Hypertension artérielle : serait-elle responsable de provoquer une névrose ?
Il est connu que les personnes présentant une névrose ont plus de risques de développer une maladie chronique, comme certaines maladies cardiovasculaires. Et si l’inverse était possible ? L’hypertension artérielle pourrait être responsable de l’apparition de névroses ? Explications.
Pathologie cardiovasculaire très répandue, l’hypertension artérielle (HTA) a des effets sur l’organisme qui sont bien connus. En revanche, son impact sur notre psychisme a été très peu étudié. Des scientifiques de la Florida State University aux Etats-Unis se sont donc interrogés sur le lien entre HTA et troubles névrotiques.
Que sont les troubles névrotiques ou névroses ?
Les névroses ou troubles névrotiques sont un trait de personnalité présent chez les personnes qui éprouvent souvent des émotions négatives, comme l’angoisse, la colère, la peur ou la culpabilité. S’il est communément admis que ce type d’émotions joue sur la santé physique, l’inverse a également été étudié, et plus particulièrement le lien entre hypertension artérielle et développement de ces troubles de l’humeur.
Mesures de la pression artérielle et effets sur le psychisme
Les scientifiques se sont appuyés sur plusieurs ensembles de données contenant de l’ADN extraits d’échantillons de sang, issus principalement de personnes d’origine caucasienne. Ils ont ensuite utilisé une méthode de "randomisation mendélienne", pour examiner l’association entre la pression artérielle (pression artérielle systolique, diastolique, la pression pulsée et l'hypertension artérielle) et quatre états psychologiques : l’anxiété, les symptômes dépressifs, les troubles névrotiques et le bien-être subjectif - à partir de ces données.
Résultat : leur analyse a montré que la pression artérielle diastolique avait des "effets de causalité significatifs" sur les troubles névrotiques mais pas sur l'anxiété, les symptômes dépressifs ou le bien-être subjectif.
Des limites à cette étude
Bien qu’ils estiment qu’il existe un lien entre l’hypertension artérielle et névrose, les chercheurs donnent des limites à leur travail. La première en raison de l’origine génétique des échantillons sanguins utilisés. Comme ils proviennent tous de personnes d’ascendance européenne, les résultats ne peuvent pas être généralisés à tout le monde.
L’autre limite porte sur la question génétique, les chercheurs ne pouvant exclure un lien génétique entre pression artérielle diastolique et névrose. De plus, les personnes atteintes de troubles névrotiques "subissent plus fréquemment un stress élevé, ce qui peut entraîner une élévation de la pression artérielle et des maladies cardiovasculaires" notent les auteurs.
L'avis du Dr Joachim Müllner, psychiatre et membre du comité d'experts de Doctissimo
"Selon moi la mesure avec laquelle il faut lire les résultats de cette étude peut être résumée à cette phrase : "Les individus avec "neuroticisme" font plus souvent l’expérience de stress mental élevé, ce qui peut mener à une élévation de la pression artérielle et des maladies cardio-vasculaires. DONC une prise en charge adaptée de la pression artérielle pourrait réduire le "neuroticisme", qui induit des troubles de l’humeur et des maladies cardiovasculaires."
Il y a, résumé dans cette phrase, tout le flou qui est maintenu tout au long de la rédaction de cet article quant au rapport de cause à conséquence qui existe entre stress et augmentation de la pression artérielle. Ce lien est retrouvé dans les deux sens : avoir un tempérament stressé ou marqué par du "neuroticisme" peut entrainer une augmentation de la pression artérielle, et une augmentation de la pression artérielle peut aboutir à des troubles psychiques et des pathologies cardiovasculaires.
Il faut donc des prises en charge conjointes des troubles psychiques autant que de l'hypertension artérielle".