants. En cas de doute, il faut demander avant l’avis de son médecin ou de son pharmacien.
Pour limiter les risques, il faut également avertir que l’on est porteur d’un syndrome myasthénique congénital tous les professionnels de santé consultés (médecin généraliste comme spécialiste, chirurgien-dentiste …). En complément, il est également conseillé de leur présenter, et de toujours avoir sur soi, sa Carte de soins et d'urgence Maladies neuromusculaires. Elle comporte des informations importantes sur l’état de santé et les médicaments contre-indiqués, ainsi que des recommandations pour l’anesthésie, locale et générale.
Se faire suivre par des professionnels de santé experts
La Carte de soins et d’urgence Maladies neuromusculaires est délivrée et mise à jour de façon régulière par les équipes des consultations spécialisées en maladies neuromusculaires. Ces centres experts sont structurés en une filière de santé des maladies rares neuromusculaires (Filnemus). Ils réunissent les compétences de plusieurs intervenants : neurologue, pneumologue, médecin de rééducation, kinésithérapeute, psychologue…
Il existe des consultations spécialisées en maladies neuromusculaires dans toutes les régions de France. Leurs coordonnées figurent sur le site de l’AFM-Téléthon et sur celui du réseau Filnemus. Leur expertise est primordiale à l’étape du diagnostic comme pour le suivi dans la durée, qui tous deux nécessitent une excellente connaissance des syndromes myasthéniques congénitaux.
Pour s’informer sur le mode de transmission de la maladie et sur le risque de la développer ou de la transmettre dans l'avenir, il faut prendre rendez-vous pour une consultation de conseil génétique, dans un centre hospitalier. Elle est réalisée par un médecin généticien ou par un conseiller en génétique.
S’agit-il d’une maladie héréditaire ? Selon le type de syndrome myasthénique congénital en cause, l’anomalie génétique à l’origine de la maladie se transmet aux descendants selon le mode autosomique :
En cours de grossesse, un diagnostic prénatal peut être proposé sous certaines conditions (formes graves, anomalie génétique identifiée) pour savoir si l’enfant à naître sera malade ou pas. |
La recherche continue contre les syndromes myasthéniques congénitaux
Les médecins et les chercheurs ont réalisé des progrès considérables ces trois dernières décennies dans la connaissance des mécanismes à l’origine des syndromes myasthéniques congénitaux et leurs traitements.
Les travaux de recherche se poursuivent. Certains portent sur l’étude fine du fonctionnement de la jonction neuromusculaire et des mécanismes de la maladie à l’échelle cellulaire. D’autres s’attachent à découvrir de nouveaux gènes impliqués et à mieux définir les caractéristiques spécifiques des différents sous-groupes de syndromes myasthéniques congénitaux. D’autres enfin portent sur les traitements, avec notamment l’essai de nouveaux médicaments.
Le réseau français Syndromes myasthéniques congénitaux regroupe les experts médico-scientifiques qui travaillent sur ces maladies. Créé en 2001 par des médecins et des chercheurs de l'Institut de Myologie (Paris), ce réseau a développé une base de données. Elle rassemble des informations médicales de plus de 300 personnes atteintes d’un syndrome myasthénique congénital en France. Cette base de données contribue à faire progresser les connaissances. Elle facilite également le recrutement pour les essais cliniques.
● Le site de l’AFM-Téléthon comporte une page dédiée aux syndromes myasthéniques congénitaux ainsi qu’un récapitulatif détaillé des avancées de la recherche sur ces maladies, actualisé tous les ans.
● Consacré aux maladies rares et aux médicaments orphelins, le site Orphanet publie des informations sur les syndromes myasthéniques congénitaux et en liste les centres experts.
● Le site américain Clinical Trials répertorie des essais cliniques menés dans le monde sur les syndromes myasthéniques congénitaux.