Alzheimer : respirer du menthol pourrait stimuler la capacité cognitive
Dans une étude menée pour le moment sur des souris, des chercheurs espagnols ont mis à jour un effet stimulant du menthol sur les capacités cognitives. Une piste à suivre dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer ? L’avis de Laure Martinat naturopathe et experte en phyto-aromathérapie et micronutrition.
Le menthol n’est pas seulement rafraichissant. Dans une nouvelle étude publiée dans Frontiers in Immunology, il aurait aussi le pouvoir, lorsqu’il est inhalé, de moduler le système immunitaire et de prévenir le déclin cognitif couramment observé dans la maladie d'Alzheimer. Voilà en tout cas, les conclusions d’une équipe de chercheurs espagnols travaillant sur les odorants en tant qu’agents thérapeutiques.
Le menthol réduirait l’inflammation
Les chercheurs de l’Université Cima de Navarre ont exposé à plusieurs courtes sessions d’inhalation de menthol des souris saines et des modèles murins de la maladie d'Alzheimer. L’équipe a alors noté plusieurs effets :
- Lors de l'analyse de son mécanisme d'action, ils ont observé qu'en sentant cet arôme, le niveau d'interleukine-1-bêta (IL-1b), une protéine essentielle médiant la réponse inflammatoire, était réduit. Cette réduction des niveaux d'IL-1b a été associée à une amélioration des capacités cognitives chez les souris en bonne santé et celles atteintes de la maladie d'Alzheimer ;
- En inhibant cette protéine avec un médicament approuvé pour le traitement de certaines maladies auto-immunes, ils ont pu améliorer les capacités cognitives de ces souris malades.
Les chercheurs en concluent que “l'inhalation de menthol améliore les capacités cognitives chez les modèles animaux de la maladie d'Alzheimer, empêchant potentiellement le déclin cognitif typique de la maladie.”
“L'exposition au menthol et le blocage des cellules Treg ont provoqué une diminution de l'IL-1b, une protéine qui pourrait être à l'origine du déclin cognitif observé dans ces modèles. De plus, le blocage spécifique de cette protéine avec un médicament utilisé dans le traitement de certaines maladies auto-immunes a également amélioré la capacité cognitive des souris en bonne santé et des souris atteintes de la maladie d'Alzheimer” explique le Dr Juan José Lasarte, auteur de l’étude.
Cette recherche met ainsi en évidence le potentiel des odeurs et des modulateurs immunitaires comme agents thérapeutiques. De plus, elle ouvre la voie au développement de thérapies basées sur la stimulation et l'entraînement du système olfactif pour prévenir ou atténuer les effets de la maladie d'Alzheimer et d'autres maladies du système nerveux central.
Le menthol, connu pour agir sur la sphère cérébrale
Laure Martinat, naturopathe et experte en phyto-aromathérapie et micronutrition, et membre de notre comité d’experts nous explique l’intérêt de ce type de recherches :
“Bien que la neuro inflammation médiée par la molécule interleukine-1-bêta en cause ici soit actuellement questionnée, ce qui est intéressant dans cette étude, est qu’elle met en lumière des propriétés du menthol, une molécule de la famille du monoterpenol (qu’on retrouve dans l’huile essentielle de menthe poivré NDLR). Cette molécule a diverses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et antibactériennes. On sait aussi que ces huiles essentielles ont montré leur efficacité dans la réduction de la fatigue mentale. Elles agissent donc au niveau de la sphère cérébrale et nerveuse”
La thérapie olfactive une voie à développer davantage contre Alzheimer ?
Par conséquent, investir davantage dans la voie olfactive pour des patients touchés par la maladie d’Alzheimer semble pertinent pour notre naturopathe :
“Il faut savoir qu’il y a une communication étroite en anatomie entre le système olfactif et le cerveau et en particulier le cerveau émotionnel. Cela ne veut pas dire que le menthol est une molécule miracle. Mais on peut voir l’intérêt de molécules naturelles, bien tolérées, qui ont une action sur la sphère neuro-physiologique.”
D’autant plus qu’inhalée, cette substance est facile d’utilisation, ne nécessite aucune ingestion, ni application cutanée et se révèle donc particulièrement sécurisée.
“On peut travailler par la voie olfactive des problématiques qui touchent à la sphère cérébrale, comme le sommeil, l’anxiété et les maladies neurodégénérative, cela est d’ailleurs compris et utilisés de plus en plus, dans les Ehpad, les hôpitaux... Il faut encourager ce genre de travaux” conclut-elle.
- Entetien avec Laure Martinat, naturopathe et experte en phyto-aromathérapie et micronutrition
- Casares Noelia, Alfaro María, Cuadrado-Tejedor Mar, Lasarte-Cia Aritz, Navarro Flor, Vivas Isabel, Espelosin María, Cartas-Cejudo Paz, Fernández-Irigoyen Joaquín, Santamaría Enrique, García-Osta Ana, Lasarte Juan José, Improvement of cognitive function in wild-type and Alzheimer´s disease mouse models by the immunomodulatory properties of menthol inhalation or by depletion of T regulatory cells , Frontiers in Immunology , 2023, DOI=10.3389/fimmu.2023.1130044
