Interdiction de fumer dans les lieux publics : le bilan
Le 1er janvier 2008, tous les lieux publics devenaient non-fumeurs en France. Les résultats d'une étude présentés au 2ème congrès national de la Société française de tabacologie montrent les bénéfices de cette mesure.
Cette nouvelle étude arrive alors que l'autorisation de fumer en terrasse est en plein débat. L'Association Droits des Non-Fumeurs (DNF) affirme que celles-ci génèrent une importante pollution qui s'étend à l'établissement dont elles dépendent.
Arrêt du tabac dans les lieux publics : les bénéfices sur la santé Les 2/3 des décès liés au tabagisme passif seraient cardiovasculaires. L'expérience des autres pays européens qui ont interdit de fumer dans les lieux publics a déjà démontré que ce type de mesure se traduit par une diminution significative des accidents coronaires tant chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. Les résultats d'une étude, menée par l'équipe du Pr. Jean-Pierre Cambou à Toulouse, apportent déjà la preuve de l'efficacité en termes de santé publique de cette mesure. Il a suivi 23 barmen non-fumeurs et non-exposés au tabagisme passif à domicile avant la mise en place de l'interdiction de fumer dans les cafés-hôtels-restaurants-discothèques en décembre 2007 et après l'interdiction de fumer en avril 2008. Chez ces hommes, on a mesuré la capacité de l'artère à se dilater (FMD) qui traduit la souplesse des vaisseaux et la qualité de l'endothélium (couche la plus interne des vaisseaux sanguins) qui sont des reflets du risque cardiovasculaire. Une artère bien souple a un FMD élevé, une artère rigide un FMD bas. Les 23 barmen non-fumeurs ont été comparés à 23 témoins non-fumeurs et non-exposés au tabagisme passif. Les résultats ? En décembre 2007, la FMD des barmen non fumeurs exposés au tabagisme passif était très basse. Quatre mois plus tard, après la mise en place de l'interdiction de fumer, on observe une amélioration de 37 % de leur FMD, celle-ci revenant à un niveau voisin de celui de personnes
Interdit de fumer en terrasse ? Certaines associations de lutte contre le tabac, en particulier l'Association Droits des Non-Fumeurs (DNF), souhaitent que le tabac soit également banni des terrasses. Motif : fumer à la terrasse d'un café ou d'un restaurant peut engendrer des pics de pollution très importants à l'intérieur d'un établissement. Des mesures réalisées pendant une période de 8 mois et dans 250 lieux répartis sur la France permettent de démontrer pour DNF que, par rapport à la pollution de la rue, la pollution engendrée par le tabac sur une terrasse est en moyenne 3 fois plus importante et jusqu'à 7 fois pour le cas extrême des terrasses complètement fermées. Ces mesures ont permis de classer les terrasses en 3 catégories distinctes : - La terrasse couverte et quasi-fermée (illégale) qui est en moyenne 6 fois plus polluée que les rues parisiennes et représente un véritable danger pour les salariés ; - Qu'elles soient ouvertes ou pas, les terrasses présentent un niveau de pollution important dès l'instant où elles sont couvertes ; - La terrasse à l'air libre qui reste cependant 50 % plus polluée que la rue. L'étude a aussi permis de démontrer que, même lorsqu'il existe une séparation physique entre l'établissement et sa terrasse, les établissements disposant de terrasses fumeurs ont en moyenne un air 3 fois plus pollué que ceux non fumeurs. Pour toutes ces raisons, l'association DNF demande aux professionnels de l'hôtellerie-restauration “de réagir en supprimant toute communication entre les établissements et les parties de terrasse réservées aux fumeurs, en protégeant l'accès à l'établissement de la fumée de tabac et en considérant que les terrasses ne peuvent pas être exclusivement réservées aux fumeurs“. Les terrasses deviendront-elles non fumeurs ? Anne-Sophie Glover-Bondeau- 3 décembre 2008
Source : Dossier de presse 2ème Congrès national de la Société française de tabacologie, novembre 2008
