Afflelou élargit son système de téléconsultations dans les déserts médicaux
Trouver un rendez-vous d’ophtalmologie rapidement peut être assez long selon la région où l’on habite. Pour pallier le manque d’ophtalmologues dans les déserts médicaux, le célèbre opticien Afflelou a lancé il y a quelques mois un service de téléconsultations. Il annonce aujourd’hui sa généralisation à une trentaine d’enseignes de la marque.
C’était il y a huit mois. Le groupe Afflelou annonçait la mise en place d'un service de téléconsultations dans cinq points de vente. Ce service, proposé en lien avec Medadom, le spécialiste en ligne de la télémédecine a donc été testé durant ce laps de temps.
Après cette phase de test, pendant laquelle plus de 2 000 téléconsultations ont été réalisées, le directeur général du groupe, Anthony Afflelou, se félicitait en septembre dernier des résultats lors d'une conférence de presse : "Nous n’avons eu que de bons retours, aussi bien des clients que des franchisés".
Une vingtaine de nouveaux points de vente concernés
Après ce premier succès, c’est tout naturellement que le groupe annonce élargir ce dispositif à 25 points de vente de la marque, qui devraient aussi proposer ce service dès 2022.
Mais les objectifs d’Afflelou sont bien plus élevés, la marque possèdant 200 magasins situés dans des zones de déserts médicaux. Autant de magasins qui pourraient donc potentiellement proposer la prestation.
Via une cabine de téléconsultation
Mais comment cela fonctionne-t-il concrètement ? Les magasins Afflelou en question possèdent une cabine dédiée dans le magasin.
Elles sont équipées d'un auto-réfractomètre, un appareil pour mesurer à distance les caractéristiques optiques de l'œil et détecter myopie, astigmatisme ou hypermétropie. Le patient est libre de choisir son médecin, avec lequel il pourra prendre rendez vous via la plateforme de télémédecine. "Ce service n’implique aucune obligation d’achat par la suite" souligne par ailleurs l’opticien dans son communiqué, pour éviter toute accusation d’incitation commerciale.
Une pratique qui pose question
Interrogé, le Pr Brézin, ophtalmologue à l’hôpital Cochin à Paris et membre du comité d’experts de Doctissimo, se pose différentes questions. "Sur le principe, c’est une bonne chose, différents médecins ont d’ailleurs mis en place des protocoles similaires, très encadrés, de téléconsultations réalisés en lien avec des orthoptistes. Là, je m’interroge : comment un ophtalmologue débordé, aurait-il le temps de voir un patient en téléconsultation ? Les examens sont-ils réalisés par l’opticien-lunetier, dont les compétences ne sont pas issues d’un cursus médical ? Mon inquiétude, c’est que les examens ne soient pas correctement réalisés ou que d’autres pathologies, comme la DMLA ou d’autres maladies de l’oeil soient correctement dépistées. Et que finalement, cela se traduise par une perte de chance pour le patient" s'inquiète le médecin.
Conserver une même qualité des soins
Un sondage, réalisé ce mois ci par Harris pour Afflelou, révèle que "76 % des sondés ont déjà rencontré des difficultés pour prendre rendez-vous rapidement chez un ophtalmologue". Ce chiffre varie selon les régions : il monte à 86 % en zone rurale, atteint 81 % en petite et moyenne agglomération et baisse à 59 % en région parisienne. "Ces difficultés sont réelles" acquiesce le spécialiste, "mais il ne faudrait pas, qu'en raison d'un manque de praticiens, la qualité des soins ne soit pas au rendez-vous pour ces patients" conclut-il.