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  • Jambes lourdes : les risques du métier

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    Hérédité, grossesse, surpoids... on connaît de mieux en mieux les ennemis de nos jambes. Mais au rang des accusés, ont longtemps été négligées les conditions de travail. Elles représentent pourtant un facteur de risque majeur. Votre profession vous expose-t-elle aux troubles veineux ? Zoom sur des métiers plus risqués qu'on ne le croie !

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    Les douleurs d'origine veineuse affectent 18 millions de personnesen France (57 % des femmes et 26 % des hommes)et les étudesépidémiologiques montrent que 40 % dessalariés seraient touchés. Un chiffre pouvantmême dépasser 80 % pour certaines professions...

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    Des professions “à risque“ ?

    Serveuses, infirmières de bloc opératoires,coiffeuses, blanchisseuses, hôtesses d'accueil... sont desprofessions particulièrement touchées par lestroubles veineux. Des métiers féminins ? Passeulement ! Car la police, la gendarmerie, les services desurveillance, les ouvriers ne sont pas épargnés.Pourautant, peut-on parler de “professions à risque“ ? Dans lecas des maladies veineuses, mieux vaut s'intéresser àla nature même des activités. En effet, rester deboutpendant de longues heures, porter de lourdes charges (10 kg etplus), piétiner, travailler dans une ambiance chaude ethumide, exposent à des risques importants. Et pour cause :la station debout favorise la stase du sang (sous l'effet de lapesanteur) dans les membres inférieurs et lemécanisme physiologique qui permet de ramener le sang aucœur ne peut plus fonctionner correctement.

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    Pour le Pr Pierre Catilina, Directeur de l'Institutd'Hygiène Industrielle et de Médecine du Travail duMassif Central, “la nature du poste de travail intervient toutautant que les autres facteurs de risque (sexe féminin,prédisposition familiale, grossesse, hygiène de vie)dans le développement d'une maladie veineuse“. Selon lui,les fonctions les plus exposées sont celles qui imposent auxsalariés la station debout, immobile ou avecpiétinement. “L'existence d'un tabagisme, l'excès depoids, le manque de pratique régulièred'activité physique, les antécédentsfamiliaux, le fait d'être une femme ainsi que les grossesses,ne jouent qu'une part modérée dans l'apparition d'uneinsuffisance veineuse, contrairement à certains postes detravail contraignant à la position debout prolongéeou dans une atmosphère de chaleur permanente qui contribuentainsi à environ 70 % des cas de maladie veineuse chronique“,poursuit le Professeur Pierre Catilina. Selon lui, il fautconsidérer qu'il y a des professions “qui propulsentl'évolution de la maladie“.

    Ainsi les résultats d'une étude* conduite sur 1065femmes exerçant une activité professionnellepermettent de mieux appréhender cette réalité:

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    - 70,7 % travaillent debout ; - 49,5 sont sédentaires ; - 20,9 % travaillent dans une ambiance à températureélevée ; - 89,3 % ont un métier qui les expose à des facteursde risque d'apparition ou d'aggravation de leur maladie veineuse; - 91,9 % répondent qu'elles ne peuvent pas se soustraireà leurs facteurs de risque professionnels, à moins dechanger de métier...

    Si l'on met classiquement l'accent sur la position deboutprolongée, il ne faut oublier que la station assiseprolongée a également des conséquencesimportantes. En effet, elle favorise le relâchement du tonusmusculaire, entraînant une dilatation des veines.

    De l'importance de la médecine du travail

    Les liens entre maladie veineuse et activitésprofessionnelles sont aujourd'hui bien identifiés,médecins traitant et médecins du travail ne peuventplus les ignorer.

    Afin de bien comprendre le vécu du médecin du travaildevant la maladie veineuse, une enquête a étéréalisée au cours du mois de février 2004,auprès de 1.142 médecins du travail. Et lesrésultats sont éloquents :

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    - 99,3 % des médecins ayant répondu à cetteenquête ont rencontré dans l'annéeécoulée des salariés souffrant d'insuffisanceveineuse ; - 31 % estiment que la maladie veineuse touche entre 5 et 10 % dessalariés qu'ils suivent, 31 % pensent que cetteprévalence est de 10 à 20 % et 18,3 % pensent que lamaladie veineuse touche entre 20 et 30 % des salariés dontils sont responsables ; - Pour un quart des médecins interrogés, lessalariés souffrant d'une insuffisance veineuse encourent unrisque accru d'inaptitude à l'emploi; - 33,8 % des Médecins du travail ont observé unproblème d'aptitude au travail lié à lamaladie veineuse et 50,6 % estiment que les salariés setrouvant dans cette situation pathologique devraientbénéficier de la reconnaissance de la qualitéde travailleur handicapé.

    Pour le Dr Ange Mezzadri, médecin du travail attachéau service de médecine interne à l'HôpitalSaint-Louis, Paris, “c'est donc dans une authentique logique deprévention que le médecin du travail devrait pouvoirse positionner face aux risques d'aggravation de la maladieveineuse induits par certains postes de travail. Mais cetteréflexion reste encore peu répandue et lemédecin du travail peut alors se heurter à desdifficultés d'aménagement du poste de travail, soitque l'image sociale de celui-ci impose la station debout (c'est lecas des hôtesses, par exemple), soit en raison d'uneimpossibilité technique ou mêmeéconomique“. Par ailleurs, la plupart des médecins traitants et commecertains médecins du travail, ignorent les recours offertspar les textes de loi notamment les compensationsfinancières dont dispose l'employeur, en contrepartie d'uneréduction d'activité de son employé ou de lamodification d'une station de travail. Pour le Pr Catilina, “la collaboration entre médecins dutravail et médecins spécialisés peutêtre le moteur d'une stratégie préventivesimple, dans le but d'éviter les complications parfoisredoutables de la maladie veineuse“.

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    Les médecins du travail peuvent donc jouer un rôlepréventif qu'il ne faut pas négliger, sans compterque pour certains salariés, ils sont parfois le seul contactavec le monde médical...

    Aude Maréchaud

    *Allaert FA, Verrieres JL, Urbinelli R. Conséquencesmédico-sociales de l'insuffisance veineuse diurne etnocturne sur la vie quotidienne des femmes. Angéiologie 1998; 50(4) : 55-61.


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