Hypertension artérielle : optimiser le diagnostic et la prise en charge
En cas d’hypertension artérielle, il convient de rechercher d’abord s’il existe une cause puis, de prendre en charge le patient par paliers, en fonction des chiffres tensionnels et de ses facteurs de risque. Cette méthodologie de bon sens est expliquée dans deux articles parus dans le numéro de septembre 2015 de la revue Prescrire.
D’abord, rechercher la cause de l'hypertension
Maladie très répandue, l’hypertension artérielle (HTA) est, dans la majorité des cas, dite “essentielle“, c’est-à-dire, qu’aucune cause n’a pu être identifiée. Pour autant, dans tous les cas, il est nécessaire de commencer par la recherche d’une ou plusieurs causes face à un patient présentant des chiffres tensionnels élevés.
Pour la revue Prescrire, cette première étape est incontournable car il existe en effet des facteurs ou causes réversibles comme une consommation excessive de sel apportée par l’alimentation, en particulier industrielle, ou encore par des médicaments effervescents. Autres facteurs réversibles sont la consommation d’alcool, le surpoids, la sédentarité ou la consommation excessive de réglisse. Ensuite, il faut questionner le patient sur la prise de médicaments car certains augmentent la pression artérielle, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les corticoïdes, certains dérivés des amphétamines, des antimigraineux, des décongestionnants ou encore des contraceptifs estro-progestatifs .
Toujours prescrire des mesures hygiéno-diététiques
Une fois les causes d’HTA écartées, les mesures non médicamenteuses seront toujours prescrites comme la pratique d’une activité physique modérée (marche soutenue, bicyclette…), la diminution de la consommation de sodium, une perte de poids en cas de surpoids ou d’obésité, la limitation de la consommation d’alcool à maximum un verre standard par jour et une alimentation de type méditerranéen.
Les médicaments lorsqu’ils sont justifiés
Si malgré ces mesures ou lorsqu’un traitement médicamenteux est justifié d’emblée (en fonction du niveau de l’hypertension et des antécédents et facteurs de risque), les auteurs de la revue Prescrire préconisent de privilégier l’ hydrochlorothiazide car “aucune famille d’hypotenseurs n’est plus efficace en premier choix que ce diurétique thiazidique pour réduire la fréquence des accidents coronariens, des insuffisances cardiaques ou des accidents vasculaires cérébraux (AVC)“. Une alternative de premier choix, selon les auteurs, est représentée par les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), en particulier s’il existe un risque de diabète de type 2 , un surpoids ou des antécédents familiaux.
Traiter d’emblée si la pression atteint ou dépasse 160/100 mmHg
Pour les patients présentant une pression artérielle égale ou supérieure à 160/100 mmHg, les auteurs de la revue Prescrire recommandent un traitement médicamenteux d’emblée car son intérêt a été démontré pour éviter les complications de l’HTA. Mais chez ces patients, il convient aussi de chercher des facteurs pouvant faire varier la pression artérielle comme l’émotion, le stress, l’effort physique, le tabac, la consommation de caféine, d’alcool ou des médicaments.
Le traitement médicamenteux vise donc à réduire les complications cardiovasculaires. Pour ces patients, le traitement évite 2 à 3 morts et 2 AVC pour 100 patients traités pendant 4 à 5 ans.
L’objectif tensionnel pour les patients traités consiste à réduire la pression artérielle en dessous de 140/90 mmHg.
Cependant, cette balance bénéfices-risques est moins certaine pour les patients présentant une pression systolique entre 90 et 100 mmHg et une pression diastolique à moins de 90 mmHg.
Cette méthodologie diagnostique et de prise en charge de l’HTA est donc celle qui donnera aux patients les meilleures chances de survie sans complications cardiovasculaires.
Dr Jesus Cardenas
Source : Revue Prescrire No 383, septembre 2015.