Cigarette électronique : quels effets sur l’appareil respiratoire?

Bénéfique ou néfaste? Au coeur d’un scandale sanitaire aux Etats-Unis, où une étrange maladie pulmonaire touche les adeptes du vapotage, la cigarette électronique est en pleine tourmente. Considérée il y a quelques semaines encore comme une aide au sevrage tabagique, elle fait aujourd’hui l’objet de multiples suspicions. 

Dans ce contexte, quatre chercheurs américains de quatre Universités ont examiné plus de 5 000 publications scientifiques sur les effets de la cigarette électronique sur l’appareil respiratoire. Leurs conclusions sont parues le 30 septembre dans The British Medical Journal. 

Des effets sur l’appareil respiratoire

Première conclusion de l’étude : l’usage de la cigarette électronique ne serait pas sans effets sur l’appareil respiratoire. Et les premières victimes seraient les plus jeunes. Les auteurs expliquent en effet qu’un certain nombre d’études épidémiologiques ont montré une augmentation des symptômes respiratoires (asthme, bronchite, essoufflement) chez les adolescents vapoteurs. 

D’autres travaux chez l’homme suggèrent des lésions pulmonaires provoquées par l’usage de la cigarette électronique. Des cas de pneumonie lipoïde, comparables à l’épidémie observée aux Etats-Unis, ont également été recensé dans plusieurs articles internationaux.

Des études chez l’animal ont aussi évoqué un risque accru de lésions pulmonaires ainsi que des effets sur le système immunitaire, à l’origine d’une susceptibilité accrue aux infections bactériennes ou virales. L’évaluation en laboratoire de l’effet des composants de liquides de cigarettes électronique (nicotine, propylène glycol / glycérine végétale, arômes) sur des cellules pulmonaires laisse également présager un effet sur l’immunité. 

Les effets sur le long terme encore inconnus

De là à conclure que la cigarette électronique est aussi nocive que la cigarette “classique”? Il est encore trop tôt estiment les auteurs. 

“Des décennies de tabagisme chronique sont nécessaires au développement de maladies pulmonaires telles que le cancer du poumon ou la maladie pulmonaire obstructive chronique. Par conséquent, les effets de l'usage de la cigarette électronique sur la population pourraient ne pas être apparents avant le milieu de ce siècle. Nous concluons que la connaissance actuelle de ces effets est insuffisante pour déterminer si les effets sur la santé respiratoire de la cigarette électronique sont moindres que ceux des produits du tabac combustibles”, notent-ils dans leur étude. 

“Il est intéressant de noter que lorsque nous avons examiné tous les articles publiés sur des cellules pulmonaires primaires ou des poumons de personnes au laboratoire, les seules informations qui ne voyaient pas d'effet du vapotage sur ces cellules étaient des études financées par l'industrie du tabac”, souligne Rob Tarran, chercheur à l’UNC Healthcare et auteur de l’étude, sur le site de l'Université. 

Pour une réglementation plus stricte

S’ils ne militent pas pour son interdiction, les auteurs de l’étude souhaite un meilleur encadrement réglementaire de la cigarette électronique. 

“Nous recommandons que les liquides de cigarette électronique soient réglementés plus rigoureusement, à l’instar des produits pharmaceutiques qui font l’objet d’une série bien définie d’études précliniques et humaines avant leur mise sur le marché”, estime Rob Tarran. Ils mettent également en avant la nécessité d’étudier les éventuels effets néfastes du vapotage sur le développement des poumons chez les adolescents.