Pourquoi y a-t-il plus de cancers en France qu’en Europe ? Deux raisons sont bien identifiées
Dans son dernier rapport consacré à la France, l'Organisation européenne du cancer (ECO) révèle que notre pays n’est pas forcément un bon élève en ce qui concerne les facteurs de risques mais également en ce qui concerne le dépistage face à ses voisins européens. Plusieurs améliorations sont urgentes.
Si la France est active dans la lutte contre le cancer et dispose de bons instituts pour la prise en charge des malades et de professionnels compétents, il semble que ce ne soit pas encore assez. Selon un rapport de l'Organisation européenne du cancer (ECO) mené sur notre pays et publié ce 13 mai 2024, le cancer reste la première cause de décès de France et certains indicateurs sont toujours alarmants.
Trop de fumeurs... et trop peu d’oncologues
Que nous apprend ce rapport ? Que la France est toujours le deuxième pays où l‘on fume le plus en Europe. Un tabagisme excessif qui tue plus de 48 000 Français chaque année, soit jusqu’à 60 % de plus que dans d’autres pays européens.
Mais ce n’est pas le seul facteur aggravant de cette analyse. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte :
- Nous souffrons d’une pénurie de personnel : La France compte 1,52 oncologues pour 100 000 habitants, alors que la moyenne européenne est de 3,242, soit deux fois plus ;
- 30% de la population française vit dans un désert médical, affectant particulièrement les zones rurales et les populations âgées ;
- Le dépistage reste insuffisant : le taux de dépistage du cancer colorectal par exemple en France n’est que de 34 %, bien loin des 80% atteints ailleurs en Europe ;
- Des inégalités de niveau de vie subsistent : le taux de survie à 5 ans des hommes atteints de cancer colorectal issus des zones les plus défavorisées est inférieur de 6,4 points au taux de ceux des zones plus favorisées ; cette différence est de 5,5 points chez les femmes et atteint 15 points pour certains cancers.
Il est temps d’accélérer les actions anti-cancers en Europe
En publiant ces constat, l’Organisation européenne du cancer ne souhaite pas seulement pointer les mauvais chiffres, mais parler de prochains objectifs. L’ECO a ainsi lancé le Manifeste Européen contre le cancer, qui comprend des objectifs clairs en amont des élections européennes :
- Adopter un âge minimum de 21 ans pour la vente de tabac ("tabac 21") pour parvenir à une génération sans tabac d'ici 2040 ;
- Taxer les nouveaux produits à base de tabac et de nicotine au même titre que les cigarettes et augmenter les taux d'imposition sur les cigarettes et le tabac fine coupe ;
- Élaborer un plan d’action européen pour le personnel de santé, comprenant des mesures claires contre les pénuries de professionnels en oncologie à travers l’Europe, dont la réduction de la bureaucratie hospitalière et l’amélioration de la qualité de vie au travail ;
- Mettre en place une évaluation standardisée de toutes les sources majeures d’inégalités dans l’accès aux soins en oncologie et des actions politiques concrètes pour corriger les différences constatées.