Les orthoptistes peuvent désormais prescrire lunettes et lentilles
Les compétences des orthoptistes s’étendent depuis le 27 avril, après parution d’un décret. Ils peuvent désormais prescrire lunettes et lentilles directement à leurs patients. Une mesure perfectible, selon le Dr Catherine Albou-Ganem, chirurgien ophtalmologue et membre du comité d'expert de Doctissimo.
C’est une nouveauté qui vient renforcer les compétences des orthoptistes, selon le décret d'application de l'article 68 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022. Leur champ de compétences s’étend et il leur est désormais possible, depuis le 27 avril, de prescrire des lunettes et des lentilles à leurs patients, sans ordonnance préalable.
Des bilans pour les 16-42 ans
Désormais, les orthoptistes "ayant suivi une formation adaptée" peuvent donc réaliser, sans prescription médicale, des bilans visuels et prescrire les équipements adaptés. La tranche d’âge des patients concernés est toutefois limitée et se situe entre 16 ans à 42 ans, pour des personnes ne présentant aucune contre-indication, qui ne sont pour l’heure pas précisées. Autre limite : le délai depuis la dernière consultation. Elle doit avoir eu lieu chez un ophtalmologue "depuis moins de 5 ans" pour les porteurs de lunettes, "moins de trois ans" pour les lentilles.
Aussi, l'orthoptiste pourra aussi réaliser le dépistage de l'amblyopie pour les enfants âgés de 9 à 15 mois, et le dépistage des troubles de la réfraction pour les enfants âgés de 30 mois à 5 ans et orienter les parents vers un spécialiste en cas de trouble.
Une solution au problème de délai d’attente
Les délais sont souvent très longs pour obtenir un rendez-vous chez un médecin ophtalmologue. En ouvrant cette compétence aux orthoptistes, le gouvernement y voit une solution pour diminuer les délais d’attente pour les rendez-vous. Cela permettrait aussi un accès facilité aux personnes vivant dans des territoires moins pourvus en spécialistes.
Retards de diagnostics ?
Si le gouvernement y voit une solution, cet élargissement des compétences peut présenter quelques inconvénients, selon le Dr Catherine Albou-Ganem, chirurgien ophtalmologue à Paris : "Si ces orthoptistes exercent auprès d’ophtalmologues, en cabinet c’est très bien car ils bénéficieront toujours d’un avis médical à proximité. En revanche pour les orthoptistes exerçant seuls, je crains que certains patients soient victimes d’un retard de diagnostic".
Pour limiter les risques, le décret indique que les orthoptistes doivent orienter le patient vers un ophtalmologiste en cas de contre-indication, de baisse d’acuité visuelle forte/brutale ou de "toute autre situation ou pathologie nécessitant une consultation médicale".
Une mesure "pas suffisamment encadrée" ?
En effet, les orthoptistes ne sont pas habilités à réaliser des examens médicaux de l’oeil, seule la prescription de lunettes et de lentilles est possible. "Heureusement, les pathologies graves de l’oeil sont rares, mais je pense qu’il aurait fallu encadrer davantage cette mesure" ajoute la spécialiste, qui se demande si la mesure pourra répondre à la question des déserts médicaux, car rien n’oblige les orthoptistes à s’installer dans une région plutôt qu’une autre.