Li Wenliang, le médecin lanceur d’alerte sur le coronavirus, est décédé
L’ophtalmologue, âgé de 34 ans, s’était attiré les foudres des autorités chinoises qui l’avaient accusé de “propager des rumeurs” à propos de l’épidémie de coronavirus sur les réseaux sociaux. Lui-même infecté, il avait été admis en soins intensifs en janvier avant de succomber à la maladie ce vendredi 7 février.
Un décès qui suscite une vague d’émotion forte en Chine. L'hôpital central de la ville de Wuhan, berceau de l’épidémie de coronavirus, a annoncé ce vendredi 7 février via un communiqué que Li Wenliang, médecin ophtalmologue de 34 ans, avait succombé à la maladie. Il est considéré comme la première personne ayant mis en garde contre l’arrivée du nouveau virus, ce qui lui avait valu des problèmes avec la justice chinoise.
Des messages d’alerte devenus viraux
Li Wenliang présentait des symptômes du coronavirus depuis le 10 janvier. Il a été admis à l’unité de soins intensifs de l’hôpital central de Wuhan deux jours plus tard. Son décès a été prononcé aujourd’hui à 02h58.
Si son décès émeut autant, c’est parce qu’il est considéré comme un “héros” en Chine. Le 30 décembre 2019, il avait informé plusieurs de ses collègues du fait que sept personnes travaillant sur le marché de Wuhan étaient hospitalisées dans l’établissement où il travaillait : elles présentaient des symptômes similaires à ceux du SRAS, maladie elle aussi causée par un coronavirus qui avait déclenché une épidémie particulièrement marquante en 2002-2003.
Ses messages, postés sur l’application WeChat, étaient rapidement devenus viraux sur les réseaux sociaux. Et il savait que la propagation de ces informations n’allait pas plaire au gouvernement chinois : "Quand j'ai vu les images circuler en ligne, j'ai compris que ça devenait hors de contrôle et que je serai probablement puni", avait-il expliqué à CNN.
Accusé puis réhabilité
Le médecin a en effet été accusé quelques jours plus tard par les autorités d’avoir “répandu de fausses rumeurs” et “perturbé gravement l’ordre social”, des faits qu’il a dû reconnaître en signant une lettre. Néanmoins, voyant l’ampleur de l’épidémie, la Cour suprême de Pékin s’est rétractée, et a expliqué le 28 janvier que “l’information délivrée par les huit personnes n’était pas fabriquée de toutes pièces. Ça aurait été une bonne chose que le public se fie à cette rumeur, commence à porter des masques, prenne des mesures pour se protéger et évite le marché aux animaux sauvages de Wuhan”.
Une enquête ouverte
Li Wenliang a été contaminé en soignant des patients. Il était père d’un enfant de 5 ans, et attendait un deuxième bébé avec sa femme. Celle-ci ainsi que ses parents seraient également infectés par le coronavirus. Une enquête a été ouverte pour éclaircir les circonstances de sa mort.
L'épidémie de coronavirus a touché à ce jour plus de 31 000 personnes et entraîné plus de 630 décès. La majorité des personnes décédées étaient âgées et/ou avaient des comorbidités.