Une odeur désagréable dans le nez… Et si c’était la cacosmie ?
Trouble de l’odorat relativement rare, la cacosmie peut considérablement altérer la qualité de vie des personnes concernées. Quelles sont les spécificités de ce trouble ? Existe-t-il des solutions efficaces pour y remédier ? Les explications du Dr Nils Morel, médecin ORL à Grenoble.
Cacosmie : une mauvaise odeur dans le nez
Si l’anosmie se manifeste par une altération du sens de l’olfaction, la cacosmie, un autre trouble de l’olfaction, se traduit par la perception persistante d’une odeur désagréable, que celle-ci soit réelle ou imaginaire. Cette affection se distingue toutefois de la phantosmie (ou hallucination olfactive) qui correspond à la perception d’une odeur en l’absence de molécules odorantes.
Relativement rare, cette affection peut revêtir plusieurs causes possibles.
Les causes physiologiques de la cacosmie
Tout d’abord, la mauvaise odeur peut réellement provenir d’un problème physiologique spécifique. "Ainsi, des personnes souffrant de sinusite ou de rhinite chroniques font parfois état de ce trouble", souligne le Dr Nils Morel, médecin ORL. Au niveau des fosses nasales, la présence de polypes ou d’une infection peut occasionner une odeur corporelle désagréable à cet endroit. D’autres pathologies, comme le syndrome du nez vide par exemple, l’ozène (ou rhinite croûteuse) qui touche notamment les consommateurs réguliers de cocaïne, entrainent la survenue d’odeurs fétides nauséabondes, y compris pour l’entourage proche.
Une infection dentaire ou relative aux amygdales constitue également un autre motif pouvant expliquer la survenue d’une odeur désagréable. Par ailleurs, un choc, un traumatisme, ou une lésion cérébrale sont également susceptibles de provoquer des troubles olfactifs de cet ordre. Enfin, le reflux gastro-œsophagien peut également occasionner une mauvaise haleine.
Une atteinte des neurones olfactifs
En l’absence d’une cause organique précise, la cacosmie peut être consécutive à une atteinte neurologique en lien avec une infection virale.
Une cacosmie après une anosmie en lien avec une infection à la Covid-19
Après avoir vécu une période d’anosmie après un infection à la Covid-19, la récupération des perceptions olfactives peut se faire de manière distordue, par la perception de mauvaises odeurs, que celles-ci soient ressenties au niveau corporel ou dans l’environnement proche. Ainsi, l’eau de toilette habituellement perçue comme une fragrance agréable peut devenir franchement écoeurante. "Ces troubles mettent en évidence une atteinte des neurones du bulbe olfactif, consécutive à une infection virale, par exemple", explique le spécialiste.
Comme le goût et l’odorat sont deux sens qui entretiennent entre eux des liens étroits, il n’est pas rare que les troubles de l’odorat aient des répercussions également sur le sens du goût. Si la perception des goûts basiques reste maintenue, celle des saveurs subtiles tend parfois à disparaitre. "Ainsi, une personne qui déguste un yaourt à la fraise reconnaîtra bien qu’il s’agit d’un aliment sucré mais sera incapable de percevoir le goût de fraise", illustre le Dr Morel.
Examen diagnostique en cas de cacosmie supposée
Face à un cas supposé de cacosmie, le médecin généraliste orientera le patient vers un médecin ORL qui proposera un certain nombre d’examens, afin d’établir un diagnostic précis. Le plus souvent, une nasoofibroscopie sera envisagée (examen des fosses nasales et du pharynx à l’aide d’une petite caméra), un scanner, voire une IRM des fosses nasales et de la base du crâne. Le médecin ORL peut aussi proposer des tests d’odorat afin d’évaluer plus précisément l’intensité du trouble olfactif.
Le traitement de la cacosmie
L’efficacité des traitements envisagés varie selon la cause de la cacosmie. S’il s’agit d’une infection, un traitement antibiotique approprié devrait permettre de mettre un terme à la perception des mauvaises odeurs. De même, une prise en charge rigoureuse du reflux gastro-œsophagien devrait là aussi conduire à l’arrêt des troubles olfactifs. "En revanche, lorsque les neurones olfactifs sont touchés, l’aspect réversible de la cacosmie semble plus aléatoire", précise le médecin.
Comme pour l’anosmie, il est possible de mettre en place un programme de rééducation de l’odorat. Dans ce contexte, le recours aux molécules odorantes de certaines huiles essentielles peut alors être utile. "Généralement, les améliorations ont lieu dans l’année qui suit le programme de rééducation. Si, au bout d’un an, le problème persiste, les chances de rémission demeurent minces", ajoute le Dr Morel.
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