Covid-19 : l’Académie de médecine recommande de rendre la vaccination obligatoire
Selon la société savante, la campagne de vaccination contre le Covid-19 va “se heurter à l’obstacle des hésitants et des opposés” aux vaccins, rendant ainsi impossible l’acquisition d’une immunité collective.
Au début de la campagne de vaccination contre le Covid-19, pas question de rendre le vaccin obligatoire : le manque de recul sur son efficacité et le nombre limité de doses ne le permettaient pas. Maintenant que les données scientifiques le prouvent, que la campagne s’accélère mais qu’une part importante de la population reste réticente à l’idée de se faire vacciner, l’Académie de médecine estime que l’obligation serait une bonne idée.
La vaccination “va se heurter à l’obstacle des hésitants et des opposés”
Dans un communiqué paru le 25 mai, elle explique que l’acquisition de l’immunité collective avant la fin de l’été sera difficile pour deux raisons : d’abord, parce que “le dynamisme de la campagne va se heurter à l’obstacle des hésitants et des opposés à la vaccination, l’importance de ces deux catégories récalcitrantes étant actuellement estimée à 15% pour chacune d’elles. […] Les perspectives d’un approvisionnement croissant risquent de placer la France devant le paradoxe d’un excédent de doses face à une couverture vaccinale insuffisante.”
Ensuite, parce que lorsque la vaccination sera étendue aux adolescents et aux enfants - les premières études à ce sujet montrant des résultats favorables -, elle va cette fois se heurter à “la réticence de parents qui ne manqueront pas d’objecter que la Covid-19 est généralement bénigne dans le jeune âge”. Pourtant, la vaccination de ces tranches d’âge de la population est “nécessaire pour l’acquisition d’une immunité collective”, affirme l’institution qui se prononce sur les questions de santé publique et d’éthique médicale.
“L’obligation vaccinale doit maintenant être envisagée”
C’est pourquoi, selon elle, “l’obligation vaccinale doit maintenant être envisagée”. “Avec un taux d’efficacité de 90 à 95% contre les formes graves de la Covid-19, les vaccins actuellement homologués en France contre le SARS-CoV-2 remplissent les conditions qui permettent de recourir à l’obligation vaccinale face à une épidémie redoutable, en particulier socialement, que les mesures individuelles (gestes barrière) et collectives (couvre-feu, confinement) sont incapables de contrôler dans la durée”, avance l’Académie de médecine. Elle ajoute que l’obligation vaccinale “s’impose dans tous les cas où une vaccination efficace permet d’éliminer une maladie répandue, sévère et souvent mortelle”, en prenant l’exemple de la variole, de la diphtérie et du tétanos entre autres.
Plusieurs catégories de la population concernées dans un premier temps
Estimant que “la mise en application d’une telle obligation ne pourra être instaurée que de façon progressive”, elle recommande ainsi de “mettre en œuvre sans tarder le ‘passe vaccinal’” et que la vaccination contre le Covid-19 soit “exigible” dans un premier temps pour “l’exercice de toute activité professionnelle essentielle : conduite du gouvernement et de l’État, enseignement, services de santé, de sécurité et de défense (police, services d’incendie et de secours, armée), services d’approvisionnement de la population (alimentation, eau, énergie, numéraire, matériels informatiques) et autres services de la fonction publique”.
Autres activités professionnelles qui devraient être concernées : celles “comportant un contact avec le public, notamment dans les secteurs du commerce de détail, de la restauration, de l’hôtellerie, des établissements culturels et du sport”. L’Académie de médecine estime également que la vaccination devrait être obligatoire “en préalable à toutes les activités comportant déplacements ou rassemblements, telles que les voyages internationaux, les cures thermales ou les occupations associatives”, “pour tous les donneurs de sang, de tissu ou d’organe”, et “pour les étudiants avant la rentrée universitaire 2021”.
Actuellement, environ 30% de la population française a reçu une première injection d’un vaccin contre le Covid-19. Pour atteindre l’immunité collective, 90% de la population adulte ou 80% de la population totale (enfants inclus) doit être vaccinée.