Les jeunes générations en danger : une étude confirme l'augmentation alarmante des taux de cancer

David Bême Rédacteur en chef

Une nouvelle étude de grande envergure menée par des chercheurs de l' American Cancer Society (ACS) suggère que les taux d'incidence continuent d'augmenter chez les jeunes générations pour 17 des 34 types de cancer, notamment les cancers du sein, du pancréas et de l'estomac. Les tendances de mortalité ont également augmenté en conjonction avec l'incidence des cancers du foie (chez les femmes uniquement), du corps de l'utérus, de la vésicule biliaire, des testicules et colorectal. Le rapport sera publié aujourd'hui dans la revue The Lancet Public Health.

Un boom de 17 cancers, y compris ceux habituellement associés aux personnes âgées

Pour conduire leur étude, les chercheurs ont obtenu les données d’incidence de 34 types de cancers de plus de 23 millions d’Américains et les données de mortalités de plus de 7 millions pour 2 types de cancers sur une période de près de 20 ans (entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre). En analysant ces données par générations, les chercheurs ont constaté que les taux d'incidence augmentaient avec chaque cohorte de naissance successive née depuis environ 1920 pour huit des 34 cancers.

En particulier, le taux d'incidence était environ deux à trois fois plus élevé dans la cohorte de naissance de 1990 que dans la cohorte de naissance de 1955 pour les cancers du pancréas, du rein et de l'intestin grêle pour les hommes et les femmes ; et pour le cancer du foie chez les individus de sexe féminin.

En outre, les taux d'incidence ont augmenté dans les cohortes plus jeunes, après une baisse dans les cohortes de naissance plus âgées, pour 9 des cancers restants, dont le cancer du sein (positif aux récepteurs d'œstrogènes uniquement), le cancer du corps utérin, le cancer colorectal, le cancer gastrique non cardiaque, le cancer de la vésicule biliaire, le cancer de l'ovaire, le cancer des testicules, le cancer anal chez les hommes et le sarcome de Kaposi chez les hommes.

Enfin, les taux de mortalité ont augmenté dans les cohortes de naissance de plus en plus jeunes, parallèlement aux taux d’incidence du cancer du foie (femmes uniquement), du corps utérin, de la vésicule biliaire, des testicules et du cancer colorectal.

Des facteurs de risque à clarifier

"Ces résultats viennent s’ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses d’un risque accru de cancer chez les générations post-baby-boomers, en élargissant les résultats antérieurs sur le cancer colorectal à apparition précoce et quelques cancers associés à l’obésité pour englober un éventail plus large de types de cancer", a déclaré le Dr Hyuna Sung, principal auteur de l’étude. Les chercheurs avouent cependant qu’au-delà de cette tendance, ils n’ont pas encore d’explication claire de la raison pour laquelle ces taux augmentent.

"Ces données soulignent le besoin crucial d’identifier et de traiter les facteurs de risque sous-jacents dans les populations de la génération X et de la génération Y afin d’éclairer les stratégies de prévention" ajoute le Dr Ahmedin Jemal, auteur de l’étude.

L'importance du dépistage précoce et de la prévention

Le fardeau croissant du cancer pour les jeunes générations rend urgent l’identification des facteurs de risques à l’origine de cette tendance, mais également la mise en place de politiques de santé publique permettant de lutter plus efficacement contre ceux déjà bien identifiés (lutte contre le tabagisme, l’excès d’alcool, l’obésité, la pollution, les aliments ultra transformés, vaccination contre des agents infectieux à l’origine de cancers…). Enfin, l’amélioration du dépistage (y compris pour le cancer du poumon) et l’accès aux traitements optimaux sont également des éléments-clés en plus de la prévention.