Cadmium : une exposition accrue liée à des infections respiratoires plus sévères
Une nouvelle étude montre que des taux élevés de cadmium dans l'organisme, un métal lourd que l’on retrouve notamment dans la fumée de cigarette et les légumes contaminés, sont associés à une mortalité accrue chez les personnes touchées par la grippe ou d’autres virus respiratoires.
On sait que le cadmium, un métal lourd “généralement présent dans l’environnement à de faibles concentrations” mais qui augmentent avec les activités humaines, a des effets toxiques voire cancérigènes sur les reins, le squelette et l’appareil respiratoire, comme l'explique l’Organisation mondiale de la santé (OMS)1. Des effets qui se précisent grâce aux résultats d’une étude dévoilée le 16 décembre dans la revue Environmental Health Perspectives, qui montre que l’exposition à des taux élevés de cadmium pourrait accroître la sévérité des infections respiratoires.
Jusqu’à 27% de risque de décès en plus chez les patients les plus exposés
A l’origine, les chercheurs de l’université du Michigan aux Etats-Unis souhaitaient évaluer l’impact du cadmium sur la sévérité de la Covid-19. Mais ne disposant pas de données suffisantes sur cette maladie récente, ils se sont concentrés sur la grippe et la pneumonie. Pour ce faire, ils ont analysé les données de près de 16 000 personnes participant à la cohorte National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), de 1988 à 1994 puis de 1999 à 2006. Les taux de cadmium des participants ont été mesurés dans leurs urines pour la première enquête puis dans leur sang pour la seconde.
Résultat : les patients présentant les taux de cadmium les plus élevés avaient 15% de risque en plus de décéder de la grippe ou d’une pneumonie comparés à ceux présentant les taux les plus faibles. Chez les non-fumeurs, cette différence était encore plus marquée : le risque de mortalité était accru de 27% chez les plus exposés comparés aux moins exposés. Comme le note l’OMS, chez l’Homme, l’exposition au cadmium “survient principalement du fait de l’inhalation active et passive de fumée du tabac, de la consommation d’aliments contaminés et de l’inhalation de cadmium par les travailleurs de l’industrie des métaux non ferreux”.
Une association qui mérite d’être explorée avec la Covid-19
Selon les chercheurs, l’exposition au cadmium sur le long terme, même à des niveaux faibles, a un impact négatif sur notre système de défense pulmonaire, ce qui explique la plus grande difficulté à lutter contre les virus respiratoires. “Les associations que nous avons trouvées doivent être vérifiées chez d’autres populations mais aussi étudiées par rapport à l’impact potentiel du cadmium sur la morbidité et la mortalité liées à la Covid-19”, ajoute Howard Hu, auteur principal de l’étude.
Réduire l’exposition au cadmium
“Notre étude suggère que le public en général, à la fois les fumeurs et les non-fumeurs, pourrait tirer profit d’une exposition réduite au cadmium”, explique son collègue Sung Kyun Park. Selon les deux chercheurs, il faut donc continuer à réduire cette exposition en arrêtant de fumer et en remplaçant le plus possible les céréales, le riz, les abats, le soja et certains types de légumes-feuilles - des sources majeures de cadmium - par des légumes crucifères, par exemple.
“En attendant, les épidémiologistes doivent se concentrer sur le problème que nous avons soulevé, affirme Howard Hu. Une surveillance accrue des sources d’exposition au cadmium et des taux de cadmium dans la population générale est nécessaire, et les politiques doivent continuer de travailler à la réduction de la pollution environnementale au cadmium.”