Vers une meilleure prédiction de la progression de la maladie d’Alzheimer ?
Selon une équipe de chercheurs américains, l’analyse de la protéine tau plutôt que la protéine ß-amyloïde, toutes deux impliquées dans Alzheimer, aiderait à mieux prédire l’évolution de la maladie pour chaque patient. Une découverte qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles pistes de traitement.
Les quelque 900 000 personnes touchées par la maladie d’Alzheimer en France ont sûrement dû se poser la même question au moment de l’annonce du diagnostic : combien de temps avant que les symptômes n’empirent ? Une interrogation qui reste malheureusement sans réponse, l’évolution de la maladie étant lente et imprévisible. Mais une nouvelle étude américaine parue le 1er janvier 2020 dans la revue Science Translational Medicine pourrait changer la donne.
Plaques amyloïdes et dégénérescence neurofibrillaire
Les chercheurs se sont penchés sur l’un des principaux mécanismes d’apparition de la maladie reconnus scientifiquement : la cascade amyloïde, c’est-à-dire l’accumulation de la protéine ß-amyloïde dans le cerveau, qui entraîne une augmentation de la protéine tau, retrouvée dans les neurones. Ce phénomène provoque, à terme, la mort des cellules nerveuses.
Ils ont ainsi observé les lésions de 32 patients à un stade précoce de la maladie d’Alzheimer via une imagerie par résonance magnétique (IRM) obtenue par tomographie par émission de positons (TEP). Cet examen “permet de mettre en évidence un hypo-métabolisme (c’est-à-dire un fonctionnement moins efficace du cerveau) et de visualiser les lésions cérébrales caractéristiques de la maladie”, c’est-à-dire les plaques amyloïdes et la dégénérescence neurofibrillaire, explique la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer. Des images ont été prises au début de l’étude puis 15 mois plus tard.
Le TEP-tau, particulièrement efficace
Au final, les scientifiques ont pu remarquer que “l’intensité globale du signal du TEP-tau, et non du TEP-amyloïde, a permis de prédire le taux d’atrophie ultérieure”, écrivent-ils. Autrement dit, “on a pu voir que, pour chaque patient, la localisation et la topographie de l'atrophie cérébrale suivaient l'intensité et la topographie de la pathologie Tau au début de l'étude et pas la pathologie amyloïde”, explique au Figaro Renaud La Joie, principal auteur de l’étude.
Selon lui, “cette étude montre que chez des patients au stade clinique précoce de la maladie d'Alzheimer, la quantité et la distribution de la pathologie Tau peuvent prédire la future atrophie du cerveau. L'imagerie Tau pourrait donc avoir une place très importante pour affiner le pronostic des patients”, et ainsi permettre “la conception et l’évaluation de nouvelles thérapies”.