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  • Cancer du poumon : vers un dépistage de masse ?

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    Lecture 4 min.

    Le cancer du poumon est l'un des plus terribles cancers. On compte en France près de 25 000 nouveaux cas chaque année. Améliorer la lutte contre ce fléau passe par un diagnostic plus précoce. Mais les modalités d'un dépistage de masse restent encore à définir.

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    L'augmentation des cancers du poumon est d'autant pluspréoccupante que ce cancer compte parmi les plusredoutables. On estime que plus d'un patient sur deuxdécède dans l'année suivant le diagnostic. A 5ans, le taux de survie n'excède pas 14 % selonl'étude Ligue/Francim (1).

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    Incidence
    (nombre de nouveaux cas par an)

    Survie relative 1

    1990

    2000

    A 1 an

    A 5 ans

    Cancer dupoumon

    22 018

    27 743

    43 %

    14 %

    Résultats de l'étude pour lesprincipaux cancers Francim/Ligue - 27 février 2007

    Si le taux de survie à 5 ans est de 80-85 % pour une tumeurde moins de 15 mm, il chute à 10 à 15 % pour unetumeur plus grosse. D'où l'intérêt dedétecter le plus tôt possible ces tumeurs ! Mais faceà ce cancer, les symptômes cliniques sont troptardifs, et la sensibilité des radiographies trop faible.“Les premiers symptômes (toux, crachats, amaigrissement,douleur thoracique...) apparaissent alors que la tumeur estdéjà à un stade avancé (2). Lesradiographies pulmonaires détectent également destumeurs pour lesquelles la chirurgie n'est plus possible“précise le Dr Jérôme Viguier, responsable duDépartement Dépistage à l'Institut national ducancer.

    Les limites d'un dépistage par scanner

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    En 1999, deux études (3 et 4) confirmentl'intérêt d'un dépistage du cancer du poumonpar “scanner à rayons mous“ (à faibles doses)plutôt que sur une radiographie thoracique. Pour valider unegénéralisation de ce dépistage, une vasteétude européenne baptisée Depiscan aété lancée en 2002 chez les fumeurs de plus de55 ans fumeurs depuis plus de 20 ans. Mais les résultatssont décevants... “Cet examen génère beaucoupde faux positifs : la moitié de ces “gros fumeurs“présentait des nodules, qui après examen serévélaient ne pas être cancéreux... Untel “bruit de fond“ rend donc difficile la mise en place d'undépistage précoce efficace par scanner“déclare le Dr Jérôme Viguier. Dans le cadre du congrès 2009 de la sociétéaméricaine d'oncologie clinique (ASCO 2009), uneétude américaine arrivait aux mêmes conclusions(5) : la proportion de faux positif était de 21 % pour lescanner contre 9 % pour la radio après un examen, de 33 %contre 15 % après deux examens. Un tel dépistage apparaît donc insuffisammentspécifique. Sa mise en place inquièterait inutilementde nombreux patients, multiplierait les examenscomplémentaires et les traitements non nécessaires etdangereux.

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    Les promesses de la génétique

    Fin juin 2009, le Parisien (6) rapporte la mise au point d'un testsanguin de diagnostic du cancer du poumon. Testé sur 300patients et 300 personnes en bonne santé par lasociété de biotechnologie française BioSystemsInternational (7), ce test basé sur la recherche d'anticorpsspécifiques de la tumeur pulmonaire aurait unesensibilité (détection du cancer du poumon) et unespécificité (détection des patientsnon-atteints) supérieures à 80 %. Lors ducongrès de l'ASCO 2008, un test basé sur uneempreinte ARN avait donné des résultats similaires :sensibilité de 75 % et spécificité de 85 % (8)après une étude menée sur 25 000 personnessuivies pendant deux ans. Alors pourquoi ne pas généraliser dèsmaintenant l'un de ces tests ? Parce qu'il ne s'agit là quede résultats préliminaires. “La validation de cestests devra impliquer des tests en aveugle chez des patientsatteints de cancer mais aussi chez des patients atteints d'autrespathologies bronchiques non malignes, puis face à despatients atteints de tumeurs peu évoluées pour savoirsi la sensibilité et la spécificité restentaussi bonnes. Enfin, seule une large étude de cohorteprospective (un suivi de très nombreuses personnes sur lelong terme) pourra apporter une preuve définitive“précise le Dr Jérôme Viguier. Autant dire que ces annonces sont souventprématurées. A la recherche de fonds et d'une rapidemise sur le marché, ces sociétés debiotechnologie essaient de brûler les étapes. C'estaussi le cas d'un autre test prometteur Respiragene.

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    Détecter parmi les fumeurs, ceux qui sont les plus à risque de cancer

    Pourquoi certaines personnes fument toute leur vie sans jamaisdévelopper de cancer alors que d'autres n'ayant jamaisfumé en souffriront ? Comment déterminer ceux quisont les plus à risque ? C'est ce que propose le test de lasociété néozélandaise SynergenzBioScience Lt. A partir d'un échantillon de salive, elle va rechercher desmarqueurs spécifiques de l'ADN (des Single NucleotidePolymorphisms) caractéristiques d'un risque plus importantde cancer du poumon. Cette analyse génétiquecombinée à d'autres facteurs (âge,emphysème, tabagisme, antécédent de cancer dupoumon dans la famille...) permet via un algorithme brevetéde classer les personnes en trois catégories : risquemodéré, élevé et trèsélevé (9). Vendu en Nouvelle-Zélandedès juin 2009, ce test coûte 275 dollarsnéo-zélandais, soit 125 euros. Même si le concept est séduisant, le DrJérôme Viguier reste sceptique quant àl'intérêt d'une telle commercialisation :“L'identification de prédisposition n'a de sens que si elledébouche sur une individualisation de la prévention,sur une stratégie personnalisée de dépistage.Mais pour le cancer du poumon, l'absence d'outil dedépistage efficace rend l'utilité de ce testtrès discutable“. Comment détecter plus rapidement le cancer du poumon ?Plusieurs pistes apparaissent prometteuses, mais aujourd'hui aucunene permet de répondre à cette question. Il y apourtant urgence : les cancers du poumon continuent de progresseren France, en particulier chez les femmes. Entre 2000 et 2005, lecancer du poumon a augmenté chez les femmes de + 4,2 % paran alors qu'on constatait une très légèrebaisse chez les hommes (10).

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    David Bême

    1 - Survie des patients atteints de cancer en France - Etude desregistres du réseau Francim - publié par Springer -février 2007 2 - Rev Mal Respir, 2002, 19, 727-734 - Réalisée parle Collège des Pneumologues des HôpitauxGénéraux (CPHG), cette enquête a mis àcontribution pendant un an près de 150 services depneumologie des centres hospitaliers généraux deFrance, avec le soutien des laboratoires Bristol-Myers Squibb.

    3 - Lancet 1998 Apr 25;351(9111):1242-5 4 - Lancet 1999 Jul 10;354(9173):99-105 5 - Asco 2009 Abstract n°CRA 1502 6 - Le Parisien du 29 juin 2009 7 - BioSystems International lance le développement d'undiagnostic sanguine in vitro du cancer du poumon -Communiqué du 15 mai 2009 8 - ASCO 2008 - Abstract n°1509 9 - Ce score est basé sur une recherche publié dansla revue Public Library of Science, une organisation qui publie lesrecherches scientifiques en libre accès : Young RP, Hopkins RJ, Hay BA, Epton MJ, Mills GD, et al. 2009 LungCancer Susceptibility Model Based on Age, Family History andGenetic Variants. PLoS ONE 4(4): e5302.doi:10.1371/journal.pone.0005302 10 - Estimation de l'incidence et de la mortalité par canceren France de 1980 à 2005

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