Une association alerte sur les risques de migration d’implants contraceptifs dans les poumons
Selon l’ANSM, 30 femmes ont déjà été victimes de cet accident rare mais grave en France. L’association AVEP demande aux autorités de santé de mener une enquête sur ce “problème de santé publique”.
Dans un communiqué du 29 octobre dernier, l’association des Victimes d’Embolie Pulmonaire et AVC liés à la contraception hormonale (AVEP) explique avoir été contactée par deux femmes, “l’une en 2017, l’autre en 2019”, victimes d’un “accident grave” : “la migration de leur implant contraceptif dans leur système sanguin puis dans leurs artères pulmonaires entraînant un risque vital”.
Un risque dû à des “insertions profondes ou incorrectes” du dispositif
Les deux patientes ont en effet dû subir “plusieurs chirurgies lourdes” pour retirer ce dispositif, qui se présente sous la forme d’un petit bâtonnet cylindrique à la taille d’une allumette (4 cm de long et 2 mm de diamètre) et qui est posé sous la peau du bras. Elles ont “évité de justesse une ablation partielle du poumon”, assure l’association.
Cette dernière, qui souligne que ce risque dû à des “insertions profondes ou incorrectes” est mentionné sur le descriptif des implants, s’interroge néanmoins : ces accidents “sont-ils le fait d’un problème de pose du dispositif ? Donc d’un problème de formation des praticiens qui peuvent être amenés à poser le dispositif et qui doivent faire l’objet d’une campagne de formation ? [Ou] sont-ils intrinsèques au dispositif ? Et si oui quel est le risque auquel s’exposent les femmes qui y ont recours ?”
Renforcer l’information et la formation des professionnels de santé
En réponse à ce communiqué, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a indiqué à l’AFP que depuis 2016, “30 cas de migration d'implants Nexplanon® dans l'artère pulmonaire ont été signalés”. Suite à ces signalements, “une surveillance renforcée de ce risque au niveau national et européen” ainsi que des “mesures de réduction du risque” ont été mises en place. Outre l’ajout de ce risque sur la notice patient, les professionnels de santé en ont été alertés. Une dizaine de centres d’excellence à la pose et au retrait d’implant contraceptif ont également été créés en France, dans le but d'assurer une meilleure formation de ces derniers.
De son côté, l’AVEP demande aux autorités de santé “de mener une enquête sur ce problème de santé publique, expliquer les causes de ces accidents pour proposer une solution aux femmes, protéger leur santé et leur vie”. L’ANSM explique avoir “initié un arbitrage au niveau européen en juillet 2019 dans l'objectif de mieux sécuriser la pose et le retrait de l'implant. Cette procédure vient de s'achever et va conduire dans les prochaines semaines à un renforcement de l'information et de la formation à la fois des professionnels santé et des patientes vis-à-vis de ce risque.”
200 000 femmes ont recours à l’implant Nexplanon® en France
Des mesures d’autant plus importantes que chaque année en France, 200 000 femmes ont recours à cet implant commercialisé par le laboratoire MSD France. En juillet dernier, des médecins portugais rapportaient dans le BMJ Case Reports un cas de migration similaire. Selon eux, “les facteurs de risque de migration de l’implant contraceptif sont la technique de pose et la pratique d’une activité physique intense après une insertion correcte, qui semble augmenter le risque de migration vasculaire”.