Je suis médecin urgentiste et voici ce que vous devez savoir sur les commotions cérébrales
Un choc plus ou moins fort au niveau du crâne peut vite nous faire paniquer. Mais comment savoir si cela est grave et comment réagir ? Le Dr Gérald Kierzek, urgentiste et directeur médical de Doctissimo nous dit ce qu’il faut savoir sur cet accident.
Une commotion cérébrale, ou traumatisme crânien (on n’emploie plus le terme de commotion, nous indique notre expert), est la conséquence d’un choc à la tête, quand le cerveau vient alors taper contre la paroi du crâne. Il n’est pas toujours grave, mais dans sa forme la plus grave, il peut entraîner des problèmes neurologiques durables sur plusieurs mois.
La blessure n’est pas rare, puisqu’on dénombre environ 155 000 traumatismes crâniens par an en France. Malgré tout, cet état reste mystérieux et a vite fait de nous faire paniquer.
Le traumatisme crânien n’a pas forcément de signe visible
Première chose à savoir, le traumatisme crânien peut-être la conséquence de multiples situations : un coup violent sur la tête, une chute, un accident de voiture, une collusion sportive… "Mais contrairement à une plaie, il peut n’y avoir aucun signe visible extérieur" indique le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo.
La situation de départ détermine l’urgence et la gravité pour le médecin
La première chose pour évaluer la gravité du choc repose donc sur ce qu’on appelle la cinétique de circonstance : “C’est-à-dire la violence du choc en question. Si vous êtes tombé du deuxième étage, par exemple, même sans signe, il est fort probable que ce soit plus grave que si vous tombez de votre hauteur et vous devrez passer un scanner. Idem, un choc dans un accident de voiture à plus de 50 km/h, sera plus grave qu’un petit choc à l’arrêt".
La cinétique est donc le premier point qu’évaluent les médecins.
Il existe des symptômes spécifiques aux traumatismes crâniens
L’autre élément qui permet au médecin d’évaluer la gravité, c’est l‘apparition de symptômes éloquents. "Ce sont les maux de tête, les vertiges, les troubles de la vision, la nausée, la confusion, la perte de connaissance, la perte de mémoire... D’autres signes neurologiques peuvent témoigner de la gravité : un écoulement de l’oreille ou une paralysie d’un membre nous feront suspecter une lésion cérébrale".
Il faut consulter en cas de gravité et/ou si les signes se déclarent
Comment réagir alors si un proche, ou son enfant se cogne brutalement la tête ?
Comme vu précédemment, la gravité doit vous faire consulter, ou appeler les secours : si le choc est violent, la chute importante, si la personne montre un ou plusieurs signes neurologiques.
L’attitude sera moins urgente en cas de choc plus bénin et sans symptôme. “En cas de cinétique "faible", on conseille aux proches de surveiller la personne ou l’enfant, pendant 24h. Mais si un signe neurologique, comme une perte de force dans un membre, des vomissements en jet, une forte somnolence, interviennent, il est aussi nécessaire de consulter, même à distance de la chute".
Attention cependant : avoir mal à la tête ou ressentir de la nausée après un choc reste normal, "c’est ce qu’on appelle le contre-coup".
Le traitement dépend de la gravité et des scanners
Une fois devant le médecin, le traumatisme est détecté via un examen clinique (un interrogatoire) et un scanner, ou un IRM, qui peut être amené à être répété dans les 72 heures en cas de doute. "La radio du crâne en revanche ne sert à rien” nous indique notre expert. De là dépendra le traitement.
Si le scanner est normal, une simple surveillance sera demandée, avec la possibilité d’un autre scanner au bout de 48 ou 72 heures si on a un doute sur ce qui se passe. En cas d’hématome, une intervention peut être programmée. En cas d’hématome grave, un coma artificiel peut aussi être envisagé pour protéger le cerveau. "Mais cela dépendra de la gravité".
Il n’y a pas forcément à s’inquiéter pour la suite
Une fois le traumatisme éliminé, ou soigné, il n’y a pas réellement de raison de craindre de reprendre la voiture ou de se remettre au sport, selon notre expert. "En revanche, ce qu’il faut éviter c’est la répétition, la chronicité des micro-traumatismes qui à la longue peuvent impacter la mémoire, comme dans certains sports, le foot ou le rugby".