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  • Diabète : gare aux complications !

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    Lecture 4 min.

    Maladie longtemps silencieuse, le diabète peut être à l'origine de graves complications : infarctus, cécité, amputations... En France, le dépistage et la prévention de ces troubles sont encore largement insuffisants. Nous faisons le point en compagnie de Jean Mérel et du Pr. Patrick Vexiau de l'Association française des diabétiques.

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    Le coeur, les yeux, les pieds... peuvent indifféremmentêtre touchés par le diabète. En mars 2005, lesnouveaux résultats de l'enquête nationale Entred (1)dresse un bilan de la prévention et du dépistage (2)de ces complications.

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    Un diabétique sur cinq atteint de complicationscardiovasculaires

    Le risque de développer une maladie cardiovasculaire estdoublé chez les personnes diabétiques et prèsd'un malade sur deux décède d'un accidentcardiovasculaire (3). En France, l'ampleur de ces complications estpour le moins inquiétante (2) !

    Entre 17 % et 20 % des diabétiques français ontdéclaré avoir souffert d'un infarctus, d'une anginede poitrine ou d'un accident vasculaire cérébral.L'apparition de telles complications augmente avec l'âge etla durée du diabète. Autre fait inquiétant :93 % des diabétiques interrogés déclarent aumoins un facteur de risque vasculaire autre que le diabète :tabagisme actuel, surpoids (40 %) ou obésité (34 %),hypertension artérielle (76 %),hypercholestérolémie. Pire, 69 % endéclaraient au moins deux et 31 % au moins trois.

    “Ces résultats laissent apparaître lanécessité d'une prévention globale desmaladies cardiovasculaires dans la populationgénérale, et en particulier chez lesdiabétiques. Tous ces paramètres (résistanceà l'insuline, diabète, cholestérol,excès de triglycérides, hypertension...) sontintimement liés, c'est ce que l'on appelle le syndrome X ousyndrome métabolique“ nous précise le Pr. Vexiau,chef de service de diabétologie de l'hôpitalSaint-Louis et secrétaire général del'Association française des diabétiques (AFD).

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    Pour garder un coeur en pleine forme, la meilleure solution restela prévention. Mais il n'est pas toujours facile de faireprendre conscience de la nécessité d'examensréguliers à un malade dépourvu desymptôme... “La prévention ainsi que le bon suivi dutraitement se heurtent au caractère sournois dudiabète (et des autres troubles comme l'hypertension oul'hypercholestérolémie...). La plupart des troublesrestent invisibles jusqu'à la survenue de complications“nous confient de concert le Pr. Vexiau et Jean Mérel,Président de l'Association française desdiabétiques.

    Des dépistages insuffisants

    Parmi les autres organes touchés par ces excès deglycémie : les yeux et les pieds. Le programme nationald'action diabète prévoit de fairebénéficier 80 % des diabétiques d'unesurveillance de ces risques (4). Mais les résultats del'enquête Entred laissent apparaître uneréalité bien moins satisfaisante (2)...

    - La rétinopathiediabétique constitue la première cause decécité dans les pays industrialisés avantl'âge de 65 ans (5). Détectésprécocement par un examen de fond d'oeil, ces troublespeuvent être bien traités par laser. Une fois lescomplications survenues, il est souvent trop tard, d'où lanécessité d'un dépistage annuel. Selonl'enquête Entred, moins d'un patient sur deux abénéficié d'un examen ophtalmologique en 2001! En plus de la nécessaire sensibilisation des patients etdes professionnels de santé, un tel dépistage seheurte à la pénurie d'ophtalmologues. “Nousplaçons beaucoup d'espoir dans lagénéralisation des rétinographes, desappareils de dépistage très simple et utilisables pardes paramédicaux (orthoptistes, infirmiers...).Actuellement, trois régions en sont équipéeset nous espérons une couverture nationale d'ici 2006“ nousprécise Jean Mérel, président de l'AFD,confirmé par le Pr. Vexiau. - La neuropathiepériphérique diabétique constituela première cause d'amputation non traumatique, car elleprédispose aux plaies des pieds en provoquant une perte desensibilité6. Selon les déclarations desdiabétiques, seulement un patient sur cinq abénéficié d'un dépistage adéquatdes lésions des pieds (2). “Beaucoup de travail resteà faire dans ce domaine. Aujourd'hui, les soins podologiquessont pris en charge dans le cadre des réseaux de soinsdiabète. Cela ne représente pour le moment que 18à 20 000 diabétiques, mais c'est un bon début.Par ailleurs, de plus en plus de pédicures-podologues seforment à de tels dépistages (1 000 sur les 9 000 enFrance). Autant d'indices qui nous permettent d'êtreraisonnablement optimistes“ estime Jean Mérel. - La néphropathiediabétique, l'atteinte des reins liée audiabète, devient dramatique. C'est la seule caused'insuffisance rénale terminale conduisant au reinartificiel (dialyse) qui augmente en fréquence actuellementdans tous les pays industrialisés. “Le diagnostic del'atteinte des reins par le dosage de la créatinine sanguineet plus encore par la recherche précoce d'albumine dans lesurines est très largement sous évaluée (moinsde 20 % pour la microalbuminurie)“ précise le Pr.Vexiau.

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    Seuls des dépistages réguliers et un bon suivi dutraitement peuvent permettre d'éviter les complications dudiabète.

    Améliorer le suivi des patients

    Face à ce bilan, il apparaît donc urgentd'améliorer la prise en charge des complications dudiabète. Selon les experts, l'accent doit surtout êtremis sur la médecine générale. En effet, 92 %des diabétiques sont suivis par leurgénéraliste (7). “Chaque médecingénéraliste soigne en moyenne dit-on 10 à 15diabétiques, en fait probablement plus de 20, compte-tenu dunombre de médecins généralistes enactivité et du nombre de diabétiques (plus de 2millions !). Il est le pivot central du suivi, du traitement et dela prévention des complications du diabète. Pourtant,certains examens capitaux sont encore insuffisamment prescrits.C'est particulièrement le cas de l'hémoglobineglycosylée (ou HbA1C ou A1c). Alors que cet examen devraitêtre effectué tous les trois mois, les deux tiers desdiabétiques n'y ont pas régulièrement recours!“ s'emporte Jean Mérel. L'Association française desdiabétiques (AFD), l'Association de langue françaisepour l'étude du diabète et des maladiesmétaboliques (Alfediam) et l'Institut Aventis ontlancé différentes campagnes de sensibilisation autourde cette “boîte noire de la glycémie“. L'HbA1c permetd'évaluer le taux de glucose sur une période de troismois. Sa valeur doit être inférieure à 7 % afinde réduire au mieux les risques de complications.

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    “Mais le généraliste n'est pas le seul recours, lepatient est le premier acteur de sa propre santé.Grâce à la mobilisation de tous (professionnels desanté et diabétiques), il sera demain possible demieux prévenir les complications ou de mieux lesmaîtriser. Au sein de l'AFD, nous travaillons chaque jourà cette prise de conscience“ conclut Jean Mérel.

    Par ailleurs, de nouvelles recommandations concernant le traitementdu diabète devraient paraître êtrepubliées en juin prochain par l'Agence française desécurité sanitaire des produits de santé(Afssaps).

    David Bême

    1 - Afin d'avoir une image représentative desdiabétiques, l'étude Entred (Echantillon nationaltémoin représentatif des personnesdiabétiques) a inclus 10 000 diabétiques tirésau sort. Les premières analyses portant sur lescomplications concernent 3 648 patients et leurs 1 718médecins.

    2 - BEH 2005 ; 12-13 : 45-52

    3 - JAMA 2004;24;292(20):2495-9

    4 - Recommandations de l'Agence nationale d'accréditation ensanté (mars 2000)

    5 - Diabetes Care 2004;27:2540-53

    6 - JAMA 2005;293:217-228

    7 - BEH 2003;49-50:238-9

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    Un site pour en savoir plus:

    L'Association française des diabétiques :http://www.afd.asso.fr/


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