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  • Maladies cardiovasculaires : il est temps d'améliorer la prise en charge des femmes

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    Bien que les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de décès chez les femmes européennes, très peu d'entre-elles les considèrent comme un risque majeur. Cette faible prise de conscience se retrouve également au sein du corps médical. Pour améliorer une situation alarmante, la société européenne de cardiologie s'engage.

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    Une européenne décède toutes les six minutes d'une maladie cardiovasculaire. Malgré ces terribles données, ce fléau est encore trop souvent considéré comme masculin. Une idée fausse dont les femmes sont les victimes à plus d'un titre...

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    Un décès toutes les 6 minutes en Europe Quelle est la maladie qui tue le plus grand nombre de femmes en Europe ? Huit femmes sur dix répondent invariablement le cancer et en particulier le cancer du sein. Et pourtant, la réponse est sans aucun doute les maladies cardiovasculaires. Rien qu'en France, les chiffres ne souffrent d'aucune contestation. En 2001, on a recensé 85 191 décès de femmes par maladies cardiovasculaires contre 10 953 pour le cancer du sein. Loin d'être “une maladie d'hommes“, ces troubles tuent en proportion plus les femmes (55 %) que les hommes (43 %). Trop longtemps, la santé féminine a semblé se cantonner à la zone bikini (utérus, ovaires et seins). Il convient désormais de combattre cette sous-évaluation de l'impact des maladies cardiovasculaires... qui ne se cantonne pas au niveau du grand public. Des améliorations sont tout aussi nécessaires au niveau des professionnels de santé s'agissant du dépistage, du diagnostic, du traitement et du suivi des femmes touchées, ainsi que des facteurs de risque sous-jacents. Deux phénomènes qui ne sont pas sans conséquence.

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    Les bénéfices d'une bonne hygiène de vie Face à ce problème, la société européenne de cardiologie a lancé en mars 2005, avec l'aide des laboratoires Bristol Myers Squibb (1), le projet “Women at Heart“. Le but de ce programme est de mettre en évidence auprès des professionnels de santé et du grand public l'impact croissant et la sous-évaluation des maladies cardiovasculaires chez les femmes mais également de favoriser une meilleure prise en charge. Présidente de ce projet, le Pr. Priori estime que “les femmes pensent qu'elles peuvent fumer ou faire des excès alimentaires parce qu'elles n'ont pas vu leurs semblables avoir des -problèmes- cardiaques avant l'âge de 50 ans. En effet, les problèmes surviennent plus tard chez les femmes, mais ils surviennent. Et il est alors souvent trop tard pour réagir, après des années de vie insuffisamment saines, par exemple trop sédentaires. Les femmes doivent être mieux informées de l'importance qu'il y a à conserver un mode de vie sain pour leur coeur et un dépistage adapté doit être assuré pour détecter les facteurs de risque avant que la maladie cardiaque ne frappe“ (2). Plusieurs travaux présentés dans le cadre du congrès 2005 de la société européenne de cardiologie confirment les bienfaits d'une bonne hygiène de vie, qu'ils s'agissent d'exercice physique (3), de la diminution des facteurs de risque conventionnels (résistance à l'insuline, cholestérol, hypertension, tour de taille) (4), du syndrome métabolique (5)... En identifiant plus clairement les bourreaux du coeur, les femmes doivent, comme les hommes, prendre en main leur santé cardiovasculaire. Il existe cependant quelques spécificités féminines.

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    Différentes face à la maladie Premièrement, les maladies ont tendance à apparaître plus tardivement chez la femme que chez l'homme (en moyenne 5 à 10 ans plus tard). L'hypothèse la plus plausible à ce décalage temporel reste les propriétés cardio-protectrices des estrogènes jusqu'à la ménopause. Cet effet reste aujourd'hui l'objet de débats entre experts, certains estimant que l'essentiel de la protection féminine est lié à son moindre tabagisme. Néanmoins, le risque augmente considérablement après la ménopause et doit être pris en charge avec soin. Pour ce faire, il est important que les médecins soient plus vigilants et mieux formés. Selon le Pr. Priori, “le problème, ce n'est pas tant que les hommes et les femmes soient intrinsèquement différents, mais plutôt qu'il existe des différences spécifiques entre les sexes au niveau des profils symptomatiques et des réponses au traitement, différences qui doivent être convenablement prises en compte“. Et c'est là que le bas blesse...

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    Une incroyable inégalité de prise en charge ! Lors d'accidents cardiovasculaires, les femmes peuvent avoir tendance à présenter plus de symptômes atypiques que les hommes : douleur dans le bas du dos, brûlure dans la poitrine, nausée, fatigue... Ce qui peut rendre le diagnostic plus difficile (6). “Les médecins savent gérer la douleur chez les femmes, explique le Pr. Priori, et les symptômes des maladies cardiaques, mais ils sont moins bien formés quand il s'agit de profils asymptomatiques ou de douleurs atypiques. Il peut arriver qu'ils établissent un diagnostic erroné chez les femmes atteintes de problèmes cardiaques, les symptômes de ces dernières ne suivant pas le schéma masculin auquel ils ont été habitués lors de leur formation“. Mais ces particularités peuvent-elles expliquer seules l'inégalité en matière de prise en charge révélée par une vaste étude européenne Euro Heart Survey (7) ? Se présentant avec des douleurs thoraciques, les femmes ont 20 % de chances en moins de se voir proposer un test d'effort que les hommes et 40 % de moins pour une angiographie inférieure, deux examens qui permettent pourtant de confirmer la maladie et déterminer le type de traitement nécessaire. Enfin pour celles dont le diagnostic a été posé, elles sont moins nombreuses que leurs homologues masculins à recevoir des traitements adéquats. Plus inquiétant encore : après un an de suivi médical, les femmes souffrant d'une angine de poitrine et atteintes de difficultés vasculaires ont deux fois plus de risques de mourir ou d'être victimes d'une crise cardiaque que les hommes présentant les mêmes symptômes ! Face à une telle situation, le travail de la société européenne de cardiologie apparaît considérable. Mais il en faudrait plus pour entamer l'enthousiasme du Pr. Priori “grâce à son réseau présent sur 49 pays, la société européenne de cardiologie dispose d'un potentiel considérable pour faire passer ces messages essentiels. En encourageant chacune des sociétés nationales à assumer cette mission, les chances sont grandes pour que nous puissions accroître la prise de conscience générale vis-à-vis des maladies cardiovasculaires chez les femmes et améliorer la qualité des soins apportés aux femmes victimes de maladies cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux à travers l'Europe“. David Bême 1 - Communiqué de la société européenne de cardiologie du 17 mars 2005

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    2 - Intervention de S.G. Priori - 4 septembre 2005 - ESC congrès 2005

    3 - European Heart Journal 2005; Vol.26(-Abstract Supplement):218 - Abstract 1437

    4 - European Heart Journal 2005; Vol.26(-Abstract Supplement):501 - Poster 3025

    5 - European Heart Journal 2005; Vol.26(-Abstract Supplement):244 - Poster 1640

    6 - BMJ -2005 ;331 :467-68

    7 - Euro Heart Survey of Stable Angina - Esc Congrès 2005


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