Cancer du poumon : un test sanguin peut prédire la réponse au traitement
Une prise de sang pourrait prédire la capacité des patients atteints d'un cancer du poumon à répondre à la chimiothérapie. Cette étude anglaise permet de mieux identifier les mécanismes de résistance aux traitements des tumeurs, afin de pouvoir, demain, mieux les contourner.
Le cancer du poumon toujours redoutable
En France, le cancer du poumon touche 30 000 à 40 000 nouvelles personnes chaque année. On distingue deux grands types de cancers bronchiques : les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC - 85% des cas) et les cancers bronchiques à petites cellules (CBPC - 15% des cas). Dans les deux cas, le pronostic de ce cancer reste souvent sombre. D’où l’importance de la recherche dans ce domaine, de pouvoir détecter plus précocement la tumeur et d’adapter le traitement.
Aujourd’hui, pour identifier le meilleur traitement (et parfois recourir à une thérapie ciblée), un échantillon de la tumeur est nécessaire, ce qui implique une biopsie. Pour le cancer du poumon, la biopsie est parfois difficile car la tumeur est peu accessible, elle ne permet pas toujours de disposer d’un échantillon suffisamment important et est mal vécue par le patient du fait de son caractère invasif.
La biopsie liquide pour adapter le traitement
Depuis plusieurs années, les chercheurs travaillent à une alternative : la biopsie liquide. Elle vise à détecter dans le flux sanguin soit des cellules tumorales circulantes (CTC) – qui sont des cellules tumorales qui quittent la tumeur en vue de former des métastases-, soit des brins d’ADN tumoral issus de la dégradation des cellules cancéreuses. Plusieurs études françaises conduites notamment à l’institut Curie ou à Gustave Roussy ont démontré la faisabilité de cette technique pour rechercher des cibles particulières pour lesquels on dispose d’un traitement ciblé (pour en savoir plus, découvrez notre article "Cancer : une prise de sang aussi efficace qu’une biopsie").
Mais l’étude anglaise présentée aujourd’hui utilise cette technique pour d’autres objectifs : prédire la réponse aux traitements classiques (chimiothérapie) du cancer du poumon à petites cellules, identifier les mutations génétiques de la tumeur qui sont à l’origine d’une mauvaise réponse au traitement ou de la mise en place de résistance.
Mieux prédire la réponse à la chimiothérapie
Aujourd’hui, des scientifiques du Manchester Institute ont recherché chez 31 patients atteints de cancer à petites cellules les cellules tumorales circulantes. Après les avoir analysées avant d’initier le traitement, ils ont pu identifier des mutations génétiques prédictives de la qualité et de la durée de la réponse à la chimiothérapie.
L'équipe a également étudié les changements génétiques qui se sont produits chez les patients qui avaient initialement bien répondu au traitement, avant de rechuter. Dans ce cas, il apparaît que les mutations sont différentes des patients qui, initialement, ne répondent pas bien à la chimiothérapie. Ce qui suggère des mécanismes de résistance au traitement qui sont différents.
Un préalable à la mise au point de nouveaux traitements
Pour le Pr. Caroline Dive, principal auteur de l’étude : "Notre étude révèle comment les échantillons de sang peuvent être utilisés pour prédire la réponse des patients atteints de cancer du poumon aux traitements. Malheureusement, nous avons très peu d'options thérapeutiques pour les patients atteints de cancers à petites cellules, et encore moins pour ceux dont le cancer est résistant à la chimiothérapie. En identifiant ces différences génétiques des tumeurs chez ces patients, nous disposons maintenant d’une base pour mieux comprendre le développement de cette résistance aux médicaments".
Au-delà de leur intérêt clinique immédiat pour choisir les thérapies ciblées par exemple, on voit que la biopsie liquide constitue un domaine de recherche extrêmement important dans la lutte contre les cancers. Elles permettent de mieux comprendre les mécanismes de résistances au traitement, un préalable indispensable à la mise au point de nouvelles molécules plus efficaces.