Cancer : trop peu de malades bénéficient de soins de support
La Ligue contre le cancer publie son 9e observatoire sociétal des cancers, ce 20 septembre. L’occasion pour l’association de dénoncer les inégalités qui subsistent entre les malades du cancer dans l’accès aux soins de support, en fonction de leur âge, leur situation financière ou leur localisation géographique.
Pour cette nouvelle édition de son observatoire sociétal des cancers, la Ligue contre le cancer s’est intéressée à la prise en charge des conséquences du cancer. Soins de support, coordination des soins, crise sanitaire… Les résultats montrent de profondes inégalités.
Les profils vulnérables davantage touchés
On compte à l’heure actuelle environ 3,8 millions de Français âgés de 15 ans et plus, touchés par la maladie en France, selon les estimations de la Ligue. Selon Lucie Vialard-Arbarotti, chargée de mission pour l’Observatoire sociétal des cancers, "84% des répondants à l’enquête, quelle que soit l’ancienneté du diagnostic, ressentent au moins une conséquence physique ou psychologique en lien avec la maladie ou ses traitements". Majoritairement des personnes au profil vulnérable, des femmes souvent, des personnes aux revenus moins élevés, celles qui ont connu un parcours de soins complexe...
Moins d’une personne sur trois en APA
Ce sont justement ces personnes qui ont le plus besoin de soins de support et d’accompagnement. L’activité physique adaptée est particulièrement recommandée dans ce cas puisqu’elle regroupe les activités sportives accessibles à une personne en situation de handicap ou de maladie chronique.
Cependant, d’après les conclusions de l’étude, en France "seules 26% des personnes souffrant de fatigue chronique sont orientées vers l’activité physique adaptée".
Soins de support : un manque d’information et d’orientation
La majorité (61%) est orientée vers un kinésithérapeute, quand pour "24% des personnes, malgré leurs séquelles, n’ont été orientées vers aucun soin de support depuis le début de leur parcours". Selon Lucie Vialard-Arbarotti, ce chiffre n’est pas surprenant.
"C’est justement ce constat, venu des comités départementaux qui nous a poussé à travailler sur cet aspect : il existe un manque d’information des patients sur les soins de support, qui sont des soins à part entière qui permettent de lutter contre les récidives de la maladie ; c’est pourquoi la Ligue plaide pour rendre la consultation de fin de traitement systématique, afin que les patients soient informés des soins de support et se tourner vers nous si besoin" détaille la chargée de mission.
[#MonSOS]👀Zoom sur les soins de support : savez-vous à quoi ils servent ?
— la Ligue contre le cancer (@laliguecancer) September 19, 2022
✅Des études prouvent qu’ils peuvent contribuer à ↗️ la rémission et ↘️ la récidive.
👨⚕️N’oubliez pas de demander l’avis du médecin.
🧘Objectif : améliorer le quotidien des personnes malades & des aidants. pic.twitter.com/qVFc2hGjAg
D'importantes disparités financières ou géographiques
La Ligue souligne aussi "le manque d’offre sur certains territoires, le manque d’effectifs, ou encore les problèmes financiers peuvent également entraver une prise en charge adéquate des conséquences du cancer".
En effet, "19% des participants qui n’ont pas consulté l’ensemble des professionnels recommandés y ont renoncé pour des raisons financières ou d’accessibilité géographique". Pour Lucie Vialard-Arbarotti, "le financement des professionnels de santé et des structures adéquates sera nécessaire à un moment donné, les pouvoirs publics ne pourront plus reculer".
Un manque de communication
Plus inquiétant : d’après les réponses recueillies par la Ligue, "53 % des répondants ont perçu un manque de coordination entre les différents professionnels qui les accompagnent". D'après Lucie Vialard-Arbarotti, cela reflète le manque criant d’infirmières de coordination. "Il y a une véritable nécessité de financer ce type de poste de façon pérenne. Encore une fois, on est face à des disparités géographiques : dans les lieux où elles existent, elles peuvent orienter efficacement les malades, c’est un cercle vertueux. Là où elles ne sont pas, les patients doivent chercher les informations seuls".
La crise du Covid a aggravé la situation
Dernier point : la crise sanitaire. L’étude rapporte un moins bon degré de satisfaction émanant des malades vivant dans les départements les plus touchés par la maladie. "On peut l’expliquer par le fait que les soignants ont été très accaparés par le Covid, mais dès la deuxième vague, les centres de cancérologie ont rattrapé leur retard et les malades ont pu reprendre leurs traitements" indique enfin la chargée de mission, qui tient toutefois à conclure sur une note positive en rappelant que "la grande majorité des malades est globalement satisfaite de la prise en charge de sa maladie".