Grippe aviaire : vaccin à tout prix !
Au 5 avril, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus H5N1 a touché 190 personnes depuis son apparition en 2003 dont 107 sont mortes. Parallèlement, la liste des pays touchés par l'épizootie s'allonge avec plus récemment le Cameroun, le Burkina Faso et le Royaume-Uni. Selon l'OMS, cette propagation au cours des trois derniers mois atteste d'une “situation globale vraiment grave“. Le danger est de voir le virus aviaire muter en une version capable de se transmettre entre humains, une telle éventualité pourrait déboucher sur une pandémie capable de faire plusieurs millions de victimes. Selon une récente étude américaine, la meilleure arme serait d'engager une campagne de vaccination de masse dès l'apparition des premiers cas et ce, même si le vaccin n'a pas une efficacité totale. A ce sujet, le vaccin expérimental développé par Sanofi-Pasteur contre le virus H5N1 a été testé sur 451 personnes par différentes équipes américaines. Résultats : de très fortes doses sont nécessaires pour obtenir une protection suffisante. Seuls 54 % des patients ayant reçu deux injections de 90 mg ont présenté une protection efficace (contre seulement 9 % de ceux ayant reçu des doses de 7,5 mg). Représentant deux à six fois la dose classique d'un vaccin antigrippal, cette particularité rendrait très difficile la possibilité de disposer rapidement d'une quantité suffisante de vaccins (même si l'ajout d'un adjuvant - un composé chimique comme l'hydroxyde d'aluminium - peut potentiellement réduire la dose nécessaire). Rappelons enfin qu'en cas de pandémie, un vaccin efficace ne pourra être produit qu'une fois la souche à l'origine des premiers cas de transmission inter-humaine identifiée.
Source : Communiqués de l'OMS du 5 avril 2006 Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 10.1073/pnas.0601266103 N Engl J Med. 2006 Mar 30;354(13):1343-51.