Diarrhée : les médicaments à base d’argile à éviter
Pour leur faible intérêt clinique et leur risque de contamination au plomb, la revue médicale indépendante Prescrire préconise de bannir les médicaments à base d’argile, utilisés notamment dans le traitement symptomatique de la diarrhée aiguë.
“Autant s’en passer”. Les médicaments à base d’argile (diosmectite, attapulgite de Mormoiron, montmorillonite beidellitique, kaolin et hydrotalcite) sont dans le viseur de la revue médicale indépendante Prescrire. La raison? Leur absence “[d’]efficacité tangible” dans le traitement des divers troubles digestifs pour lesquels ils sont indiqués, notamment la diarrhée aiguë, et leur contamination au plomb. En effet, les argiles qu’ils contiennent sont extraites du sol et leurs propriétés adsorbantes les rend susceptibles de contenir certains métaux lourds présents dans l’environnement, dont le plomb. Une contamination qui avait déjà fait réagir l’Agence nationale de sécurité médicament et des produits de santé (ANSM) en 2019.
Plus autorisés chez les enfants de moins de deux ans
Effectivement, en 2018, l’ANSM avait rendu publics les résultats d’une étude sur les mesures de plombémie après prise de diosmectite chez l’adulte. Ces résultats avaient permis d’estimer que les enfants de moins de 2 ans traités pendant 7 jours pourraient être exposés à des taux supérieurs à 50 microgrammes par litre. Un risque, qui a contraint l’Agence en 2019 à demander aux prescripteurs de ne “plus utiliser ces médicaments chez l’enfant de moins de 2 ans, en raison de la possible présence d’infime quantité de plomb, même si le traitement est de courte durée”.
Par contre, l’étude n’a pas permis de mettre en évidence de passage de plomb dans la circulation sanguine chez l'adulte traité pendant 5 semaines. Pour autant, à la vue des trop faibles bénéfices apportés par ces traitements, la revue médicale spécialisée préconise de ne pas courir le risque. “Étant donné l'intérêt très limité de ces médicaments, autant s'en passer quels que soient l'âge et la situation clinique”, conclut-elle.